Togo - Au sujet de l’appel des patriotes: Fulbert Attisso déclare : « L’alternance ne se décrète pas. C’est pour cela nous pensons que, il faudrait qu’il y ait une organisation du côté des forces de l’opposition qui doivent opérer cette alternance »
« L’opposition n’aurait aucune difficulté de remporter les prochaines élections si elle s’organise mieux ou si elle y va en rang serré. » se plait-on à raconter dans certains milieux politiques. De plus en plus les responsables de l’opposition en sont convaincus et cette conviction est aussi partagée par des amoureux de la politique togolaise.
La dernière proposition vient de Fulbert Sassou Atisso, journaliste, écrivain togolais. En collaboration avec d’autres compatriotes, il vient de lancer un nouvel appel qu’il dénomme « Appel des patriotes » pour insuffler le rassemblement de tous ceux qui sont épris de l’alternance au Togo. Aussi reconnait-il en passant, que sa proposition va être difficile à réaliser dans un avenir proche. Il nous explique sa vision de cet appel.
pa-lunion.com : Vous être écrivain, journaliste, il vous arrive de temps en temps en votre qualité d’écrivain de faire des analyses et aujourd’hui, ce qui vous intéresse plus, c’est la question de l’alternance politique. L’alternance, vous y croyez toujours, et vous venez de lancer un appel, dit « appel des patriotes » pour ceux qui aiment le Togo. Avant de parler de cet appel, dites-nous, pourquoi vous croyez toujours à cette alternance au Togo ?
Fulbert Sassou ATTISSO : Alors, je continue à croire à l’alternance parce que, au-delà des résultats qu’on nous sert lorsqu’il y a des processus électoraux, je pense que le peuple aspire à l’alternance. Et j’y crois à l’alternance avec le peuple, parce que pour moi, il n’est pas admissible que la même famille continue de diriger le Togo depuis pratiquement cinquante ans. Il n’est pas normale que le même parti, le RPT (Rassemblement du Peuple Togolais) qui, récemment s’est grappé et est devenu UNIR, dirige le Togo pendant tout le temps. Je pense qu’il y a une sclérose dans la vie même du régime politique. Il n’y a qu’à voir le gouvernement qu’on nous a formé. Ce sont les mêmes qui vont recommencer les mêmes choses, et je crois que, même si on doit reconnaître qu’il y a des efforts qui sont faits, pour moi, pour que ce pays connaisse une vie qualité et redéploye toutes ses énergies et mettre tous ses fils et toutes ses filles au travail, il faut une alternance.
pa-lunion.com : Mais, on ne fait pas l’alternance pour l’alternance ! L’alternance est un mot, mais c’est également un acte par les urnes !
Fulbert Sassou ATTISSO : Tout à fait. L’alternance ne se décrète pas. C’est pour cela nous pensons que, il faudrait qu’il y ait une organisation du côté des forces de l’opposition qui doivent opérer cette alternance. Du moment que le pouvoir a prévenu, « nous n’allons pas vous servir l’alternance sur un plateau d’argent ». Depuis qu’il a eu les dernières élections législatives, l’opposition s’est retrouvée dans une situation très inquiétante. Au lieu de tirer les conséquences de ce qui s’est passé, l’opposition se déchire et c’est pour cela que nous lançons l’appel des patriotes. Et l’appel des patriotes, c’est un message que nous portons à l’endroit de tous ceux qui portent ce pays dans leur cœur.
pa-lunion.com : A faire quoi ?
Fulbert Sassou ATTISSO : Pour qu’ils prennent conscience déjà de la situation, que la situation est délétère, et que si nous ne faisons pas attention, nous allons encore en 2015 vers un nouvel échec de l’opposition et donc une victoire entre guillemet, du parti UNIR. Nous appelons à la fois les élites et les populations à prendre conscience, de ce que, il y a besoin d’une organisation au niveau des forces qui réclament l’alternance.
Fulbert Sassou ATTISSO : L’appel des patriotes, véhicule trois idées forces. La première idée, c’est de dire pour que la tendance soit inversée en 2015, il est important de mettre sur pied ce que nous appelons, la coalition des forces de l’alternance.
pa-lunion.com : C’est-à-dire remettre toutes les forces de l’opposition ensemble.
Fulbert Sassou ATTISSO : Vous avez tout à fait compris. Il ne s’agit non plus de parler de l’union de l’opposition, parce que aujourd’hui, les aspirations de l’alternance sont partout, sont dans le peuple, sont en diaspora, sont même du côté du parti UNIR et également dans l’opposition. Donc, il faut fédérer toutes ces forces pour former et constituer ce que nous appelons, la coalition des forces de l’alternance. Deuxième chose, cette coalition des forces de l’alternance qui est un rassemblement épars et hétéroclite, doit mettre sur pied, ce que nous appelons, le programme commun de la coalition des forces de l’alternance. Et ça, c’est le second concept. Parce que, depuis très longtemps, nous pensons que l’opposition aborde les électeurs avec des thématiques comme l’alternance et le changement qui ne doivent plus être de mise dorénavant. Il faudrait que l’opposition et l’ensemble des forces qui souhaitent l’alternance abordent les électeurs et la population avec un programme. Et dans ce programme commun des forces de l’alternance, ce rassemblement hétéroclite va définir les bases sur lesquelles ils travaillent, et puis ensuite, si jamais il y avait alternance en 2015, alors, quels sont les rôles que vont jouer telle ou telle personne. Voila le troisième concept. Les gens parlent de candidat unique de l’opposition, nous, nous parlons de candidat unique de la coalition des forces de l’alternance.
pa-lunion.com : Quelle est la différence ?
Fulbert Sassou ATTISSO : La différence, c’est que, lorsqu’on parle de candidat unique de l’opposition, cela suppose qu’on restreint celui qu’on va désigner à l’opposition seule. Alors que les aspirations aujourd’hui sont partout. Cela veut dire que le candidat unique peut ne pas être forcement les personnes que l’on croit, il peut venir de la diaspora, il peut venir d’autres horizon. Il s’agit que ce candidat unique à notre avis rassemble un certain nombre de critères qui tiennent compte des réalités politiques très difficiles de notre pays.
pa-lunion.com : Mais Monsieur ATTISSO, un autre candidat du parti au pouvoir et qui gagnent aux élections, est-ce que ça, ce n’est pas une alternance ?
Fulbert Sassou ATTISSO : Non. L’alternance, c’est lorsqu’il ya rotation des partis politiques au pouvoir.
pa-lunion.com : Pas de personne ?
Fulbert Sassou ATTISSO : Pas de personne de même parti. Alors, si demain un autre candidat que Monsieur Faure Gnassingbé, se présente à l’élection présidentielle de 2015 au nom de UNIR, et qu’on s’arrange pour le faire gagner, il est évident qu’il n’y aurait pas d’alternance. L’alternance, c’est lorsque le sommet de l’Etat, ou en tout cas, la majorité au parlement aura été remporté ou gagné par un autre parti que le parti UNIR. C’est pour cela que nous, nous pensons que le candidat unique de la coalition des forces de l’alternance peut venir de partout. Evidement pas du parti UNIR. Peut être, peut venir de ceux qui sont les dessus de ce parti. Ca peut venir de la diaspora, ça peut venir des partis classiques de l’opposition. Mais ce qui est important, c’est que en 2015, il faut que le parti qui va gagner l’élection présidentielle ne soit pas l’éternel parti UNIR.
pa-lunion.com : Qui pensez-vous pourra prendre cette initiative ? Vous, ou quelqu’un d’autre qui va émerger demain, ou quelqu’un de l’opposition ? Jean Pierre FABRE par exemple.
Fulbert Sassou ATTISSO : Nous ne sommes pas naïfs du tout. Nous pensons que notre initiative va être très difficile et très compliqué, parce que, au sein de l’opposition, et bien ! Les personnalités sont animées de beaucoup d’ambitions, ce qui est légitime, de beaucoup d’orgueils, il y a un peu de l’enfermement sur soit même, et c’est pour cela que dans l’appel des patriotes, nous avons préconisé une deuxième phase qui consiste à aller sensibiliser les populations, de manière à les amener elles-mêmes à être celles qui exigent que l’opposition s’organise. Parce que les concepts que nous avons mis sur place, nous savons que ces concepts ne seront jamais une réalité si l’opposition elle-même se décide à faire les choses, ou si nous allons voir les gens pour vouloir les rassembler. Nous pensons qu’il est temps aujourd’hui que le peuple soit informé, que l’on sensibilise le peuple, et que le peuple ne soit pas simplement les électeurs de l’opposition, mais qu’ils soient également, celui qui décide pour que l’opposition se réorganise, s’ouvre à d’autres forces et que, aussi bien le programme commun, le candidat unique, soient des exigences de la population.
pa-lunion.com : Est-ce que vous n’avez pas l’impression de créer dans le désert ?
Fulbert Sassou ATTISSO : Oui, quand vous analyser un peu les choses, vous regardez un peu l’horizon, vous comprenez que, ça va être encore le statut co en 2015 si la situation reste en l’état.
pa-lunion.com : Mais si c’est le cas, pourquoi vous ne faites pas autre chose ? Pourquoi d’autre leaders, si ça doit venir de l’étranger, n’émergent pas pour obliger les autres à s’associer à eux ?
Fulbert Sassou ATTISSO : Ce n’est pas la question forcement de l’émergence de leader qui est la solution. C’est le rassemblement de tout le monde qui est la solution. Parce que vous ne pouvez pas faire seul. Si vous voulez faire seul, il est évident qu’il va y avoir de multiplication des suffrages et des voix pendant la présidentielle, qui ne va pas arranger les forces de l’alternance. C’est pour cela que, même lorsqu’un autre leader aura émergé, il va avoir besoin des autres. C’est dans cela que nous, nous parlons plutôt de rassemblement. De rassemblement qui s’ouvre un peu, parce que, aujourd’hui, l’aspiration à l’alternance n’est pas que dans l’opposition. L’aspiration est partout et nulle part. Donc, il faudra ouvrir cette aspiration à d’autres, faire en sorte qu’on rassemble face au scrutin présidentiel de 2015. Moi je pense que, ce qui peut marcher, c’est lorsque le peuple lui-même aura pris conscience que il ne doit plus rester simplement celui qui élit l’opposition qui, au lendemain des élections revient pour dire, on nous a volé, mais que le peuple soit celui qui décide que l’opposition s’organise mieux, et que, elle puisse être à même de gagner l’élection présidentielle de 2015. Nous pensons que beaucoup de gens vont se retrouver dans nos concepts et nous appelons tous ces gens à nous rejoindre, et nous même, nous prendrons contact avec des gens, afin que, ensemble, nous puissions assurer la matérialisation de ces idées, sans lesquelles l’opposition n’aura pas gain de cause en 2015.
pa-lunion.com : Vous avez dix huit mois pour réaliser votre appel, on attend donc de vous voir à l’œuvre. Monsieur Fulbert SASSOU ATTISSO, merci
Fulbert Sassou ATTISSO : C’est moi qui vous remercie.