Tout le monde se souvient de l’argumentation primaire que tenaient les courtisans du Prince pour refuser les réformes politiques au Togo.
Elle s’est toujours limitée à l’attaque frontale contre l’ANC qui, à entendre les sbires de Faure Gnassingbé aurait tout fait pour bloquer le processus des réformes au Togo.
Ce raisonnement qui dénote à la fois d’une forme aigue de mauvaise foi et d’une malhonnêté avérée montre à quel point le Prince et sa bande d’amis sont cruels et particulièrement cyniques à l’égard du peuple togolais.
En agissant de la sorte pour finir par ranger les réformes aux calendes grecques, ils ont bien sûr oublié tous les discours antérieurs tenus par le prince lui-même concernant ces réformes.
Ils ont oublié qu’ils étaient aussi en train de donner une force incommensurable à l’ANC qui, en fin des comptes, serait à elle-seule capable d’empêcher Faure Gnassingbé de gouverner ce pays.
Mon Dieu ! Un parti politique, un simple parti politique de l’opposition peut empêcher un pouvoir cinquantenaire de gouverner et de dérouler valablement son programme de société qu’il a dûment élaboré, de bonne foi et ce, malgré tous les leviers que ce pouvoir détient dans ce pays !
Incroyable mais c’est parfaitement ce que les courtisans du Prince ont laissé entendre aux togolais pour justifier le fait que jusqu’à ce jour, les réformes politiques n’ont pas été faites et qui plonge à nouveau le Togo de le spectre d’un retour certain des vieux démons de la division, de l’instabilité politique, des morts au cours des élections etc. Que ceux qui ont les oreilles perdent leur temps à les écouter.
Alors que cette question des réformes politiques n’est pas encore bouclée que le front social bouillonne et exige du Prince le respect de ses propres engagements face aux travailleurs de l’administration publique.
Là aussi, de dilatoire en dilatoire, le pouvoir veut faire croire aux togolais que la synergie des travailleurs du Togo serait en mission commandée qui consisterait à prendre en otage le Togo et donc à empêcher Faure Gnassingbé de gouverner décemment ce pays. Mais dis donc !!!!
Quel est ce Chef de l’Etat qui se montre aussi faible au point d’être constamment vacillé de gauche à droite par de simples citoyens alors que lui-même sait avoir des devoirs sacrés à l’égard de tout le peuple qui est supposé l’avoir élu ?
Aux togolais de juger du niveau de lâcheté de ce dirigeant !
Mais tout compte fait, il suffit, pour bien comprendre cette analyse que nous sommes en train de dérouler, de revenir un peu sur l’argumentation développée par le Premier Ministre lors de sa descente incongrue au CHR de Lomé.
A l’occasion, l’homme a affirmé gaiment que la synergie était en mission de prendre le Togo en otage, que les réclamations de la synergie n’étaient pas fondées. Que le pouvoir du Prince avait fait tellement d’efforts à l’égard du corps médical qu’il n’était plus opportun pour la synergie de réclamer encore des primes.
Que lui, Ahoomey-Zunu comprendrait si la synergie réclamait les conditions de travail, l’aménagement du plateau technique, des équipements collectifs etc.
Ce langage décousu et un peu trop petit a d’ailleurs été relayé et corroboré par Gilbert Bawara sur Kana FM qui a soutenu fermement que son PM avait raison et qu’il avait plutôt tenu un langage du cœur !
Mais pas vrai !!! On est où là ?
Cher Premier Ministre, chers Ministres, comment pouvez-vous vous expliquer que vous consentez des efforts à l’égard des gens, que vous leur accordez des primes directement sur leur revenus mensuels dont ils ne sont pas au courant et que vous-mêmes vous vous sentez à nouveau dans l’urgence d’aller sur le terrain, vers eux pour le leur dire ou le leur rappeler ?
En principe, si les « efforts » en question étaient conséquents, les travailleurs seraient les premiers à en témoigner.
Ici, bizarrement, c’est encore le gouvernement qui se voit obligé d’aller vers les travailleurs pour les informer qu’il leur a consenti des efforts et que ces efforts doivent en principe suffire et que désormais, ce qui serait bien pour eux, serait de réclamer le plateau technique, les équipements collectifs etc.
Autrement dit, les travailleurs sont des gamins qui ne savent pas où ils doivent aller, qui ne savent pas par eux-mêmes ce qui est bien pour eux, et donc le gouvernement se donne pour rôle de leur montrer la voie à suivre….Il n’y a qu’au Togo où l’on peut vivre ce genre de faits surréalistes.
Pire, les ministres du Prince s’affichent pitoyablement sur les écrans de télévision et dans les radios privées pour tenir un autre raisonnement aussi primaire que mince : La question des 280 points que réclame la synergie n’est pas fondée.
Ils affirment béatement avoir fait la démonstration, et ils reprennent d’ailleurs cette démonstration à la place publique, sans retenue ni mesure.
Bon c’est bien. Mais dites-nous chers Ministres, à supposer que cette question des 280 points étaient fondée, le gouvernement les aurait payés aux travailleurs ?
C’est donc parce que cette question des 280 points ne repose pas sur des éléments convaincants que le gouvernement refuse de les payer aux travailleurs quand bien-même il en a les moyens.
Voilà qui illustre parfaitement le niveau de mauvaise foi et de cynisme même de ce régime. Ils ont justement achevé de pousser le curseur de l’indécence à son dernier point.
Le Prince et ses sbires pensent que pour avoir augmenté 20 et 30 milles fcfa sur les salaires des travailleurs en 2013, ils ont fait une prouesse extraordinaire qui devrait amener d’emblée tous les travailleurs togolais à ramper à chacun de leur passage. Pitié !
Et le comble, c’est qu’ils le disent à la place publique oubliant naturellement qu’eux-mêmes ont reconnu par le passé que les salaires des travailleurs togolais ont accusé un retard de 15 ans sur ceux des travailleurs des autres pays de la sous-région.
Ils ont aussi oublié que d’autorité, ils avaient rogné aussi méchamment que cruellement les lignes budgétaires destinées à ces secteurs vitaux que sont la santé et l’éducation. Voilà qui les rattrape aujourd’hui ! La démonstration est faite chiffres à l’appui. Qu’ils s’expliquent….
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce pouvoir est réellement aux abois. Il se confond dans l’incohérence, dans l’absurdité, dans le déraisonnement et des puérilités impardonnables.
Les gars manquent cruellement d’arguments pertinents pour se faire entendre.
Comment peuvent-ils expliquer aux togolais que le budget de la présidence de la République qui absorbe à peine 200 personnes puisse connaître une flambée exponentielle de 14 milliards alors que ceux de l’éducation et de la santé qui comprend les 80% de l’effectif des travailleurs de l’administration publique ont été diminués de près de 25 milliards sur le même budget 2015 ?
Comment peuvent-ils expliquer aux togolais que sur ce même budget 2015, l’Office Togolais des Recettes qui vient à peine d’être créé engrange 17 milliards au moment où, aucun centre ni direction régionale des impôts ne dispose d’ordinateur de travail ? A quoi est destiné cet argent ? Juste à la construction du siège de l’OTR ?
Comment nos gouvernants peuvent-ils nous expliquer qu’ils aient pu trouver 12 milliards en un temps record pour organiser une simulacre d’élection présidentielle alors même que tous les partenaires sont disposées à financer la quasi-totalité de ce montant pour peu que l’on leur donne un minimum de gage de transparence et d’équité d’un tel scrutin ?
Pourquoi Faure Gnassingbé ne veut-il pas de transparence et d’équité dans un tel scrutin si tant il se sait aimé par les togolais ?
Au final, la question pertinente qui vient naturellement à l’esprit de tout togolais est bien de savoir, pour qui le Prince et ses amis sont-ils au pouvoir ? Pour eux-mêmes ou pour le peuple togolais ?
Voilà donc un ministre qui sort une circulaire dont les termes sont aussi clairs et limpides demandant expressément aux directeurs régionaux de l’éducation d’identifier des personnes potentiellement capables d’exercer le métier d’enseignant, et qui dit par ailleurs de recenser tous les enseignants qui ont fait au moins 10 jours de grève, et qui, pris par le feu de la fronde de la synergie, se voit contraint de nier le but visé par une telle circulaire ! Quelle honte !!!!!
Si Florent Manganawé était tant convaincu de la pertinence d’une telle initiative, pourquoi n’a-t-il pas le courage de l’assumer publiquement ? C’est lâche !
Dans tous les cas, le Prince et ses amis ne peuvent pas s’aviser qu’ils pourraient indéfiniment tromper ce peuple et à plus forte raison le monde des travailleurs.
Ceux-ci ont de la matière pour un débat de haut niveau. Ils ont la matière pour les coincer jusque dans leur dernier retranchement. Si nos gouvernants ont des couilles, qu’ils les affrontent sous les regards de tous les togolais.
Quelle honte de se retrouver dans cette posture de dirigeant qui se voit contraint de baisser la tête pour ânonner, balbutier, marmonner juste par panne d’arguments convaincants et pertinents devant le peuple !!!
Ils ont peut-être réussi à dribbler les politiques, la société civile et les partenaires sur cette question des réformes, mais il nous semble que sur cette question sociale, cette marge de fuite en avant est bien loin d’être à leur portée.
Ici, ou bien ils agissent ou alors périssent…..A eux de faire le choix opportun.