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Entretien avec Hubert ATUYO, Président de la Défense de Notre Cause Commune, DNCC
Publié le lundi 6 avril 2015  |  Horizon news




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« C’est autour d’une table de négociation et non dans la rue que les problèmes, s’ils en existaient, seraient réglés »

Après la rencontre avec la presse en début de semaine sur les revendications salariales menées et animées par la Synergie des Travailleurs du Togo (STT), le Mouvement des jeunes pour la popularisation de la bonne gouvernance (MJPG) à travers Hubert ATUYO, Président de la Défense de Notre Cause Commune donne à nouveau son point de vue sur la grogne sociale qui prévaut depuis quelques semaines dans le syndical au Togo.


Horizon news : L’actualité nationale est, entre autre marquée par le mouvement de grève déclenchée depuis quelques semaines par la STT. Quel regard portez- vous sur ces événements ?

Dans un pays de liberté, tout citoyen qui se sent lésé peut manifester librement pour faire rétablir ou respecter ses droits, dans la mesure où les droits qu’il réclame n’empiètent pas sur ceux des autres compatriotes. Au demeurant, en ce qui concerne les travailleurs, leur droit de grève est sacré et ils peuvent en user tant que cela leur parait nécessaire. Cependant, cette liberté d’aller en grève a des limites. En ce sens qu’une grève inopportune et sans objet pertinent, est nuisible à l’action syndicale. Dans le contexte général actuel où se tiennent les mouvements de la STT, il y a lieu effectivement de s’interroger sur l’opportunité et la pertinence des grèves perlées qui sont déclenchées depuis quelques semaines.

Horizon news : Justement votre avis nous intéresse. Que pensez-vous de l’opportunité et de la pertinence de la grève de la STT ?

Pour parler sans détour, les jeunes diplômés sans emploi qui sont, chaque jour, confrontés aux difficultés de la vie, pensent que les travailleurs du Togo ont actuellement des problèmes de luxe. Nous avons récemment entendu des chiffres qui ont créé un électrochoc au sein de l’opinion, parce que, jusqu’à présent, nous ne savions pas que la condition sociale des travailleurs du Togo avait été aussi considérablement améliorée en si peu de temps.
Plus de 200% d’augmentation de salaire ont été obtenus par certains et, en moyenne, entre 2005 et 2015, tous les salaires sont montés en flèche. Figurez-vous aussi que les salaires des fonctionnaires togolais, constamment revus à la hausse, ont toujours été payés avec une grande régularité, à bonne date.
Dans ces conditions et dans un pays où des milliers de jeunes n’ont pas l’opportunité de profiter des largesses de la fonction publique, qui est-ce qui pourrait comprendre que certains chanceux abandonnent le travail, producteur de richesse, sous prétexte de réclamer la confiture, alors qu’ils ont déjà le pain et le beurre ?
Dans un pays où la majorité des gens vivent en dessous du seuil de pauvreté, comment pourrions nous comprendre que ceux qui ont plus de privilège que les autres, jettent les enfants qu’ils sont payés pour encadrer dans la rue, pour s’offrir des vacances ?
Nous connaissons tous la situation économique de notre pays, qui n’est pas différente de celle des autres pays de la sous-région. Alors, à quoi riment les débrayages répétés et les revendications fantaisistes et farfelues, telles que la démission d’un Ministre du gouvernement qui ne fait que son travail ?
Les réponses à ces questions simples renseignent sur l’opportunité et la pertinence des grèves de la STT. D’autant qu’il faut savoir que dans le fond, le gouvernement est victime de sa politique sociale.

Horizon news : Ah oui ? Expliquez-nous ce que réclame au juste la STT…

Bien. Dans le souci de réduire les effets flagrants de l’injustice sociale, le gouvernement avait cru bien faire en procédant à une augmentation substantielle du SMIG. Du coup, la situation salariale de ceux qui ont les plus petits salaires s’est sensiblement améliorée. Ce n’était que justice ! Mais c’est sans compter avec les autres travailleurs qui, à travers les centrales syndicales, exigent d’avoir les mêmes retombées financières sur tous les salaires déjà relevés. Ça induit une incidence financière énorme à laquelle un pays aux ressources limitées ne peut faire face du jour au lendemain. D’où, la nécessité de négocier pour procéder à une régularisation progressive. Sauf que là, la STT veut tout et tout de suite et s’en sert comme prétexte pour manifester en pleine période électorale. Vous voyez bien que ce sont des problèmes de luxe, très éloignés des salaires insuffisants, irréguliers et partiellement payés d’il y a quelques années seulement.
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