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Interview de Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, SG de la CDPA
Publié le mardi 8 octobre 2013  |  Telegramme228


© Savoir News par DR
Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, présidente et coordinateur général de ladite Coalition "Arc-en-ciel"


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Togo - Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, SG de la CDPA : « Si toutes les sommes qu’on avait gaspillées pendant les élections pour acheter des voix …, on s’était abstenu de les utiliser, je suis convaincue qu’on aurait trouvé des solutions aux revendications des enseignants »
Son parti à travers un titre violent de Dr David Ihou, il y a de cela quelques semaines a été jugé comme mort et enterré. Mais reçue dimanche dernier dans l’émission 12-13 de nos confrères de Nana fm, la Secrétaire général par intérim de la CDPA, Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, a balayé en revue l’actualité politique togolaise et a répondu aux questions de l’animateur et des auditeurs sur la vie de son parti et les positions fortes défendues par la Coalition Arc-En-Ciel dont son parti est membre. Du bilan des 23 ans de lutte démocratique au Togo aux états généraux de la CDPA en passant par l’Armée et l’alternance, l’Union de l’opposition, les élections locales, la Coalition des forces de l’alternance de Fulbert Attisso, la présidentielle de 2015, Drame de l’immigration aux larges des côtes européennes et la rupture entre les populations africaines et les dirigeants…, rien n’a été oublié. Dans les lignes qui suivent lisez un extrait de cet entretien.

Bilan des 23 ans de lutte démocratique au Togo
Sur le plan social, les conditions de vie des populations se sont empirées. Et les Togolais, 23 ans après, nous ont donné un message très clair à travers les dernières élections législatives : Si vous voulez que ça change, mettez vous ensemble. Tous ceux qui sont restés chez eux pour nous dire qu’ils n’étaient pas contents, c’est le message qu’ils ont voulu passer. Et qu’on le veuille ou pas, c’est une réalité. Il faut accepter cette réalité là et se mettre rapidement au travail.
L’Armée et l’alternance
Tout ça est lié à cette nécessité pour nous de s’organiser à montrer que nous n’appelons tout simplement de nos vœux l’alternance mais qu’il y a une alternative crédible. Nous représentons une alternative crédible, une alternative qui rassure de par son sens de l’organisation, de par ce qu’il propose comme projet aux Togolais et de par les signaux que nous envoyons à des secteurs entiers, des corps de la population, des segments de la population togolaise et à certains corps parmi lesquels l’Armée. Le problème, il s’agit au fond de montrer que nous sommes prêts à gérer ce pays et nous avons une organisation, nous avons prévu des solutions qui rassurent.

Union de l’opposition
Qu’on y croit où qu’on n’y croit pas, on est obligé d’y croire finalement. Le problème, c’est qu’on n’a pas le choix. Maintenant, qu’il y ait des tensions, des désaccords entre responsables de l’opposition, c’est quelque chose de tout à fait dommageable. On ne peut pas s’en prévaloir pour dire il n’y aura plus jamais d’union. La question est de savoir pourquoi nous nous sommes engagés en politique. Est-ce que nous tenons véritablement à sortir ce pays de l’ornière ? Si oui, eh bien nous pouvons avoir des états d’âme passagers mais il faut rapidement les abandonner et aller à l’essentiel. Ce n’est pas parce qu’on aura à exprimer son coup de gueule un jour sur les médias à propos d’un responsable, un collègue de l’opposition qu’on ne pourra plus se voir avec ce collègue pour parler de choses sérieuses et d’affaires qui concernent notre pays. Donc cette union de l’opposition, il faut y croire, moi j’y crois et je pense que c’est quelque chose qui nous interpelle tous.

Les élections locales
Les élections locales constituent une priorité et d’ailleurs Arc-En-Ciel n’a pas manqué de le dire la dernière fois qu’une délégation a été reçue par le PM pour les consultations pour la formation du gouvernement. Nous avions dit que nous ne sommes pas intéressés par cette chose là, par contre, nous avons saisi cette opportunité pour rappeler la nécessité d’organiser les élections locales comme on s’y était engagé lors des discussions qui ont précédé les élections législatives. C’était clair que les élections locales allaient suivre et normalement elles devraient intervenir avant la fin de l’année. Donc nous ne raterons aucune occasion pour demander la tenue de ces élections locales. Que ce soit au niveau du gouvernement ou au niveau des partenaires du Togo et au jour d’aujourd’hui on sait qu’il y a des partenaires qui ont compris eux aussi l’importance de ces élections locales, et qui sont prêts à les financer. Donc il n’y a vraiment pas de raison qu’elles n’aient pas lieu. Et vous savez, nous y tenons parce que ce sont ces élections locales qui vont permettre véritablement de mettre en place des gens, des élus dont le souci sera au quotidien travailler à améliorer les conditions de vie et de travail des populations. Et c’est par là que nous commencerons à travailler sérieusement pour développer ce pays et sortir les Togolais de la pauvreté.

Coalition des forces de l’alternance de Fulbert Attisso
Quand je me suis exprimée, ce n’est pas moi qu’on devra convaincre de la nécessité pour cette opposition là de s’unir. C’est depuis 92, que la CDPA répète la même chose et nous avons même dit qu’il nous faut nécessairement une transition. Et cette transition, que nous avons ratée au lendemain de la Conférence nationale souveraine. Donc il nous faut la reprendre.il faut véritablement aujourd’hui qu’il y ait une union de l’opposition pour s’organiser, arriver à provoquer l’alternance, et mettre en place une transition au cours de laquelle nous allons redémarrer véritablement ce pays.

Pourquoi mettre ce pays à feu ?
Pourquoi pense-t-on qu’on veut mettre ce pays à feu ? Est-ce que réaliser l’alternance, c’est nécessairement mettre le pays à feu ? Mais pourquoi la démocratie n’est pas synonyme de violence, au contraire. Mais nous dans tous les cas, ce n’est pas dans nos intentions de mettre ce pays à feu. Tout ce pour quoi nous travaillons, c’est qu’il y ait une démocratie vraie, pas une démocratie de façade.

2015, que va-t-il se passer ?
Ce que nous souhaitons, c’est que le message de l’action unitaire qui commence à convaincre de plus en plus d’acteurs, que ce message là prenne vraiment et que très rapidement, nous puissions mettre en place ce cadre, cette organisation et que nous allions sur le terrain pour faire du travail, pas seulement à Lomé mais un peu partout, expliquer ce que nous voulons faire aux populations, les mobiliser de manière à ce que en 2015, l’alternance puisse se faire. Qu’elle puisse se faire dans la paix, parce que vous verrez que si on arrive à s’organiser, il est sûr que le projet de société commun qui va sortir de cette organisation, c’est quelque chose qui rassurera du moins tout le monde. Même ceux qui dans l’ombre ont peur de cette alternance là. De sorte que tout pourra se passer dans la paix. C’est ce que je souhaite véritablement pour mon pays. Et je ne peux pas me résoudre à croire que ce soit tard.

Pourquoi accuser ce régime au lieu de le faire face à la réalité, prendre conscience et sauver le Togo ?
Je ne comprends pas comment on pourrait discuter de la situation du Togo, des perspectives de changement démocratique sans évoquer les résistances qui viennent du régime. Nous n’accusons pas le régime. Nous critiquons le régime en souhaitant que ce régime nous comprenne, qu’il nous entende et qu’il laisse le jeu se faire. Parce que je suis convaincu que même au sein du régime, des Togolais comprennent qu’il faut qu’on aille de l’avant. Il faut sauter le pas, il faut faire ce saut qualitatif vers une démocratie qui sera vraiment génératrice de bien-être des populations.

Note à la démocratie togolaise
Je donnerai peut-être 5 / 20. Sur l’échelle de 10. Il y a beaucoup d’illusions dans ce que nous faisons, dans ce que nous voulons montrer à la face du monde. Les Togolais eux-même savent ce qu’ils veulent. Ils savent que la véritable démocratie, on ne l’a pas encore. C’est vrai qu’il n’y a pas de perfection, c’est un cheminement, on peut toujours y tendre vers. Je donnerai entre deux et trois parce qu’il y a eu des aventures mais quand vous analysez ces aventures, vous verrez qu’elles n’ont été acceptées ou tolérées par le régime que parce qu’elles ne remettent pas en cause le pouvoir. Et ce n’est pas ça la démocratie. L’essence de la démocratie, c’est que, un seul régime ne reste indéfiniment au pouvoir. Que la volonté des populations soit respectée, c’est la substance même de la démocratie. Donc dans ces conditions, c’est faire preuve de complaisance. Il faut se dire la vérité.

L’ANC et Fabre, une idée naturelle de conduire une future union de l’opposition
Je le dis et le redirai, que ce qu’il faut mettre en avant, ce n’est pas la question du leader. Ce n’est pas la personne qui va conduire mais c’est l’organisation qu’il faut mettre en place, c’est la vision qu’il faut déterminer, les stratégies qu’il faut déterminer. Et puis on déterminera ensemble la personne à même de porter

Drame de l’immigration aux larges des côtes européennes
Beaucoup de tristesse mais aussi une révolte. Une révolte parce qu’on se demande jusqu’à quand continuerons-nous à assister à ce spectacle ? Et l’une des conclusions que j’en tire est que cette mondialisation dont on parle, elle est bonne pour les biens mais pas pour les personnes. Les biens peuvent circuler librement mais les personnes, attention ! Mais aussi je me dis, Mon Dieu, qu’est-ce que nous faisons en Afrique ? L’Italie a décrété trois jours deuil, mais quelle est la réaction que l’Union Africaine a eu aujour d’aujourd’hui ? On va continuer à assister à ce spectacle là ? Il est plus que jamais temps que les leaders prennent conscience de ce qu’ils ont une responsabilité. Les jeunes aujourd’hui sont tous attirés par l’Occident parce qu’ils n’ont pas d’autres choix, croyant qu’ils vont vers un El dorado. Un El dorado qui se révèle n’être qu’une utopie. Ce qu’il faut que nos populations comprennent, c’est l’Europe n’a plus grand-chose à offrir à l’Afrique, au contraire. Mais maintenant les leaders il est temps qu’ils prennent leur responsabilité eux aussi. Il est temps qu’ils aillent au-delà des discours, au-delà des politiques et des programmes qui sont très beaux à entendre et qu’ils agissent véritablement de manière à créer des perspectives pour les populations. Aujourd’hui nous avons une jeunesse qui représente la frange la plus importante de la population et Afrique. Mais cette jeunesse curieusement est sans repère. Elle est sans repère. On n’entreprend rien pour créer véritablement de l’emploi durable… Tous ces programmes, PROVONAT et autres, c’est de la poudre aux yeux. Nous pensons que la question de l’emploi, elle mérite d’être traitée avec plus de sérieux. Il faut arrêter de vouloir utiliser ces questions pour faire de la propagande politique. C’est ce qui se fait en ce moment. Et le résultat, c’est que vous avez nos jeunes qui continuent de penser que n’ayant rien à faire ici, ils n’ont le salut qu’en partant du Togo, en allant vers l’occident. Nous ne sommes pas à l’abri nous non plus de ces problèmes.
… L’Afrique a énormément de potentiels. Aujourd’hui, il y a eu récemment, la semaine dernière, une conférence régionale africaine pour évaluer la mise en œuvre de la plateforme qui est issue de la conférence de 1994 sur la population et le développement. Ce sujet est un sujet éminemment important. Lorsque vous analysez la question, vous voyez que nous avons partout en Afrique, la pyramide des âges montre que nous avons une population jeune importante, et ça peut être un atout à condition qu’on en est conscient et qu’on investisse dans l’humain, dans l’éducation de ces populations, qu’on fasse en sorte que ces populations ait accès à la santé, un accès à l’emploi durable. Et le constat a été fait au cours de cette conférence qu’il y a eu pleins de congrès en la matière. C’est-à-dire en dehors des politiques qu’on met en place et des programmes qu’on déclare mettre en place, lorsqu’on pose la question de l’impact réel, on se rend compte très souvent encore que les leaders africains s’amusent avec cette question là. Mais c’est jouer avec le feu. Il est temps de prendre véritablement conscience et de comprendre que les questions de l’éducation, de santé, d’emploi qui touchent aux conditions de vie des populations doivent recevoir la plus attention. Nous avons des atouts mais c’est le problème de la mal gouvernance qu’on observe un peu partout. Et encore une fois je n’irai pas donner l’exemple d’autres pays. C’est la mal gouvernance qui fait que les ressources que l’on doit déployer, que l’on doit consacrer à résoudre ces problèmes là, on les utilise à d’autres fins. Il est temps que ça s’arrête. Voyez les problèmes que nous avons en ce début d’année. Si toutes les sommes qu’on avait gaspillées pendant les élections pour acheter des voix et ensuite pour faire peur aux populations, on s’était abstenu de les utiliser, je suis convaincue qu’aujourd’hui, on aurait trouvé des solutions aux revendications des enseignants et qu’on aurait eue une rentrée normale comme prévu. C’est un exemple concret.

Rupture entre les populations africaines et les dirigeants…
On risque d’arriver à cette rupture là si les dirigeants ne se ressaisissent pas. Il est temps qu’ils arrêtent de se soutenir quand ils se retrouvent et qu’ils abordent les problèmes réels des populations.

CDPA, les états généraux…
La CDPA est un parti qui a sa manière de fonctionner et qui tient régulièrement ses congrès statutaires. Nous sommes parmi les partis ayant organisé le plus de congrès au Togo. Donc nous respectons nos textes. Il ne se pose pas de problème dans ce sens là. Nous ferons un congrès en temps opportun. Nous discuterons de nos stratégies. Maintenant si ce que vous suggérez, c’est que nous remettions en cause cette option fondamentale que nous avons faite en faveur du Togo d’abord, cela m’étonnerait. Parce que quand vous avez des convictions fortes et que ces convictions reposent sur une réalité, il ne faut pas s’en débarrasser. Au contraire, il faut les affirmer, il ne faut manquer aucune occasion pour les réaffirmer et travailler à ce que ces convictions se réalisent. Mais je vous dis que c’est quelque chose d’absolument vitale pour le Togo. Nous savons pertinemment à la CDPA que tant que nous ne seront pas arrivés à installer cette démocratie, ce sera illusoire de penser à une compétition entre partis, ce sera illusoire de penser que le jeu partisan pourra se faire normalement. Et ce sera illusoire de penser que nous pouvons changer les conditions de vie des populations. Parce que ce régime, à force d’avoir cette obsession là, la seule, qui est de rester au pouvoir, il perd du coup tout moyen de faire du travail en profondeur pour agir sur les conditions de vie des populations. On peut même dire au fond, que ce n’est pas leur préoccupation.

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