Petit à petit, le plat électoral que Faure Gnassingbé et son gouvernement et la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) préparent pour les populations togolaises est sur le point de cuir. Se sachant en position de force face à une opposition écartelée, une opinion nationale inconsidérée et une communauté internationale qui pour conduire la barque doit nécessairement être aux finances des élections, ce qui n’est plus le cas, le gouvernement de Faure Gnassingbé se prépare à aller aux élections vaille que vaille.
Le plan est en avance au point que déjà les forces de répression des contestataires des résultats connus d’avance affûtent leurs armes pour mater la population que l’opposition appellera à manifester.
Tout est planifié de manière à ce que même les manifestations de rue, seul moyen d’expression dont disposent les citoyens pour crier leur ras-le-bol devant l’arbitraire, restent toujours interdites.
Que fait l’opposition face à cette situation préparée de toutes pièces par un pouvoir aux abois, avide de pouvoir et prêt à tout pour posséder ce dont il veut, peu importe les lendemains ?
N’ayant pas pu offrir à cette population qui n’a de cesse de sortir du joug de la dictature togolaise l’union tant souhaitée pour faire efficacement à ce pouvoir devenu plus terrible avec l’onction de l’ex opposant charismatique Gilchrist Olympio, l’opposition est plus que jamais confuse.
S’agissant de la coalition Arc-en-ciel composée de 5 partis politiques, c’est le dilemme. Partagée entre la peur du boycott et le désir de participer à ces législatives pieds et mains liées, on redoute dans la coalition plusieurs choses.
Le boycott de ces élections signifie que l’opposition aura laissé un boulevard au pouvoir pour une seconde fois après ce qui s’était passé en 1999 lorsque l’opposition dans son ensemble a boycotté les législatives, ce qui du coup a permis au RPT d’essaimer l’assemblée nationale et de faire son passe-passe légal pour qu’on en arrive là où nous en sommes.
Cependant, participer aux législatives s’entend comme l’a dit Me Dodzi Apévon, président du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), parti membre de la coalition, ce serait « se mettre la corde au cou ».
Ainsi, des fameuses réformes constitutionnelles et institutionnelles réclamées, on est aujourd’hui à la représentation de l’opposition dans les Commissions Electorales Locales Indépendantes (CELI) et les bureaux de vote pour voir la coalition prendre part à ces législatives.
Si ces conditions ne sont pas remplies, autant dire que la coalition ne prendra pas part aux législatives forcées du 21 juillet 2013 ? A cette question, pas de réponse exacte et claire, tout est confus.
Pour le Collectif « Sauvons le Togo » (CST) dont le ton est plus amère face au pouvoir, tout est encore possible. Les partis politiques membres de cette organisation hétéroclite peuvent encore boycotter les législatives forcées.
Mais, c’est à savoir que le tribut à payer par la population sera lourd en termes de pertes de vie humaines puisque ce pouvoir est prêt à aller n’importe où, pourvu que le pouvoir leur appartienne.
Ce qui est surprenant, c’est la position de Gilchrist Olympio qui est le premier à s’opposer à toute idée de dialogue avant les élections, sinon la menace faite au pouvoir est de claquer la porte du gouvernement, ce que Faure Gnassingbé n’est pas prêt à concéder.
Bâillonné et persécuté dans l’opposition hier, c’est le fils de l’ancien et premier président togolais démocratiquement élu qui porte aujourd’hui la clé de résolution de la situation sociopolitique togolaise.
Mais le pouvoir étant ce qu’il est, c’est lui qui est aujourd’hui dans la position du persécuteur des Togolais qui l’ont longtemps soutenu.
Pour ce qui concerne la communauté internationale, cela va sans dire. Le pouvoir a trouvé son point faible, celui de financer sur fonds propre ou des contribuables togolais ces élections ridicules.
Autrement, le groupe des 5 composé des Nations Unies, de l’Union Européenne, des Etats-Unis de la France et de l’Allemagne n’a plus un très grand rôle à jouer dans ces élections. Le pouvoir est plus que jamais décidé à se passer de son aide, ce qui lui assure le contrôle de la situation. Demain, le groupe des 5 sera pour une dernière fois autour de la table avec les acteurs politiques mais il est certain que la montagne va accoucher d’une souris parce que le pouvoir ne se laissera pas faire.
Ce qui est à craindre, c’est les lendemains des élections. Sera-t-on là en train de compter les dizaines et les dizaines de morts comme ce fut le cas en 2005 où la communauté internationale a parlé de plus de 500 morts ?