C’est en se mettant dans la peau d’un nouvel ami fidèle et sincère du Togo que le représentant diplomatique de l’Allemagne en terre togolaise, Joseph Albert Weiss, a glissé quelques mots dans le contexte socio-politique togolais. C’était le 03 octobre dernier, à la faveur de la célébration de la fête nationale de l’Allemagne en République du Togo.Le Togo et l’Allemagne ont posé depuis 2011 les bases d’une nouvelle idylle dans le cadre de leur coopération bilatérale. Le 03 octobre dernier, l’ambassadeur Weiss a vanté les mérites de ce regain de coopération, tout en tenant à s’exprimer sans gants à toute la classe socio-politique de son pays d’accueil. « Nous sommes tous très soulagés et heureux que la classe politique togolaise a réussi à trouver un accord minimal pour les élections législatives. Tous les partis politiques importants y ont participé. Je félicite et je remercie tous ceux qui ont œuvré pour atteindre cet objectif. Les contacts directs ont-une fois de plus- permis de trouver des compromis. Des élections pacifiques étaient une récompense magnifique pour leurs efforts », a tenu à dire M. Weiss. « Même si les résultats n’ont pas plu à tout le monde, la nouvelle configuration à l’Assemblée nationale offre la possibilité d’engager des réformes ambitieuses et courageuses qui sont essentielles pour la population togolaise. Je pense notamment aux réformes du Code pénal et du Code de procédure pénale, mais aussi à l’OTR (Office togolais de recettes) et l’Agence pour mettre en œuvre le Code d’investissements. L’Assemblée nationale est aussi le cadre approprié pour l’Opposition de se faire entendre et d’enrichir le débat national », a renforcé Joseph Weiss.
"Vérités" diplomatiques entre Berlin et Lomé
Tout en se félicitant des dernières évolutions positives sur le plan politique au Togo, le représentant officiel de l’Allemagne sur la « Terre de nos aïeux » a également insisté sur ce qui apparaît comme un important goulot d’étranglement au développement général en République togolaise.
Une posture diplomatique si rare dans le corps des ambassadeurs accrédités dans ce pays ouest-africain : « Malgré toutes ces bonnes nouvelles, je ne vous cache pas mes inquiétudes. Je vois surtout le manque de communication à tous les niveaux. Les bonnes informations ne passent pas. L’information est souvent soit incomplète, trop tard ou mal véhiculée, elle suscite des malentendus. A mon humble avis, un effort énorme, aussi bien individuel que collectif, devrait être fait pour arriver aux contacts directs entre les différentes personnes. Je suis convaincu-et l’expérience des derniers mois me le confirme- que beaucoup de conflits dans ce pays n’existeraient pas, si on arrêtait de parler de l’autre, au lieu de parler avec l’autre ».
M. Weiss a en outre mis tous les Togolais de tous bords devant leurs responsabilités, car, à ses yeux, « une chose reste certaine : nous, les étrangers et acteurs temporaires dans votre pays ne peuvent que faire des observations et des propositions. Si la classe politique togolaise préfère la confrontation et des moyens autres que le dialogue, les solutions à leurs problèmes ne viendront pas de l’extérieur. Il revient aux Togolais de trouver la paix, des accords durables et une perspective commune pour un avenir meilleur ».
En prononçant son allocution ce 3 octobre sur un pupitre posé devant une photo de la porte de Brandenburg, le chef de la diplomatie togolaise, Robert Dussey, a de son côté indiqué que « l’Allemagne est de nouveau un partenaire privilégié du Togo (…) ». Il a par ailleurs salué la nomination d’un superviseur du financement de la reprise de la coopération Togo-Allemagne à la représentation diplomatique de cet Etat européen à Lomé.
Le premier pan du redémarrage des liens économiques entre Berlin et Lomé (depuis fin 2011) demeure pour l’heure essentiellement technique. D’un commun accord entre les deux parties, cette reprise de rapports privilégiés prévoit une enveloppe allemande de 17 milliards de fcfa sur deux ans, autour des trois axes d’intervention suivants : la formation technique, professionnelle et l’emploi des jeunes ; le développement rural, y compris l’agriculture ; et bonne gouvernance et décentralisation. Une reprise de coopération qui embrasse aussi des thématiques transversales comme l’adaptation au changement climatique, le genre, les personnes handicapées, la lutte contre le VIH/SIDA et la vulnérabilité aux conflits.