Afrique - Les responsables de la sécurité du Sahel-Sahara doivent se préparer à un "réveil" des groupes terroristes, mettent en garde les spécialistes.
Bien que les groupes terroristes semblent avoir "perdu la bataille", le directeur d'un groupe de réflexion algérois a averti que toute baisse de la garde permettra aux jihadistes et à leurs alliés criminels de se remettre des récents coups qui leur ont été portés et de monter de nouvelles attaques.
La menace reste "réelle" dans la région, a expliqué le directeur du Centre africain d'études et de recherches sur le terrorisme (CAERT), Francisco Caetano Jose Madeira, devant les responsables des renseignements originaires de quatorze pays réunis la semaine dernière à Alger.
"Bien que les groupes terroristes semblent être paralysés, nous devons travailler ensemble pour poursuivre notre combat contre le terrorisme", a-t-il affirmé le 23 septembre lors d'une conférence sur la sécurité en Afrique.
L'attaque de Nairobi par des terroristes d'al-Shabaab laisse planer une ombre sur l'évènement et renforce les inquiétudes concernant les mouvements des groupes terroristes alliés à al-Qaida.
"Les terroristes, notamment ceux qui sont affiliés à Mokhtar Belmokhtar et à al-Qaida au Maghreb islamique,... travaillent à recruter des populations dans le désert", a poursuivi le directeur du CAERT.
"Ils s'efforcent maintenant de revitaliser leurs activités après les opérations menées contre le complexe gazier de Tiguentourine en Algérie, à Arlit au Niger et au Nigeria, par le biais de Boko Haram", a-t-il ajouté.
Le responsable de ce groupe de réflexion basé à Alger a demandé aux responsables de la sécurité dans les pays du Sahel de partager leurs informations sur les mouvements des groupes terroristes.
"Le terrorisme est un phénomène mondial qui ne pourra être vaincu que grâce à la coopération internationale", a déclaré l'ambassadeur d'Allemagne en Algérie, Gots Lingerthol, ajoutant que son pays était disposé à fournir aux pays concernés des technologies sophistiquées permettant de suivre les mouvements des groupes terroristes et criminels.
Les participants à cette conférence sont convenus d'élaborer des programmes de formation des responsables des renseignements africains. Ils apprendront à utiliser les technologies modernes dans la lutte contre les groupes terroristes qui se sont associés avec des réseaux criminels en Afrique.
La violence en Libye et l'incapacité de certains pays à surveiller les mouvements des jihadistes à leurs frontières continuent d'inquiéter les responsables africains de la sécurité.
Hamid Boukrouf, représentant de l'Algérie à cette conférence, a regretté l'état de la sécurité aux frontières dans la région.
"Nous voyons que de nombreux terroristes se déplacent normalement le long de la frontière avec la Libye et avec le Mali", a-t-il déclaré. "La bataille contre le terrorisme, le crime organisé et les trafics d'armes a besoin d'un nouveau souffle."
"L'afflux permanent d'armes par la frontière libyenne et la présence de militants à la frontière avec le Mali sont des sujets préoccupants", a ajouté Osman Larjan, autre participant à cette conférence.
Les nombreux nouveaux groupes et les émules de groupes plus anciens rendent encore la situation plus complexe pour les forces de sécurité, a ajouté ce spécialiste.
"C'est devenu une sorte de véritable multinationale cotée en bourse, au sein de laquelle chaque groupe tente de faire monter le cours de ses actions", a-t-il conclu.
