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L’AFRIQUE dans la «capitale mondiale des idées»
Publié le samedi 7 mars 2015  |  Togo News




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Entretien avec Sulaiman Adebowale, fondateur et directeur des Éditions AMALION (Sénégal) au Salon du Livre à Francfort sur le Main Du 08 au 12 octobre 2014 s´ est tenue à Francfort sur le Main en Allemagne la plus grande foire mondiale du livre.


Comme chaque année, plusieurs éditeurs et professionnels du livre du monde entier y ont participé. Qu´ en est-il de la situation des maisons d´ éditions, notamment celles venues de l´ Afrique et de leur représentation lors de cette prestigieuse grande messe qui regroupe la planète des livres en octobre depuis déjà soixante-cinq ans au cœur de l´ Europe?

L´ équipe de Presse et de Communication de l´ organisation GROUP AFRICA DEVELOPMENT basée en Allemagne a pu s´ entretenir avec certains de ces éditeurs africains dont Monsieur Sulaiman Adebowale, chef de la maison des Éditions AMALION au Sénégal.

GRAF-Info: Bonjour Monsieur Adebowale, bienvenue à Francfort sur le Main en Allemagne. Nous sommes actuellement au Stand AMALION de cette foire internationale du livre. Pourriez-vous nous parler d´ AMALION et de ce que vous présentez ?

MR. ADEBOWALE: Depuis 2009, les Éditions AMALION se sont données pour mission la publication et la diffusion du savoir africain pour renforcer la compréhension entre les civilisations de l´ Humanité. Notre but principal est de promouvoir une compréhension plus approfondie de l´ Afrique et de ses peuples. AMALION se veut une plateforme d´ expression à partir de laquelle les auteurs pourront présenter des perspectives alternatives et audacieuses sur les grandes questions qui façonnent notre monde. Nous invitons nos auteurs à aller au-delà des réalités pour explorer de nouveaux sujets et domaines dans la recherche et dans la production de connaissances.

L´ idée principale est la perspective africaine dans un monde des idées globalisé, car il y a d´ innombrables recherches extrêmement intéressantes sur l´Afrique faites ailleurs ou par des Africains mêmes qui ne sont pas diffusées du tout, pas même en Afrique. Nous trouvons également nécessaire de signaler que le concept du savoir africain doit être étudié largement au-delà des milieux scientifiques et universitaires orthodoxes dans lesquels on a l´ habitude de le cadrer. Ce savoir comporte toutes les formes de connaissances qu´ on peut tirer de l´ expérience africaine: Histoire, sociétés, populations, ethnies, tribus, coutumes, rites, normes, valeurs, contes, histoires, cultures, musiques, idées, discours, épistèmes etc. L´ expérience africaine doit appartenir intégralement aux champs de la connaissance mondiale. Notre rôle à AMALION est d´aider les auteurs à contribuer à développer ces champs de connaissances mondiales pour l´ avancement de notre continent et communauté.

Je suis le fondateur et le directeur d´ AMALION: mon rôle principal est de nouer, de gérer et de coordonner les contacts entre les auteurs, les éditeurs, les créateurs, les distributeurs, les librairies et les lecteurs. AMALION propose des monographies, des manuels, des revues et des textes littéraires. Nos publications visent un vaste lectorat de chercheurs, d´ universitaires, d´ étudiants et autres intéressé(e)s qui cherchent à accroître leurs connaissances sur la vie sociale, politique, économique et culturelle en Afrique. Nous publions essentiellement en anglais et en français, mais nous sommes disposés à étudier des propositions de publication en portugais et dans d´ autres langues africaines.

GRAF-Info: À vous entendre, vous ne travaillez pas seul. Y-a-t-il donc d´ autres agences, institutions, organisations ou acteurs avec qui vous travaillez ?

MR. ADEBOWALE: Le métier de l´ édition est global et complexe et nous devons chercher des experts de divers professions ou domaines pour faciliter nos projets: professeurs, chercheurs universitaires, journalistes, poètes, artistes, etc. Nous travaillons aussi notamment avec des agences et organisations ou entreprises de distribution et de diffusion, ainsi qu´ avec des ONG (Organisations Non-Gouvernementales) et, enfin, avec des Instituts de Recherches.

GRAF-Info: Vous êtes Sénégalais, est-ce que vous aviez eu des difficultés pour obtenir un visa compte tenu du problème actuel de l´ Ébola ?

MR. ADEBOWALE: En fait, je ne suis pas Sénégalais, mais Nigérien. Cependant, je vis et travaille déjà depuis dix-huit ans au Sénégal.

GRAF-Info: Disons donc que, de ce point de vue, vous êtes Sénégalais.

MR. ADEBOWALE: Oui, je suis Sénégalais puisque je me sens comme un citoyen sénégalais. Il n´ y avait pas de difficultés par rapport au visa. Tout d´ abord, nous n´ avions eu qu´ un seul cas de la maladie enregistré au Sénégal. Ce cas a été vite isolé et soigné. (Rédaction: un étudiant guinéen est venu au Sénégal pour s´ y soigner et survivre.) Suite aux évènements, il y a eu rapidement une campagne afin de sensibiliser les populations sur les mesures à prendre pour stopper la contagion de la maladie. Et cela a été efficace pour freiner sa propagation au Sénégal.

GRAF-Info: Parlant du livre, trouvez-vous que le livre a encore sa valeur d´antan par rapport au développement expansif de l´ Internet et des médias électroniques ? Est-ce que les gens lisent beaucoup en Afrique?

MR. ADEBOWALE: Vous avez là beaucoup d´éléments dans vos questions. On va essayer de les traiter un par un. D´ abord, est-ce que le livre a encore son importance dans le contexte actuel et l´impact de l´internet? Bien sûr, parlant du livre, on ne parle plus vraiment du “livre“ en tant que tel, mais de son contenu – le sujet, l´histoire, l´ information, les données, les idées et leur organisation, la langue et ses registres, le style etc., bref le titre et le texte dans son intégrale totalité. Quel que soit son format, l´ importance pour la société est que le contenu d´ un livre continue d´être produit, diffusé et disséminé par tous les moyens efficaces disponibles. Ceci concerne et englobe donc également tout document analogique ou numérique que l´ on peut consommer à des endroits ou plateformes fixes ou mobiles. Il est donc vrai que l´ Internet prend une place de plus en plus importante dans la production et la diffusion des livres. Ce qui est valable en Afrique également. Mais, l´essentiel dans tout moyen et média électronique et informatique reste toujours la production, l´édition et la préservation du contenu en matière des thèmes, sujets et titres que le public trouve utiles.

Face à la révolution technologique que nous vivons aujourd´hui, il y a effectivement un enjeu important qui n´existait pas encore dans cette ampleur et ces dimensions-là vingt ou trente ans auparavant. D´ abord, l´enjeu est le temps disponible pour chaque média, pas seulement l´édition du livre en tant que telle. C´ est-à-dire que nous avons une véritable pléthore jamais vue ainsi de médias divers à consommer. De nos jours, il faut savoir s´organiser et gérer le temps à consacrer non seulement aux journaux, magazines et livres en papier, mais encore aux jeux vidéo, à la télévision, au cinéma, à la musique ainsi qu´ aux réseaux sociaux, blogs, etc.

Autrement dit: chaque producteur de médias doit aujourd´hui tenir compte tu temps dont dispose son public. Combien de chaines de télévision y avait-il jadis dans chaque pays? Il faut une certaine éducation et formation ainsi que de l´intérêt et de l´expérience afin de bien déterminer le temps disponible pour lire ou pour regarder la télévision et surfer sur Facebook. Il faut toujours savoir capter ou saisir le lecteur. À notre époque, attirer l´ attention dans le milieu de l´ édition demande encore une réinvention du monde traditionnel de ce secteur. Il nous faut déceler l´esprit d´entreprise, de créativité et d´imagination, d´improvisation, d´amélioration et de systématisation des méthodes expérimentées et avérées gagnantes, qui doivent être renouvelées régulièrement tout en tenant compte aussi de la façon dont notre monde bouge rapidement. Peut-être que nous serons obligés à changer complètement la façon de faire le livre, pas seulement la diffusion. Peut-être nous serons forcés à privilégier certains types de livres que d´autres. Par exemple, déjà en milieu anglophone, l´intérêt s´accroît pour une nouvelle forme du roman, des nouvelles jusqu´au “flash-fiction“, de petits morceaux d´histoires très courtes à dévorer d´un seul coup!

En fait, pour les éditeurs, la question n´ est pas simplement quel format faut-il adopter pour le livre, le format électronique, le livre en papier, les textes avec plus d´informations classiques? Et comme pour toute chose, il y a des avantages et des inconvénients dans le choix du format ou du médium de diffusion. Les évolutions des médias et les technologies de l´ information ont toujours soulevé la question du choix de format pour atteindre le public. Aujourd´hui, les tablettes électroniques offrent d´ innovantes possibilités d´incorporer et d´intégrer des médias audio-visuels dans un livre (illustrations riches en couleurs, sons, musiques, vidéos, images et jeux interactifs etc.) et de diffuser ce produit, en théorie, à travers le monde entier. Néanmoins, comme pour les tablettes de l´ Antiquité, celles électroniques présentent aussi leurs limites, qu´on les minimise ou pas, dans les batteries à charger constamment, dans la taille de la bande compatible ou non aux ouvertures et prises comme dans l´ accès à l´ Internet pas toujours évident, dans les barrières commerciales, politiques et stratégiques qui s´ appliquent aussi au commerce électronique et numérique etc. Par exemple, les distributeurs ou «retailers» des livres électroniques imposent des règles par rapport à la taille du fichier du livre. Les géants dans les technologies électroniques et numériques de l´ information comme Google et Apple, originaires des États-Unis, bastions de la démocratie et de la liberté d´ expression, présentent des produits limités et même censurés en Chine !

D´ autre part, les grandes avancées dans la diffusion électronique qui facilitent l´ accès aux livres sur l´ Afrique, permettant d´acheter des ouvrages disponibles sur les sites Internet et de les recevoir par téléchargement ou par la poste notamment en Allemagne, sont importants pour tout le monde, pas seulement pour les éditeurs. Néanmoins, les commerces en ligne présentent une autre réalité non négligeable: La disparition rapide des petites librairies de quartier et des professionnels qui exercent le métier, voilà le revers de la médaille dans le développement technologique de nos jours. On peut accuser ces derniers d´ être des arriérés qui ne veulent pas changer leurs méthodes et pratiques de diffusion démodées, mais ce n´est pas aussi simple. Pour le moment, la prédominance du commerce électronique chez certains géants dans l´industrie des technologies de l´information n´est pas simplement parce qu´ils sont plus efficaces, mais parce qu´ils profitent parfois de certaines astuces de gestion et de comptabilité utilisées par les sociétés offshores. Voir le débat contre Amazon et l´impôt fiscal en Europe par exemple. Certes, l´économie d´Internet est ´libératrice´ pour l´édition – pensons à l´imprimerie digitale, à l´absence de magasinage exorbitant, à la publicité quasiment facile dans les réseaux sociaux pour présenter des nouvelles sorties etc. Mais la réalité peut être résumée par le rapport de pouvoir qui n´a pas vraiment changé fondamentalement. Les rapports entre les éditeurs, les auteurs et les lecteurs se trouvent sous l´influence récente de l´autoédition, mais celle-ci n´a pas encore changé véritablement le rapport de pouvoir du monde de l´édition et de l´économie mondiale.

Pour revenir à la question préoccupante des éditeurs par rapport aux formats ou aux plateformes à diffusion, c´est assez simple, c´est la rentabilité ! Quel format, type, genre de livre peut offrir les retours sur l´investissement à court, moyen et long terme, qui pourrait rémunérer les écrivains, couvrir la créativité des unités de production et de diffusion, et bien raconter de belles histoires et partager le savoir-faire pertinent à nos communautés, tels sont les enjeux. Pour l´ Afrique, la particularité de l´ ampleur du téléphone en forme de Smartphones par rapport à l´ordinateur ou à la tablette électronique pourrait être plus déterminante dans l´ avenir. Ce qui est rassurant est que, comme nous commençons à éclairer toutes ces questions, nous trouverons petit à petit comment pérenniser le secteur pour continuer à contribuer à la culture de l´ écriture et de l´ information dans nos sociétés multimédiatiques.

GRAF-Info: La foire du livre de Francfort-sur-le-Main en Allemagne est aujourd´hui le plus grand salon du livre dans le monde. Comment aviez-vous pu y participer ? Est-ce que c´est votre toute première participation ?

MR-ADEBOWALE: C´ est la deuxième fois que je participe à la foire des livres de Francfort. Cette fois-ci, j´ai été invité dans le cadre du « Invitation Programme of the Frankfurt Book Fair » soutenu par le German Foreign Office pour aider les éditeurs venant de l´Afrique, de l´Asie, de l´Amérique latine ainsi que de l´Europe de l´Est à participer à ce grand bazar du monde du livre afin qu´ils puissent nouer et consolider des relations et contacts pour améliorer leur travail. Le programme est coordonné par Lit-prom, une organisation œuvrant pour promouvoir la littérature du monde africain, asiatique et d´ Amérique latine en Allemagne.

Comme vous l´avez remarqué, c´est un grand salon où se rencontrent des éditeurs du monde entier. C´est donc une grande opportunité d´être l´un des 25 éditeurs choisis parmi des milliers de demandes pour y participer. Le programme a deux aspects fondamentaux. Il débute par un atelier de trois jours visant à préparer les éditeurs sur ce qu´ils doivent attendre de ce salon du livre particulier pour offrir une plateforme d´échanges sur les sujets et les astuces techniques et managériales de l´industrie du livre. La deuxième partie est évidemment le côté business de Francfort-sur-le-Main en tant que tel: les rencontres, les conférences, les marchés, les expositions, etc. Ce salon est une occasion unique pour rencontrer et échanger les idées, pour connaître comment font les autres et pour se renseigner sur les innovations et nouveautés dans les méthodes de travail et de production ainsi que des stratégies de diffusion et de vente. Il faut savoir comment faire les choses de façon plus rapide et à moindre coût possible. Francfort nous donne toujours envie de bouger un peu plus! Malgré la difficulté du monde de l´édition, avec ses esprits toujours dynamiques et créatifs à la quête de nouveauté, avec Francfort «capitale mondiale des idées» du livre, le monde de l´édition se tient toujours debout!

GRAF-Info: Combien de pays africains sont représentés par des maisons d´édition à cette foire de Francfort?

MR. ADEBOWALE: Il y a environ une dizaine. Pour le programme, nous sommes venus d´Algérie, de la Guinée-Bissau, de l´Égypte, de la Namibie, de l´ Afrique du Sud, du Nigéria et du Sénégal.

GRAF-Info: Merci pour l´interview. Nous vous souhaitons du courage, plein succès, bonne chance et bon retour au Sénégal. Nous souhaiterions rester plus en contact avec vous et espérons recevoir de vous des nouvelles de l´Afrique.

MR. ADEBOWALE: Je vous remercie sincèrement pour cet entretien qui m´a donné l´opportunité de parler avec vous. Je vous encourage vivement pour les projets innovants et pertinents du Group Africa Development pour lesquels je vous souhaite aussi bonne chance.



Interview réalisée par:

Chariffou Ouro-Sama et Clemens Benkel

Équipe de Presse et de Communication de Group Africa Development e.V.

Postfach 110718 60042 Frankfurt/Main

Tel.: 0049 157 74 30 82 61 E-Mail: graf.development@googlemail.com
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