Ce lundi 30 mars 2015 s’achève la Semaine pour les alternatives aux pesticides dans près de 27 pays. Cette initiative, française à l’origine, fête ses 10 ans. Au Togo, c’est la septième édition. A cette occasion, l’Association de Secours et d’orientation Lisungi (ASOL) du Togo a sensibilisé les agriculteurs de deux villages aux risques des herbicides pour leur santé et à l’agriculture dite « permanente ».
Au Togo, on entre actuellement dans la période des travaux champêtres. La saison des pluies a commencé, le sol est meuble, c’est le bon moment pour planter. Et, selon l’usage, pour désherber. Mais depuis plusieurs décennies maintenant les agriculteurs manquent de main d’œuvre pour ce faire. Les jeunes des sites ruraux partent inexorablement vers les villes du Bénin et du Ghana très proches, espérant trouver du travail et de meilleurs revenus qu’en leur Togo natal. Et c’est à grand renfort d’herbicides que les agriculteurs togolais comblent les carences en effectifs. Ils n’hésitent pas à employer des pesticides non-répertoriés qui entrent illégalement sur le territoire togolais et dont ils ne comprennent rien aux conseils d’utilisation, en anglais ou en chinois.
« La population togolaise utilise les herbicides de manière intensive », constate Ruben Bossendju, agronome et initiateur de l’Association de Secours et d’Orientation Lisungi (ASOL) du Togo - car elle a des antennes en République démocratique du Congo (RDC), au Bénin, au Burkina Faso et à Haïti -. « Les cultivateurs mélangent différents pesticides dans des seaux et ensuite ils aspergent ça en grande quantité sur leurs parcelles avec des rameaux. On voit ce détournement de l’utilisation normale des pesticides partout au Togo. Et les agriculteurs n’ont aucune protection ! C’est très, très, très grave », insiste-t-il.