C’est un pavé dans la mare du processus électoral que vient de jeter Alberto Olympio, le Président du Parti des Togolais au cours d’une démonstration sur le fichier électoral. A travers le fichier en version PDF que lui a fait parvenir un inconnu par la poste, l’ex-candidat à la présidentielle 2015 tire trois leçons:
le fichier électoral comporte des centaines de milliers de doublons;
le candidat du pouvoir n’a jamais gagné une élection;
il faut annuler le processus électoral en cours.
A quelques jours de l’ouverture de la campagne, cette sortie ne peut pas être sans conséquence sur la participation des candidats de l’opposition.
Au cours d’un exercice hier après-midi sur le fichier électoral, le Président du Parti des Togolais, annonce que le fichier 2015 contiendrait près de 17 à 26% de doublons. Des chiffres trop élevés de nature à compromettre sérieusement la transparence du prochain scrutin.
La démonstration faite par Alberto Olympio le 25 mars à Brother Home va non seulement accroître la polémique autour du fichier électoral, mais aussi jeter un grave trouble sur les fraudes possibles au prochain scrutin présidentiel.
Son analyse du fichier électoral ayant servi aux élections législatives de 2013 en version PDF, fait ressortir 259.735 doublons sur 2.957.018 électeurs, soit environ 8,78%. Un chiffre considérable, d’après Dr Alberto Olympio, dans une élection uninominale à un tour.
On constate également que la Région de la Kara compte le plus de doublons que toutes les autres régions, soit 13% du nombre des électeurs de la zone. Exemple : en 2013, Kara comptait 394,246 électeurs, soit 13,3% du corps électoral national et le fichier régional comptait 55.087 doublons, soit 13,47%. Dans une moindre mesure, la Région Centrale a également un taux élevé de doublons- 9% par rapport à sa population âge de voter.
Par comparaison, la Région Maritime, 1.370.664 électeurs, soit 47% du corps électoral, ne compte 111.631 doublons (8%). On retrouve la même proportionnalité dans la Région des Plateaux, 628.037 électeurs pour 8,10% de doublons.
Autre fait notoire également à prendre en compte, les électeurs de la tranche d’âges 65 ans et plus, représentent 4,13% du corps électoral en 2013 alors que d’après les chiffres de la Banque mondiale, cette tranche d’âge ne représente 2,7% de la population togolaise.
Ce qui est considérable dans une élection présidentielle uninominale à un tour. On note que les électeurs de la tranche d’âges 65 ans et plus, représentent 4,13% alors que les chiffres de la Banque Mondiale indiquent que cette tranche représente 2,7% de la population togolaise.
Confusion totale dans le fichier électoral
D’après les analyses du Président du Parti des Togolais, il y a d’importantes anomalies dans le fichier électoral selon qu’il s’agit d’une élection présidentielle ou législative.
Ainsi, on constate également qu’à chaque élection présidentielle le nombre d’électeurs croît considérablement alors qu’il décroît grandement lors des élections législatives.
En 2005, lors de la présidentielle, le fichier électoral est estimé à 3.126.728 électeurs contre 2.927.664 au cours des législatives d’octobre 2007 où pourtant on avait noté un enregistrement massif de la population en âge de voter.
En 2010, rebelote : le fichier électoral passe alors à 3.277.292 électeurs pour descendre 3.044.322, soit une perte sèche de 232.900 électeurs. Pour la présidentielle de 2015, la CENI table sur 3.500.000 électeurs, soit une augmentation de 455.678 électeurs. Le corps électoral n’augmente que par enchantement pendant les présidentielles au lieu de connaître une hausse constante !
Fichier PDF contre bases de données
L’analyse du Dr Alberto Olympio a été faite uniquement sur des électeurs dont les nom, prénom, nom du père, nom de la mère, genre, profession et l’âge sont rigoureusement identiques. Aucune comparaison biométrique n’est faite ni reconnaissance faciale, ces informations étant indisponibles dans le fichier qui a servi à cette étude.