Le séjour amer passé par l’ancien PDG d’Elf Loïc Le Floch Prigent au Togo, lui a permis de se faire une idée sur la nature du régime qui régente le Togo depuis plus de cinq décennies. L’homme avait été arrêté et écroué dans une nébuleuse affaire d’escroquerie internationale. Il avait passé cinq mois dans les geôles de la dictature. « Le Togo n’est pas une république, c’est une dictature», avait-il déclaré après sa libération. Il est revenu à la charge dans son livre « le Mouton noir » en comparant le Togo à la « Corée du Nord de l’Afrique ».
Aujourd’hui, ce sont des organisations internationales qui donnent raison à Loïc Le Floch Prigent. Dans un rapport intitulé « En Afrique comme ailleurs, pas de démocratie sans alternance » rendu public le 1er avril par plusieurs organisations internationales participant à la campagne « Tournons la page », le Togo est classé en seconde position des dictatures familiales de sinistre réputation, juste après la Corée du Nord.
Dans le classement des pays pris en otage par une même famille, établi dans le rapport, on retrouve à la première place la Corée du Nord (93%), suivie du Togo (88%), du Gabon (87%), de la Syrie (80%), de l’Angola (78%), de Cuba (78%), de l’Ouganda (76%), de la Guinée équatoriale (76%), du Cameroun (76%) etc.
« 88% des Togolais et 87 % des Gabonais n’ont jamais connu qu’une seule famille au pouvoir…Pourtant ils ne vivent pas dans une monarchie! Si de nombreux pays d’Afrique souffrent de l’absence d’alternance, ce n’est pas une question de culture. Ce sont des systèmes organisés autour de l’accaparement du pouvoir et des richesses, au profit des dirigeants et de leur clientèle, mais aussi au profit d’États et d’investisseurs étrangers. La population est prise en otage. Le temps est venu de sa libération », peut-on lire dans le document.
On ne le dira jamais assez, le Togo est la seule exception en matière de démocratie dans l’espace UEMOA et dans la communauté CEDEAO avec la Gambie sous les bottes de l’autocrate mégalomane Yahya Jammeh.
« Nous citoyens d’Afrique, d’Europe et d’ailleurs, intellectuels, artistes, militants, journalistes, responsables religieux, associations, syndicats, appelons à un large rassemblement pour tourner la page des régimes autoritaires et construire les conditions d’une véritable démocratie en Afrique. Partageant les mêmes valeurs démocratiques et non-violentes, nous sommes déterminés à faire vivre les conditions d’une mobilisation citoyenne pour l’alternance démocratique, dans tous les pays d’Afrique subsaharienne. Il en va du devenir du continent africain », conclut le rapport.