Il y a une polémique effroyable qui est née depuis près de deux semaines et qui fait réellement froid au dos au regard de son caractère particulièrement incident.
En effet, dans l’insaisissable tourbillon de la grève des enseignants, Florent Manganawé, ministre des enseignements primaire, secondaire et de l’alphabétisation a trouvé opportun et même pertinent de se lancer dans une quête effrénée d’enseignants de circonstance.
A travers donc une lettre circulaire, l’homme de Pagouda s’est aventuré à demander aux directeurs régionaux de l’éducation de lui repérer « tous ceux qui sont potentiellement capables d’exercer le métiers d’enseignants ».
L’objectif, tout le monde le sait, est de parer au plus pressant, en faisant assumer les cours par ces derniers pendant que les enseignants rompus à la tâche seraient en grève. Parfait !
Au-delà de cette culture de facilité qui transparaît à travers ce raccourcis lâche et quasi immoral que tente de prendre Florent Manganawé, l’on s’aperçoit surtout du niveau implacable du cynisme de nos gouvernants.
Ainsi donc, parce qu’étreint de toute part par le mouvement d’humeur des fonctionnaires de l’administration publique, le pouvoir du Prince se donne les moyens de piocher parmi le lot des nombreux chômeurs au Togo, de les déverser immédiatement dans les lycées et collèges pour saisir la craie et commencer sans ménagement à « enseigner » les cours aux élèves sans aucune formation ni pédagogie de base.
Ne nous interrogeons guère sur la compréhension que ce pouvoir a de la formation intellectuelle des élèves et encore moins sur la pédagogie qu’il faut pour infuser un savoir pertinent à cette relève de demain.
Retenons simplement que, parce que pris par les feux d’une grève qui leur brûle les doigts, nos gouvernants sont prêts, sans doute par orgueil et cynisme, à faire des contrats qui coûteront naturellement au-delà du smig, en vue de replâtrer le mal que ces grèves occasionnent dans le système éducatif au Togo, alors même que les enseignants grévistes ne demandent que moins de ce smig pour continuer leur travail.
C’est sans doute formidable et il faudrait bien féliciter Florent Manganawé et ses collègues pour cette idée et initiative géniales !!!
L’on le voit bien, ils sont très préoccupés par l’avenir des élèves et ils font tout pour sauver l’année scolaire au Togo et ainsi garantir une bonne formation de ces enfants, relève de demain !
Mais l’aspect qui nous intéresse vraiment, tient justement du secteur de la santé.
Ce secteur nous intéresse du fait que, lors de sa descente musclée au CHR de Lomé, où il a versé des diatribes sur les responsables de la STT, le Premier Ministre Gilbert Athème Séléagodji Kuessi Ahoomey-Zunu a eu l’honnêteté de reconnaître, que les grèves touchent à la fois les secteurs de l’éducation et de la santé.
Et puisque le gouvernement est en train de s’activer avec un empressement affreux à recruter des enseignants d’occasion ou même de fortune pour le secteur de l’enseignement, il est logique et naturellement conséquent de s’appesantir aussi sur le secteur de la santé. Que fera-t-il à ce niveau ?
Que fera le gouvernement pour assurer la continuité des prestations dans les hôpitaux et centres de santé au Togo dès lors que tout le monde convient que s’il est aisé pour Manganawé et ses directeurs régionaux de l’éducation de trouver des enseignants de fortune, il n’en est pas autant pour Ahoomey-Zunu de trouver des médecins, infirmiers et sages-femmes tout au long des rues au Togo ?
Il faut absolument que le gouvernement réponde à cette question essentielle. Que fera-t-il en ce qui concerne le secteur de la santé ?
Il suffira là de s’en tenir à cette stratégie de saupoudrage et de replâtrage pour conclure sans réfléchir que, très bientôt, le pouvoir du Prince va aussi signer des contrats avec des guérisseurs et tradi-thérapeutes qui seront désormais chargés d’assumer les soins de santé dans les hôpitaux et centres de santé au Togo. Qui dit mieux ?
Voilà jusqu’où, jusqu’à quelle niveau de bestialité, la lâchété, l’orgueil, l’inconséquence, l’incohérence ...peuvent conduire des hommes qui refusent délibérement d’user décemment des facultés dont Dieu a doté tout être humain pour se faire valoir dans ce tourbillon d’épreuves sur la terre.
Ils sont donc prêts à éteindre toutes ces facultés qui leur sont gratuitement et gracieusement offertes par Dieu, pour finir par agir exactement comme des animaux au point de développer une logique de fonctionnement qu’aucune personne intellectuellement équilibrée ne peut comprendre.
C’est bien cela, les réalités que les togolais sont contraints de vivre sous le Prince bien-aimé.