Togo - Au jour le jour, l’Union des Forces de Changements (UFC) traverse une crise qui risque de mettre à nu le parti si aucune situation n’est envisagée. Homawoo Jean-Luc, Délégué de la Jeunesse UFC propose très vite une assise nationale pour réfléchir et trouver d’éventuelle approche de solution. « J’insiste pour des journées de réflexion sans délai supplémentaire. C’est une question récurrente... »
Q1 : Bonjour monsieur le Président de la Jeunesse ; comment se porte le parti UFC ? Il y a comme un air de crise au sein de votre formation politique ; le confirmez – vous ?
Homawoo Jean-Luc: Les crises, elles sont partout, ce n’est pas un drame ; le drame c’est lorsqu’on ne les affronte pas de manière responsable. Une crise montre que le parti est plein de vie et de dynamisme ; c’est une opportunité de grandir.Vous en conviendrez, l’UFC est, reste et sera un grand parti. Il va sans dire que les incompréhensions ne peuvent pas manquer en son sein. Notamment après la débâcle que nous avons enregistré aux dernières consultations électorales.Plutôt que de l’assumer ensemble, certains semblent vouloir instrumentaliser la situation pour des fins personnelle. Cela n’est pas du tout normal.
Au lieu d’analyser nos faiblesses, nos forces sur le terrain, d’aller en journées de réflexion et de situer les responsabilités, afin de rebondir, voilà que ceux – là même qui s’estiment compétents pour jouer les premiers rôles dans le parti, se livrent à des guerres d’intérêts personnels. Vous êtes d’accord avec moi que même dans les vieilles démocraties comme la France qui est notre référence, lorsqu’il y a échec électoral, les règlements de compte ne manquent pas. Il y a toujours des ambitieux tapis dans l’ombre, qui veulent capitaliser l’échec en leur faveur.
La seconde situation c’est que certains ne sont pas d’accord avec le choix des personnes qui siègent au nom du parti dans l’actuel gouvernement sous prétexte qu’ils ne sont pas des hommes de terrain qui pourraient apporter leur soutien aux militants de base. Ce que je partage entièrement parce qu’au lieu de promouvoir des personnes dynamiques qu’on a déjà vu à l’œuvre, qui peuvent aider le parti, notamment les militants de base, on cède aux caprices de ceux qui n’ont de présence au parti que le domicile du Président national.
Q2 : Au sein du parti, on murmure qu’il y a plusieurs clans ? Où vous situez-vous dans cette guéguerre fratricide ?
Homawoo Jean-Luc : Bien que politique, je n’use pas de la langue de bois ; c’est mon style et mon identité : je dis les choses telles qu’elles sont. Je dirai plutôt qu’il y a plusieurs courants au sein de mon parti. C’est une preuve de démocratie interne, c’est notre culture de parti, nous l’assumons, c’est pour cela que nous avons combattu le système de dictature et non des hommes, des clans, comme une certaine opposition qui fait de l’ostracisme, la suscitation et la fixation de la haine de la foule sur des individus, des clans, des communautés. Quand des courants au sein de mon parti prétendaient que tout allait bien, je n’ai pas hésité à prévenir le Président du naufrage électoral que nous risquions. Les résultats m’ont donné raison.
Une explication rétrospective est nécessaire pour avoir une bonne lecture des motivations, actions et dynamiques actuelles des différents courants qui s’affrontent, malheureusement, non pas au sein du parti mais sur la place publique : la signature de l’accord RPT/UFC, a offert des opportunités. La procédure de nomination ayant toujours échappéaux responsables fédéraux et militants de base, pourquoi aujourd’hui certains veulent contester les critères de choix, notamment ceux qui ont perdu leur poste ; l’essentiel des remous vient de là.Dans la procédure en vigueur, les responsables mandatés par les militants de base ne donnent que leur accord de principe. La décision finale est à la discrétion du Président national. C’est ainsi que certains ont bénéficié de son onction par le passé.
Si cela est humainement compréhensible, cela est politiquement déplorable. Que reprocherons- nous alors aux hommes du pouvoir qui ont les moyens de conserver leurs privilèges et à qui nous demandons d’abandonner volontairement ! Ainsi donc, les militants de base, éternels laissés pour compte, sont manipulés pour des motivations personnelles. Les statuts sont ce qu’ils sont, ils donnent des prérogatives léonines au Président.
Comment peut – on s’en sortir avec un secrétaire général nommé par le Congrès et un autre secrétaire général désigné par intérim sans même informer par note circulaire le Président de la jeunesse. Hier, on nous a dit que ce n’était que monsieur x qui pouvait parler au nom du parti.
Aujourd’hui j’apprends par la radio que c’est monsieur André Johnson, toujours en l’absence d’une note à l’information du Président de la jeunesse. Chaque courant ou individu du cercle proche du Président fait du lobbying pour le manipuler. Donc l’objectivité n’est pas de mise. Il est donc urgent de convoquer des journées de réflexions qui vont préparer un Congrès. J’ai toujours défendu l’idée d’un congrès pour retrouver la sérénité dans le parti. Cela est de la responsabilité du Président national.
Q.3 L’un de vos vice – président, notamment HABIA Nicodème a appelé les militants à se rallier à l’opposition radicale, voire même à l’ANC, partagez – vous sa position ?
Homawoo Jean-Luc : Grande est ma surprise, lorsque je suis le parcours d’un aîné, Nicodème, que je respecte, notamment ces 03 dernières années où il s’est fait le grand défenseur, sur tous les medias, de l’apaisement, du bien-fondé de l’accord RPT/UFC. Et pour cette fidélité d’occasion, il a bénéficié de tout l’amour et des largesses princières du Président national. Qu’il se retrouve en porte – à – faux avec la vision du Président national n’est pas encore un drame. Mais demander aux militants de se rallier à ceux qu’il pour fendait avec véhémence hier est de la trahison. En politique, on peut évoluer du radicalisme à la modération, mais l’inverse est de l’opportunisme de bas étages. La politique de la terre brûlée, la révolution, la révolte conjoncturelle avec des agendas cachés comme on le voit au nord de l’Afrique avec les frères musulmans en Lybie, en Tunisie, en Egypte, etc., il faut absolument l’éviter à la Terre de nos aïeux. Les aventuriers font perdre du temps à tout le monde, sacrifie l’avenir des jeunes et mettent la femme dans la précarité, l’angoisse et l’humiliation. Utiliser la nudité de nos mères, de nos femmes, de nos enfants comme moyens de lutte politique, c’est complètement débile et lamentable. Où est la dignité dans tout cela ? Ils sont opposants radicaux le jour et amis des barrons la nuit, vous comprenez, pour prendre quelques miettes. J’en ai vu trop ces trois dernières années. Nous ne faisons aucune confiance à cette bande de gens sans foi ni loi qui utilisent la naïveté du peuple pour faire leur fonds de commerce politique. Ils n’ont aucun souci du développement, de l’emploi de la jeunesse.
Moi – même je vous retourne la question : comment, en déstabilisant les institutions, en salissant l’image du pays à l’extérieur, en criant à chaque fois au loup, en politisant tout et rien, comment peut – on s’entendre sur l’essentiel ;le bien –être de la population, le développement et faire du Togo un pays émergeant, ce qui est le rêve de tous les patriotes ? On en a assez de ramasser des cadavres d’immigrants clandestins sur les rives de Lampedusa parce que l’avenir de nos pays est pris en otage par certains politiciens qui, au lieu de souscrire à des appels à candidature du gouvernement pour des emplois, veulent vivre de la politique, ce qui est une véritable profession dans notre opposition.
Q4 : mon mot de fin
Homawoo Jean-Luc : J’en appelle au sens de responsabilité de ceux qui brandissent leurs diplômes de docteur, de maîtrise, professeur, diplômés de grandes universités européennes,mais qui au fait n’ont jamais fait leur preuve au sein du parti, à revenir à la raison. Comment comprendre des communiqués et des contre communiqués émanant des premiers responsables du même parti ? La seule solution aujourd’hui, c’est que dans 2 semaines, les militants et responsables du parti aillent à des journées de réflexion qui ouvriront la porte à un Conseil National ou à un Congrès en bonne et due forme. Car c’est le lieu indiqué du grand déballage interne, comme le Parlement est celui de la politique nationale. Bien qu’au Togo, il y en ait qui ont inculturé la rue à telle enseigne que même siégeant au Parlement, ils ne peuvent abandonner la rue. A l’UFC nous-en avons fini avec des revendications vaines et irréalistes depuis le dernier Congrès extraordinaire de 2010.
J’insiste pour des journées de réflexion sans délai supplémentaire. C’est une question récurrente et toujours renvoyée aux calendes grecques depuis le début de l’année 2011. C’était incontournable pour aborder les dernières législatives, notamment pour retrouver la cohésion au sein du parti reformulé à la va vite pour parer aux urgences de la crise de 2010 et poser les critères du choix des candidatures du parti pour toute opportunité politique : nominations, élections, avantages divers. On a préféré éviter cet exercice salutaire. Qui a peur des journées de réflexion ou d’un nouveau congrès ? Passé les 02 prochaines semaines de notre interview, je pense qu’il serait temps de quitter ce parti à qui j’ai tant donné et offert mes talents sans aucune reconnaissance en contrepartie. Car dit – on dans un adage populaire : « dans la vie, on doit avancer et non reculer ? ». A bon entendeur salut ! je vous remercie.
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