S’il y a au Togo, une prouesse réelle dont l’union des forces de changement de Gilchrist Olympio s’est montré maître, c’est de secréter de nouveaux partis politiques à partir de sa souche.
Il suffit de revisiter un peu l’histoire politique de ce parti pour s’en convaincre.
Sans toutefois nous appesantir sur les soubresauts qu’il y a eu dès 1990 avec des personnalités comme Me Agboyibo ou le professeur Léopold Gninivi et Fo Gil et qui ont conduit à la dislocation du code II, nous voulons juste retenir les derniers épisodes des déchirements qui ont marqué la vie du parti jaune.
Le Nid de Dossey Agnyro est né de sa dissidence avec l’UFC. Le NDP de Gilbert Atsu aussi. Le dernier épisode de ce déchirement continu est le départ de la quasi-totalité de la sève de ce parti et qui a généré la naissance de l’ANC de Jean-Pierre Fabre.
En moins de dix ans donc, le parti du président Olympio a réussi à générer sur l’échiquier politique togolais, au moins trois autres partis politiques.
Que nous réserve-t-il encore dans les semaines à venir ?
La question est pertinente, d’autant plus pertinente que la nouvelle crise qui secoue à nouveau le parti de Fo Gil nous fonde à penser qu’une nouvelle fronde est en perspective au cœur même de l’Union des Forces de Changement.
Des voix et non des moindres sont déjà montées au créneau, publiquement, pour relever des dysfonctionnements graves au sein de l’UFC notamment au lendemain du scrutin législatif du 25 juillet 2013 et surtout avec la participation, une fois encore, de ce parti au gouvernement de Faure Gnassingbé et d’Ahoomey-Zunu.
Il ne fait donc l’ombre d’aucun doute que le résidu de membres qui était en train d’assurer la précaire survie politique de l’UFC est en voie de se disloquer à nouveau.
Que va-t-il alors rester au septuagénaire pour continuer de faire la cour à Faure Gnassingbé en vue de se maintenir dans l’arène politique ?
Il faut juste reconnaître que Gilchrist Olympio est un vrai combattant, mais un combattant qui a consacré sa vie durant à ramer à contre-courant des principes orthodoxes de gestion des hommes mais surtout aussi à contre-courant des lois de la nature.
Mettons juste de côté les mailles qu’il a eues avec les premiers meneurs de la lutte politique des années 1990, mais la manière cavalière avec laquelle il a cru pouvoir dribbler tous les lieutenants de son parti en 2010 pour composer avec Faure Gnassingbé prouve à suffisance que l’homme est assez creux et souffre terriblement d’une panne aiguë de loyauté, de reconnaissance et d’intégrité morale.
Bien sûr, sur le principe de composer avec le pouvoir de Faure Gnassingbé pour déblayer l’horizon politique et donner de l’espoir au peuple, le débat reste ouvert, mais qu’à cela ne tienne, que Fo Gil procède par la ruse, les dribbles ou même des incantations pour éviter ce débat politique de haute portée au sein de son parti avant de se résoudre à composer avec le pouvoir en place, est sans doute grossier et malsain.
Qu’espérait-il réellement en procédant ainsi ? Que Faure Gnassingbé lui laisserait la moitié de son gouvernement ? Que son parti se verrait d’emblée octroyé des directions générales de sociétés d’Etat et des postes clé d’ambassadeurs ?
C’est une blague qui prouve à suffisance que le fils de Syvanius Olympio est naïf, vraiment naïf malgré la longueur de son âge.
La gangrène de ces habitudes est donc là et persiste encore au sein de ce parti.
En physique, les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, il nous paraît évident que l’Union des Forces de Changement, du moins le reliquat de ce parti, va encore et encore se disloquer dans les semaines à venir.
Mais de tout le développement qui précède, il se dégage une constante sur lequel nous souhaitons attirer l’attention de nos lecteurs.
C’est que finalement, les déchirements continus, les querelles intestines et les coups-bas qui sont légion dans ce parti comme dans beaucoup d’autres aussi, ont fini de dévier Gilchrist Olympio, comme d’autres acteurs politiques, de la mission première dont ils sont supposés s’être investis, à savoir, la lutte pour l’avènement de l’alternance politique, pour l’épanouissement du peuple et pour la matérialisation effective de la démocratie et de l’Etat de droit au Togo.
Il est établi que l’énergie coule uniquement là où l’attention va. C’est donc de bon sens que de comprendre que tant que nos leaders politiques focaliseront leur attention sur leur survie politique personnelle et individuelle, sur leur égo, sur leur ventre, ils n’auront plus d’énergie suffisante pour mener un combat allant dans le sens de ce que le peuple attend d’eux.
A quoi peut objectivement servir un Gilchrist Olympio pour le peuple togolais aujourd’hui ? A rien du tout de conséquent !!! Et pourtant, pour la cause qu’il était supposé être le défenseur, nombre de togolais ont perdu leur vie gratuitement, mais l’homme n’en n’a point conscience et il préfère orienter son énergie vers l’entretien de son image personnelle.
« I am the secend person of the power » aime-t-il dire à qui veut l’entendre et ce statut, manifestement l’enchante et le flatte au point où il n’a plus vraiment le temps de penser aux milliers de gens qui se sont battus au prix de leur vie pour la cause qu’il semblait défendre….
Il n’a donc pas compris non plus que son statut de « second person of the power » lui a été donné du fait qu’il avait derrière lui, ces milliers de personnes qui créaient autour de lui un rapport de force que redoutait son partenaire d’aujourd’hui.
La preuve, lorsqu’il s’est établi, à partir des législatives dernières qu’il ne pouvait plus créer ce rapport de force, Faure Gnassingbé a vite fait de le traiter en mendiant pour finir par lui octroyer trois strapontins de postes ministériels.
Où se trouve alors l’intelligence de nos hommes politiques ? Quel gâchis !!!!