Qui l’aurait cru ? Qui aurait cru qu’en Afrique et de surcroît dans un pays comme le Nigéria qui a une longue culture de dictature et de succession de régimes militaires pourrait, en un jour, s’assurer une mue démocratique aussi élégante qu’enviable?
Ce qui s’est passé dimanche au Nigéria est donc très fort pour la démocratie en Afrique de l’Ouest. Le pays le plus puissant d’Afrique vient précisément de franchir l’épineuse épreuve de l’alternance politique pacifique montrant ainsi à l’ensemble des peuples africains, la voie royale à suivre pour pacifier les pays africains et asseoir les socles d’une démocratie constructive.
C’est tout simplement beau et parfaitement enviable. Goodluck Jonathan, Président de la géante République fédérale du Nigéria a été élégamment battu dans les urnes par le Général Muhammmadu Buhari à la suite d’un processus électoral transparent ponctué par une campagne électorale flamboyante et un vote pacifique.
Le plus saisissant dans toute cette histoire reste le coup de fil de Goodluck Jonathan au général Buhari. Le Président sortant n’a même pas attendu la proclamation des résultats définitifs du scrutin pour formuler ses félicitations à son rival, reconnaissant ainsi gentiment et élégamment sa défaite.
Quoi de plus beau et de plus responsable de la part d’un leader qui se respecte et qui respecte la volonté de son peuple ?
Du coup, toute la Communauté Internationale inonde le Président sortant des félicitations pour son élégance et son sens de responsabilité qui ont permis de mesurer la vitalité de la démocratie nigériane.
Du coup aussi, les investisseurs et hommes d’affaires totalement rassurés par la solidité de cette démocratie nigériane, vont ruer vers ce géant d’Afrique pour investir aisément et sans crainte aucune dans des secteurs porteurs.
Voilà ce à quoi tous les peuples africains aspirent le plus légitimement possible.
Mais alors, le Prince du Togo est-il prêt à comprendre ce message très clair que vient de lui passer le peuple nigérian et son Président sortant ?
Faure Gnassingbé est-il prêt à comprendre enfin que sa présence dans le fauteuil présidentiel au Togo est un handicap majeur à la démocratie et à l’épanouissement du peuple et de l’économie togolaise ?
Le fils-héritier peut-il enfin se résoudre à comprendre que la transparence dans un processus électoral est la clé de voûte qui garantit la paix sociale et la non-violence ainsi que l’éclosion des affaires dans un pays ?
Il est certes vrai que depuis lundi où la défaite de Goodluck Jonathan a été totalement consommée, le Prince est rentré dans un état second. Il est presque traumatisé par cette réalité qui, à la limite est en train justement de limiter son champ de rêve. Il se voit plus que jamais exposé du fait que juste après l’épreuve nigériane, vient immédiatement celle du Togo. Le 25 avril est tout près !!!
A quelle sauce sera-t-il mangé à partir du moment où tout le monde s’aperçoit qu’en Afrique, il est possible qu’un Chef d’Etat si dictateur soit-il, organise un scrutin et le perdre ? A partir du moment où, tous les indices montrent clairement que Faure Gnassingbé est très minoritaire dans ce pays que lui et son père défunt régentent depuis bientôt 50 ans ?
C’est vraiment l’heure de la tourmente chez le Prince ! Manifestement, la fraude électorale aura du mal à encore passer aux yeux de la Communauté Internationale tout autant que des mandats illimités.
En témoigne justement le coup de fil de Barack Obama à Joseph Kabila, un autre avorton de Prince-héritier qui reste dans l’obsession du pouvoir et s’érige en autocrate impénitent dans la supposée République Démocratique du Congo.
Comment le Prince doit-il procéder pour faire passer la pilule d’une quelconque victoire au soir du 25 avril dès lors que tout le monde sait qu’à travers le sondage afro baromètre, 85% des togolais ont déjà clairement dit qu’ils ne voulaient plus encore de lui au pouvoir?
Comment concilier son avidité à jouir du pouvoir et la réalité d’une probable défaite électorale au soit du 25 avril?
Voilà les épineuses questions qui tourmentent le Prince depuis lundi matin.
Décidément, il a du mal à avoir encore une seule bonne nouvelle. Tout l’assaille de partout. Le problème du fichier électoral reste encore entier. Le général Sangaré et son collègue dépêchés par la francophonie, sont en train d’éplucher un à un les multiples doublons qui corrompaient ce fichier.
Le front social reste aussi tout entier avec des perspectives aussi sombres qu’insaisissables surtout que les travailleurs ont annoncé une marche pour le 8 avril prochain, veille de l’ouverture de la campagne électorale.
Le port autonome de Lomé est aussi paralysé par la grève des dockers en même temps que l’ébullition sociale est plus qu’à son paroxysme à la Nouvelle Société Nationale des Phosphates du Togo.
Dans la foulée lui-même s’aperçoit que la mobilisation n’est pas vraiment au point chaque fois qu’il se rend à un endroit pour ses traditionnels coups de pioche lançant tel ou tel autre projet. Seuls les imports-exports dont ses sbires sont passés maîtres permettent de rassembler quelques centaines de personnes.
Pire, c’est la veille du vote, soit le 24 avril prochain que la Cour de Justice de la CEDEAO va rendre son verdict dans les affaires Kpatcha Gnassingbé et Pascal Bodjona qui lui ont été soumises depuis des mois….
Comment les togolais vont-ils accueillir les affreuses condamnations qui pourraient encore s’abattre sur le Togo de Faure Gnassingbé ?
Comment va-t-il procéder pour se sortir d’affaire vu qu’il reste toujours obnubilé par le pouvoir et sa jouissance alors même que sa marge se rétrécit au jour le jour ?
Toute cette réalité l’étreint chaque jour un peu plus. Il se rend bien compte que la nature elle-même et l’ensemble des forces de cette nature sont en train de se liguer magistralement contre lui. Mais apprendra-t-il à entendre raison ?
Personne ne peut le prédire, mais une chose reste au moins sûre, c’est qu’il pleuve ou qu’il neige, le Prince n’aura plus d’issue heureuse même s’il force, encore une fois pour se maintenir au pouvoir après le 25 avril car aucun être humain si puissant soit-il, ne peut se targuer de défier indéfiniment et impunément les lois de la nature et de la République, les mœurs et valeurs sociales, la morale, le bon sens et la raison.
Quiconque s’y aventure, tombe immanquablement dans le précipice un jour ou l’autre à moins qu’il n’apprenne à temps à se ressaisir. Ce qui naturellement n’est pas le cas du Prince……