Florent Manganèse, pardon Manganawé est un vrai cas au Togo.
Celui-là qui, au détour des circonstances curieuses est revenu aux affaires sous Faure Gnassingbé, est justement en train de monter à nouveau sur ses ergots pour s’affirmer en vrai homme de Pagouda, aussi grincheux qu’agressive.
Il a vite fait d’oublier le scandaleux naufrage de la SNPT, cette vache à lait qu’il a eu la prouesse de mettre en faillite et d’endetter à mort avant d’être évacué de sa direction.
Il a aussi oublié les longues années de calvaire qu’il a passées avant d’être racheté sans doute par complaisance par le Prince qui l’a gaillardement mis à la tête du ministère des enseignements primaire, secondaire et de l’alphabétisation.
Une fois à la tête de ce ministère, c’est encore lui qui, aussi maladroit que malhabile s’était déchaîné en 2013 sur les enseignants en les traitant de tous les noms d’oiseaux allant jusqu’à qualifier certains d’entre eux d’alcooliques qui passent par les rideaux blancs avant d’entrer en classe.
C’était sa manière à l’époque d’intimider les enseignants qui suivaient les mots d’ordre de grève que lançait la Synergie des Travailleurs du Togo.
Ce langage ordurier et particulièrement révoltant n’avait su qu’aggraver la situation et renforcer naturellement le bras de fer entre les travailleurs et le gouvernement.
Aujourd’hui, au moment où les travailleurs sont plus que véhéments et tout à fait exigeants à l’égard du gouvernement pour réclamer ce qui leur avait été promis depuis 2013, Florent Manganawé décide à nouveau de mettre les pieds dans les plats.
Le ministre au teint noir, chauve et assez court, a eu la « géniale » idée d’adresser, cette semaine un courrier qualifié de « confidentiel » aux directeurs régionaux de l’enseignement.
Dans ce courrier, Florent Manganawé demande expressément à ces directeurs régionaux de l’enseignement « d’identifier les personnes potentiellement capables d’exercer le métier d’enseignant ».
Il demande par ailleurs à ces directeurs régionaux de lui produire la liste des enseignants qui ont fait au moins 10 jours de grève, en vue naturellement de procéder à leur remplacement par ceux qui ont été identifiés comme étant « potentiellement capables d’exercer le métier d’enseignant ».
Mais vraiment, le ministre des enseignements primaire, secondaire et de l’alphabétisation a du génie. Son zèle est plutôt frappant.
Malheureusement pour lui, cette lettre qu’il vient à peine d’envoyer et qu’il a cru devoir qualifier de « confidentielle » est déjà à la place publique, bien sûr entre les mains des responsables de la Synergie et partant de tous les enseignants du Togo.
Que va-t-il se passer dans les jours qui suivent entre les enseignants et leur ministre de tutelle ? Bien malin celui qui osera répondre à une telle question.
Mais il y a tout au moins quelques questions à poser à Manganawé : Pense-t-il vraiment que les directeurs régionaux de l’éducation sont avec lui ? Pense-t-il que la secrétaire qui a saisi une telle lettre le soutient ?
Lequel des directeurs ou de ses secrétaires ne bénéficieront pas des dividendes des réclamations que formule la Synergie ?
Pense-t-il sincèrement que ce que l’Etat paye aujourd’hui aux directeurs régionaux de l’éducation est suffisamment conséquent pour que ceux-ci s’alignent d’emblée derrière l’Etat pour faire ces basses besognes que le ministre leur demande ?
L’on a le désagréable sentiment que nos gouvernants sont tombés sur la tête. L’on a vraiment ce sentiment qu’ils sont en déphasage complet avec les réalités actuelles du pays et qu’ils ont une difficulté réelle à prendre le juste pouls du terrain.
Ils n’ont manifestement pas compris qu’à l’heure actuelle, aucun travailleur ne peut encore frémir devant les menaces et les intimidations.
S’ils devraient fléchir, c’est sans doute à la suite de la descente musclée du Premier Ministre au CHR de Lomé où il a proprement savonner les responsables de la Synergie et tenté naturellement de les décrédibiliser !
Si les travailleurs devraient céder, s’aurait été à la suite du communiqué menaçant du gouvernement les avertissant que la grève que cette Synergie lançait était sortie du cadre légal et tous ceux qui s’y aventureraient allaient s’exposer à la rigueur de la Loi !
Si les enseignants, le corps médical et bien d’autres secteurs de l’administration devrait fléchir, c’est à la suite de l’arrestation grossière du surveillant général du lycée technique d’Adidogomé.
Mais si malgré toutes ces gesticulations, les travailleurs sont restés imperturbables, si malgré les opérations de charme et d’explication menées de bout en bout par le Premier Ministre et nombre de ces ministres sur les antennes de la télévision nationale et dans les radios privées de Lomé, rien n’y fut fait, ils doivent au moins tirer les conséquences.
Ils doivent au moins se rendre à l’évidence qu’ils n’ont plus vraiment le pouvoir de décision à l’égard de ces travailleurs qui n’ont fait que remporter les victoires à tous les niveaux et les font courir dans tous les sens comme de vulgaires garçons de rue.
Cette maladroite lettre ainsi que les idées noires qui la sous-tendent risquent justement de mettre le feu aux poudres sinon dans toute l’administration, du moins dans le secteur de l’éducation. Cela est d’ailleurs prévisible à l’égard du niveau de révolte actuelle que l’on perçoit au sein de ce corps enseignant.
Mais le Prince et ses affidés auront-ils l’intelligence et la lucidité de faire marche-arrière pour se rattraper avant qu’il ne soit vraiment tard ? Personne ne saura le dire avant d’avoir vu la suite des évènements !!!