Togo - Division au sein de l’opposition, le départ du PDP de Bassabi Kagbara du CAP 2015, la victoire de Jean-Pierre Fabre à la prochaine présidentielle, voilà les sujets abordés par le premier Vice-président de l’Alliance nationale pour le changement (Anc), Patrick Lawson dans cet entretien qu’il a voulu nous accorder. Lisez plutôt !
Plusieurs de vos amis du CAP 2015 vous lâchent à l’approche de la présidentielle. Qu’en pensez-vous ?
Nous nous avons opté pour la participation à ces élections. Cela fait prendre des positions, des sentiments qui peuvent être des sentiments animés par l’incapacité de pouvoir prendre part à des élections, par des sentiments bassement humains que sont la jalousie, l’animosité, l’envie. Cela fait que aujourd’hui moi je dis que je n’ai pas à délivrer un diplôme de l’opposition à qui que ce soit. Je considère tout simplement qu’il y a des oppositions au Togo. De ces oppositions, il y a ceux qui se sentent capables de transformer la mobilisation populaire en une victoire. Et parmi ceux-là, on cite CAP 2015.
Il y a ceux qui ont choisi la voie du boycott, nouveauté pour ceux-là, puisqu’ils ont été les champions de la participation aux élections à n’importe quelles conditions. Et il y a les troisièmes, c’est-à-dire ceux qui prônent d’empêcher les élections. Ceux-là font passer un message qui nous interpelle et nous intéresse. C’est celui d’empêcher ces élections. S’ils en ont la capacité, ils auront notre soutien. Parce que cela contient en lui-même le germe d’une meilleure organisation des élections, ça veut dire qu’en les empêchant, on peut avoir le temps de mieux les organiser.
Ils ne disent pas tout simplement qu’on va boycotter pour que la communauté nationale et internationale se désintéresse de la lutte du peuple togolais. En revanche, lorsque vous dites que vous allez empêcher les élections, cela veut dire que vous êtes dans quelque chose de positif et que vous voulez vous organiser pour que ces élections n’aient pas lieu. Mais quand vous boycottez des élections qui auront bel et bien lieu, vous n’aurez que vos yeux pour pleurer.
C’est pourquoi nous, sûrs de notre capacité de mobilisation, nous disons que nous mettront tout en œuvre pour mobiliser les populations. Si nous arrivons à les mobiliser, cela veut dire qu’ils iront une fois encore voter en nombre. Ce régime ne représentant plus de 15% des populations. Nous disons que c’est par la fraude, la triche qu’ils arrivent à s’approprier les résultats. Aujourd’hui, la qualité des hommes dans les bureaux de vote est devenue une stratégie fondamentale, d’où le sens de l’appel à financer les bureaux de vote afin que des hommes de qualité y soient.
Que repondez-vous à ceux qui disent que les hommes politiques togolais sont immatures ?
Ce sont les acteurs politiques, et ils voient que les oppositions togolaises, dans leur diversité, n’arrivent pas à dégager une plateforme minimale lorsqu’il s’agit des élections. Personne n’accepte dans le pays de s’aligner derrière l’autre. Des gens lancent des mots d’ordre qu’ ils ne sont pas capables de défendre ce qui ne donne rien. Parce que quand vous lancez un mot d’ordre, cela veut dire que vous avez des hommes et des femmes qui peuvent faire sa promotion. Or, au Togo, chacun se lève et lance un mot d’ordre, cela ne fait qu’affaiblir quelque part l’ensemble de l’opposition. C’est pourquoi ces acteurs disent qu’il y a une immaturité notoire au sein de l’opposition togolaise.
Lorsqu’à un moment donné vous remarquez que quelqu’un sort la tête de l’eau, il vaut mieux aller vers lui en le conseillant, en lui disant tu dois faire ceci pour qu’on soit avec toi. Plutôt que de le combattre comme s’il est devenu l’ennemi au point même d’oublier l’adversaire principal. Voilà l’immaturité de l’opposition togolaise.
Que pensez-vous de la décision de Monsieur Kagbara de quitter CAP 2015 ?
J’ai appris en quelques mois à connaître Monsieur Kagbara. Ce n’est pas un homme de rigueur en ce qui concerne la politique. Il fait la politique comme on vit en famille. Il agit selon ses inspirations du moment. Ce qu’il vient de faire, je continue à penser que, contrairement à ce que les gens disent, il l’a fait une fois encore sans calcul. Si je dis qu’il l’a fait sans calcul, c’est par rapport à d’autres qui le font avec des intentions précises, l’intention de nuire. Je vous donne l’exemple, monsieur Kagbara aurait souhaité être candidat et il est resté dans cette logique quand bien même il n’a pas pu l’être, parce qu’il ne savait même pas la date butoir du dépôt des candidatures.
Donc c’est vous dire qu’aujourd’hui quand on fait le bilan, on n’a pas à s’inquiéter. D’abord, lorsqu’on allait déposer notre candidature, on savait que quelque chose pouvait arriver. Premièrement, Nous n’avons pas comptabilisé le PDP dans les partis qui soutiennent la candidature de Jean-Pierre Fabre. Deuxièmement et de loin la plus importante, c’est que toutes les structures de base de PDP sont restées avec le CAP 2015 et se cherchent même un nouveau cadre pour pouvoir continuer la lutte.
Il en est ainsi également du seul député que compte le PDP, j’ai cité monsieur Targone, d’ailleurs pour qui on doit se battre pour qu’il remonte à Dankpen pour travailler dans cette ville et Bassar. Puisque souvenez-vous on l’a empêché, il est cloué à Lomé, il ne peut pas sortir de Lomé. Nous nous battons actuellement pour qu’il puisse recouvrir sa liberté et remonter chez lui pour faire un travail dans l’intérêt des forces démocratiques.
Vous êtes certains que si les choses se passent bien le candidat du CAP 2015 passerait ?
Lorsque nous avons déposé notre candidature, les gens s’interrogeaient sur ce qui était à la base de notre assurance. Et là, il y avait des spéculations, des gens disaient que c’est pour l’argent que nous voulons aller aux élections. Je crois que nous sommes en train de démontrer que ce sur quoi on se basait c’était notre capacité contre les fraudes un tant soi peu.
On croyait qu’on ne pouvait rien n’en faire. Mais nous avons pu faire la démonstration qu’il y a eu fraude au fichier électoral. Aujourd’hui le ministre de l’Administration territoriale a été obligé de solliciter l’expertise de l’OIF. Ce qui n’est pas suffisant pour nous parce qu’il faut tenir compte de nos termes de référence pour que cette expertise puisse enlever non seulement le dédoublonnage, mais aussi les mineurs qui sont inscrits.
Ce travail a été fait. Aujourd’hui nous pouvons écrire à la Céni pour leur dire que parce qu’ils veulent mettre en veilleuse l’article 57 du code électoral qui dispose de la façon dont on doit réintroduire les omis. Nous avons dit qu’ils n’ont pas le droit de mettre de côté une loi et qu’ils doivent plutôt s’investir pour trouver les voies et moyens pour l’application de cette loi. Ça aussi, c’est un avantage. Et nous allons continuer ainsi sur tout ce qui est fraude pour pouvoir les minorer à défaut de pouvoir les combattre totalement.
Si on avait croisé les bras en disant qu’on allait boycotter, le régime en place allait nous amener encore à quoi ? Ils vont se faire élire, nous faire la promesse que les réformes se feront, aussi bien les réformes constitutionnelles et institutionnelles qu’électorales. Et on va recommencer sans rien changer. Nous nous avons dit que, sûrs du soutien populaire, il faut que nous saisissons cette mobilisation pour changer un tant soi peu un certain nombre de choses dans ce pays. Et si nous gagnons cette élection, les réformes politiques que nous n’avons pu faire avant la tenue de cette élection, ces réformes seront les premiers actes que posera le nouveau chef de l’Etat élu.