Engagé de manière surprenante à la tête de la sélection nationale togolaise en janvier 2012, Didier Six a finalement jeté l'éponge à quelques semaines du terme de son contrat qui logiquement ne devrait plus être renouvelé. Son arrivée surprise contraste avec son départ plutôt attendu dans tous les milieux du football national. La qualification histoire des Eperviers pour la première fois aux quarts de finale de la CAN en janvier 21013, n'a pas suffit pour empêcher les conflits quasi-permanents entre lui et ses employeurs, ses adjoints, ses joueurs, des journalistes de la presse sportive, voire le public togolais.
Le technicien français ne sera plus sur les bancs des Eperviers en septembre prochain, à l'occasion de la 6ème journée et avant dernier tour des éliminatoires zone Afrique du Mondial 2014. Deux missions principales étaient assignées à Six à la signature de son contrat avec le Togo, le 17 janvier 2012 : qualifier les Eperviers pour la CAN 2013 et les conduire au Mondial 2014. Si la première mission est bien réussie, non seulement par une qualification à la CAN mais surtout avec la participation pour la première fois au quart de finale de cette grande messe du football continental, la seconde mission n'a été qu'un fiasco. Sur cinq matchs du premier tour qualificatif pour le Mondial du Brésil, le Togo se retrouve dernier du groupe I avec un seul point enregistré au compteur. Les Eperviers ont raté presque toutes les rencontres dans le cadre de ces éliminatoires à causes d'un coaching approximatif doublé d'une pseudo-crise dont entraîneur est souvent le principal instigateur.
Un contrat assorti de deals
Avant le début des éliminatoires de la CAN 2013 et du Mondial 2014, le Togo a lancé un appel à candidatures pour le recrutement d'un entraîneur national. Plus d'une vingtaine de dossiers ont été enregistrés. Des entraîneurs expérimentés dont Ratomir Dujkovic (Serbe), Patrice Neveu (Français), Stephen Keshi (Nigérian) et Oscar Arce Fullone (Argentin)...ont manifesté leur désir de mettre leur compétence aux services du Togo, mondialiste en 2006. Devant ce beau monde, c'est le novice Didier Six qui sera retenu. Sur la dernière liste, Six s'est retrouvé en concurrence avec son compatriote Patrice Neveu, l'option du ministère des Sports. Après l'audition en France des deux techniciens par le président de la Fédération ainsi que par le ministère des Sports, c'est finalement le choix de Gabriel Améyi qui passe, malgré que le profil établit pour le recrutement de l'entraîneur plaide complètement contre Didier Six.
Même un cadre de la Direction Technique Nationale française avait émis un avis défavorable à propos du choix de l'ancien international français. Sans officialiser la nomination de M. Six au poste de sélectionneur national, les responsables du football togolais ont indiqué à travers un communiqué, que le technicien français a été sollicité pour encadrer les Eperviers durant le double matches décisifs contre les Bissau-guinéens, les 11 (à Bissau) et 15 novembre (à Lomé).
Le choix de Six a surpris tous les observateurs du football national. Des pistes de deal entre le président de la FTF et le Français sont évoquées. « Didier Six a accepté les désidérata du président que Neveu a refusé. Il lui a promis par exemple la convocation d'un certain nombre de joueurs qui lui sont proches », a expliqué une source proche du BE de la FTF. La même source indiquait que le salaire de Didier ne tomberait pas entièrement dans ses mains, une partie est coupée et partagée entre ceux qui l'ont aidé à prendre les Eperviers.
Les prouesses de Six
Il a réussi l'exploit de qualifier le Togo pour un quart de finale pour la première fois. Logés dans le groupe D de la CAN 2013, groupe qualifié de poule de la « mort », les Eperviers n'ont pourtant pas éprouvé assez de difficultés pour se hisser au second rang derrière la Côte d'Ivoire. Depuis quelques temps, les Eperviers produisent un beau football avec un fond de jeu mieux élaboré. L'équipe du Togo joue sans complexe quelque soit l'adversaire. Ainsi devant la Côte d'Ivoire, l'Algérie et la Tunisie, les adversaires du groupe D, les Eperviers ont tenu leur rang avant de tomber au quart de finale contre le Burkina Faso.
Sur les matches des éliminatoires du Mondial 2014, l'équipe togolaise présente toujours un beau spectacle mais les résultats ne suivent pas. Certains joueurs parlent d'insuffisance de coaching.
Le clash
La lune de miel entre Didier Six et les acteurs du football togolais n'a duré peut être que le temps des éliminatoires de la CAN. Après la qualification pour la CAN, les conflits ont éclaté entre le coach des Eperviers et ses employeurs. Des réclamations de salaires non versés à temps et des primes de logement non restituées ont détérioré le climat convivial entre le Français et les autorités du sport togolais. Le sélectionneur a ainsi bâclé le programme des préparatifs pour la CAN en boycottant des séances d'entraînement.
Une querelle va même éclater entre Améyi et Six autour de la liste des 23 joueurs à envoyer à la CAF. Outre l'intégration de Sheyi Adébayor et Kossi Agassa refusée par l'entraineur malgré une médiation opérée par Faure Gnassingbé, la polémique tournait aussi autour de la substitution d'un des joueurs proches du président par Thomas Dossèvi. Enfin de compte c'est la liste du président qui aura le dessus. Didier Six ne désarme pas et menace à plus reprise de ne pas aller en Afrique du Sud.
Les bons résultats du 1er tour de la CAN, n'a pas empêché les joueurs de désavouer leur entraîneur. Emmanuel Adebayor Sheyi et Didier Six ont ouvertement mis le problème sur la place publique en s'accusant mutuellement. Agassa Kossi a décidé lui aussi de mettre un trait provisoire sur la sélection si elle est coachée par Six. Jonathan Ayité avait aussi taclé le sélectionneur en pleine conférence de presse de la CAN. Sans oublier les propos d'Alaixys Romao sur l'entraîneur. Les adjoints Tchanilé Tchakala et Alain hape ont aussi passé de mauvais moments à la CAN avec l'entraîneur principal des Eperviers. Le président de la fédération et les membres de son bureau n'étaient plus en odeur de sainteté avec le technicien français. Des échanges houleux ont souvent marqué leurs rencontres.
Le divorce consommé
Le dernier désaccord de Didier Six et la FTF porte sur une facture de 100.000 euros réclamée par le sélectionneur des Eperviers. Cette somme correspondrait, dit-il, à des frais de prospection destinés à recruter des joueurs togolais en Europe. Il s'agit d'une demande incompréhensible, explique-t-on à la Fédération. Six a fixé un ultimatum : faute de paiement dans 8 jours, il donnera sa démission. Les 8 jours se sont écoulés il y a longtemps et les membres du BE contactés considèrent Six comme un entraîneur démissionnaire. Après le match contre la Libye le 14 juin écoulé les choses se sont allées très vite et Didier Six pour la première fois va annoncer par voie médiatique sa démission. Selon un membre du BE, un courrier est arrivé à la FTF dans ce sens et leur a été lu.
Le glas sonne pour le passage de Didier Six à la tête des Eperviers. Mais tout comme Jean Thissen, il y a encore des contentieux à régler. Dans cette ambiance trouble comment va se jouer l'avenir de la sélection nationale ?