En décidant de suivre à la lettre la recommandation de la CEDEAO et en reportant de 10 jours le scrutin présidentiel prévu au Togo le 15 Avril 2015, le gouvernement dirigé par Faure Gnassingbé et Séléagodji Ahoomey-Zunu a fait preuve d’un manque criard de responsabilité.
Alors que je m’attendais que pour une fois, ces dirigeants prennent au sérieux le peuple du Togo et fassent preuve d’intelligence dans la gestion publique, j’ai été heurté de lire l’argumentation suivante : « Cette démarche traduit la volonté d’ouverture, l’esprit conciliant du gouvernement et son souci de décrisper davantage le climat politique en vue d’une élection présidentielle apaisée et sereine ». Le report à mon avis devrait s’appuyer sur un raisonnement plus technique à la suite d’un travail préalable avec les parties prenantes.
Ce qu’un gouvernement sérieux aurait dû faire, si on était dans un processus politique crédible, face à une telle situation se décrit en 4 points simples ci-après:
1. Evaluer avec la CENI et ses structures d’appui l’ampleur du problème de doublons dans la liste électorale. Demander ensuite à la Commission électorale de réviser son en conséquence le calendrier des opérations, en tenant compte des délais nécessaires à chaque étape;
2. Discuter avec les protagonistes (tous les partis ayant présenté des candidats à ce scrutin) les implications des nouvelles donnes.
3. Expliquer à la population la nature des anomalies contenues dans le fichier électoral, l’étendue du travail de dédoublonnage en cours par les experts de la Francophonie et les incidences de cette opération sur les opérations électorales ;
4. Fixer une nouvelle date du scrutin, en s’assurant de donner aux acteurs tout le temps et les moyens nécessaires à leur travail.
En proposant 10 jours de reports, la CEDEAO n’avait pas fait ce travail de détail indispensable. Les délais suggérés étaient indicatifs et auraient pu in fine être revus à la hausse ou à la baisse. La question qui se pose est : que fera le gouvernement lorsque la revue du fichier implique d’autres aménagements indispensables, incluant la remise en cause des cartes d’électeurs déjà dans la circulation ?...
Puisqu’elle se veut purement politique, la décision du gouvernement togolais de reporter le vote au samedi 25 Avril, ne peut convaincre que lui-même. Si les opposants s’en contentent, je les plains !
J’écris ces observations après avoir discuté avec quelques personnes bien entrées dans le processus en cours chez nous au Togo. Je suis renforcé dans ma conviction que le gouvernement au Togo se fout de la qualité de cette élection qu’il croit avoir déjà remporté. J’en suis peiné pour mon pays !