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TOGO, TVT/TNT : la numérisation, Générale d’Afrique, de 20 à 60 milliards, la bande de voleurs qui dépouillent le trésor public
Publié le jeudi 9 avril 2015  |  Afrika express


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Annoncée en pompe en 2012, la numérisation de la Télévision nationale beugle. Ni l’installation technique, ni la construction des bâtiments alors que la société Générale d’Afrique qui exhibait le « préfinancement » a déjà encaissé 25 milliards, avenant compris. Sur un autre volet du même projet, elle évoque 35 milliards. Avec la complicité de commis d’Etat… Dans les sous-sols d’un montage qui phagocyte des milliards, âmes sensibles s’abstenir, les pourritures de billets peuvent choquer !


Adoum Frédérique Dennis. C’est l’un des seuls rares visiteurs qui ne patientent pas en salle d’attente, chez Ayassor Oteth Adji, ministre togolais des finances et de l’économie. Dieu sait pourquoi. Look de comédien, une voix suave, c’est un charmeur né. Né au désert, en tout cas pas loin, M. Adoum porte d’ailleurs les subtilités et la versatilité de dunes de sable dans son ADN. C’est un gentleman, pragmatique et direct. Un malin actif. Ses débordements de cheveux frisés par le vent et le calme du Sahel en font un « petit homme inoffensif » avec cet air amusant d’adulte qui s’attache à l’enfance. Il sait être calme, mais il a du mal à se priver de son sourire si ironique et de ses éclats de pacha. Ici, au Togo disons, c’est un roi, en tout cas au moins un roitelet. Car il fait le bonheur d’une multitude de personnes.


Ministres et sous-ministres, hommes d’Etat et hommes d’affaires, Dennis Adoum a inventé sans efforts la stratégie pour dérober à l’État les milliards, aux vues et sues des institutions de Bretton Wood. Si sa méthode est malveillante, la finalité est tout de même légale, le « préfinancement ». Lui, a de l’argent à investir, peu importe, l’Etat le remboursera plus tard. Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’à l’Etat, l’Etat et demi. Le jeu, il le joue bien.


Des réalisations virtuelles, sa société en fait partout dans le monde, sauf qu’il ne cite nulle part où les travaux sont finis. Pour illustrer le parcours de la société, il cite la Guinée et la Côte d’Ivoire notamment où il fait tout sans rien finir. Mais le plus important est ailleurs, arracher aux chefs d’Etat ( Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire et Alpha Condé de la Guinée ) des photos qui servent à légender ses légendes, illusion d’un maitre qui veut tout faire et qui ne commence pour l’instant, rien. Même chose de l’autre côté, il utilise ses photos avec Faure Gnassingbé, comme des pièces à conviction. En tout cas presque. Dans une série d’articles, Afrikaexpress.info, Le Flambeau des Démocrates et Le Triangle des Enjeux consacrent à sa société et à ses hommes ce qu’on ne lui a encore jamais fait : une descente dans les limbes de ses secrets, ceci est le premier article inaugural ! D’autres suivront !
Générale d’Afrique, elle fait en général tout…


Générale d’Afrique, le nom à lui seul dit tout. Générale mais aussi généralisée, avec 5 sièges dispersés dans la ville de Lomé, quelle exception et cela, le Pdg le défend à cœur vaillant, « cela montre que nous sommes une société de grande présence », pas de grande dispersion ? Le Pdg même loge rue Locam, discrètement, entourés de dizaines de faire-valoir triés dans plusieurs pays pour faire la crédibilité d’une société qui n’est qu’une boite à voler. Un Pdg lui aussi, dispersé, enfin, multinational dans l’âme plutôt, originaire de Djibouti et du Tchad, il est franco-américain, mais aussi Malien. Ah oui, n’oublions pas qu’il est un Touareg (ethnie présente autour du Sahel) alors partout où il y a Sahel, il peut en détenir la citoyenneté.
Générale d’Afrique! Exactement comme une alimentation générale, on y trouve tout. Tout et parfois n’importe quoi, dans une opacité illustre et inégalable. La Générale d’Afrique, c’est la mère qui se duplique en petites structures éclectiques (une dizaine au moins) dont nul n’aura jamais le contrôle et qui fait tout, ou plutôt, « entend tout faire ».

La pluralité des domaines d’intervention vous montre qu’il s’agit d’un labyrinthe, à la limite confrérique dans laquelle, d’Ayassor à Koumondji, de Barqué à Lorenzo, d’André Johnson aux moult conseillers sulfureux, tout le monde y prend part et y mange. Allègrement.


Avec le Premier ministre en cerise qui, sciemment ou inconsciemment préside le lancement d’une numérisation dont il ne semble pas suivre la suite. Entreprenariat, éducation et formation, santé et environnement, développement communautaire, exploitation minière, agroalimentaire, la liste est plus que longue et curieusement, va de coq à l’âne. Sécurité et défense, assurance maladie universelle, la banque mobile, systèmes d’informations géographiques, énergie, BTP, eau et assainissement. La liste ne finira jamais et elle évolue d’ailleurs au fil des calculs. Depuis que André Johnson est ministre de l’environnement, l’environnement et développement durable est inscrit en queue de liste. Car le nouveau ministre UFC, c’est l’un des bras droits du système Générale d’Afrique. Et il l’assume, bien habillement.



La numérisation de la TVT doit attendre


La numérisation est avant tout une bonne nouvelle. Depuis de nombreuses années, le Togo a arrêté la liste de chaines de télés et de stations de diffusion radios pour le fait que, « les canaux et les bandes passantes de l’analogie se sont épuisés ». Ce qui est vrai, l’analogie ne pouvant pas attribuer plus d’une cinquantaine de radios sans engendrer des perturbations et des confusions de fréquences.


La légendaire « FM », la Modulation de Fréquence ( Frequence Modulation), sur laquelle sont plaquées toutes nos radios aujourd’hui est plus que caduque. Pour disposer d’espace à l’infini et sans perturbation, il faut donc passer au numérique. Ce qui s’est imposé au Togo comme la plupart des pays de la sous-région. Date butoir 17 juin et jusqu’alors, les travaux n’ont pas évolué à plus de 7% (nous y consacrerons un article ultérieur).


C’est pompeusement qu’à la fin de l’année 2012, avec la présence du Premier ministre Ahoomey-Zunu, et un bataclan de personnalités, la numérisation de la Télévision nationale a été annoncée. En couleurs et en festivités. En son temps, nous avions attiré l’attention sur deux faits importants, le montant, 20 milliards, déjà exorbitant pour un tel projet. Dans la plupart des pays voisins, le montant se situe entre 5 et 9 milliards. Puis le sulfureux préfinancement supposé. A ce jour, le bâtiment n’a pas encore commencé, juste le creusage de fondation que nous avons constaté en visitant le site, à GTA, en face de l’ambassade des USA, qui devrait accueillir pour le compte de la TVT, les installations.
Alors que la première pierre est posée depuis le 13 Août 2013, les travaux n’ont commencé qu’une année plus tard, en juillet dernier. Plusieurs relais prévus pour l’intérieur du pays n’ont simplement pas démarré à ce jour et la société qui a épuisé le délai de livraison ne donne aucune explication. Toutes nos tentatives pour échanger avec elle sont vaines, ses divers cadres racontant au téléphones des ânonnements qui ajoutent du flou au nébuleux.


C’est là que se pose la question de préfinancement elle-même. La société Générale d’Afrique utilise cette voie pour ne pas participer à des appels d’offres mais ne démarre pas les travaux avant le délai nécessaire pour encaisser l’argent, ce qui lui a permis, sans avoir démarré les travaux, d’encaisser et les 20 milliards initiaux et les 5 milliards d’avenant en étant toujours à l’étape de fondation pour le bâtiment principal. Dans cette condition, la numérisation doit attendre et la TVT n’y peut rien, elle n’a pas été associée à la signature du contrat. Et le ministre de la communication du moment, Oré Djimon, a été placé devant le fait accompli, avec sous la main un contrat sorti tout prêt de la cuisine du ministère des finances. Nous reviendrons en détails dans un prochain article sur les complicités et la manière dont le contrat a été préparé et signé sans appels d’offres.

Rallonge de 5 milliards

Le contrat qui unit l’État togolais à la société Générale d’Afrique et dont nous avons copie dispose d’une rubrique « Meubles » (mobiliers et immobiliers) avec une faramineuse somme adéquate. Sauf que dans Meubles, SGA n’a pas prévu le bâtiment. Le bâtiment qui devrait loger tout le matériel déjà acheminé au Port de Lomé n’a pas été prévu au contrat alors même que la Société Générale s’époumone à défendre son expertise dans le domaine de la numérisation.


Comment comprendre et accepter qu’on veuille installer une antenne parabolique sans prévoir la pause en béton sur laquelle elle sera posée ? Quel scandale ? Près d’un an plus tard, alors que la société veut enfin démarrer les travaux, le ministère de la communication lui fait remarquer que les bâtiments ne sont pas prêts et la Société Générale d’Afrique de préciser qu’il faut un avenant de 5 milliards pour les bâtiments. Soit 25% du budget global de tout le projet.

Comment comprendre et accepter que pendant que la Banque Mondiale et le Fonds monétaire international insistent pour que le Togo fasse « un effort sensible de transparence dans la gestion des deniers publics », et que Transparency international accable le pays de l’équivalent du prix Nobel de la mal gouvernance, le gouvernement accepte un tel avenant qui ne répond à aucune norme ? Cela s’explique par les complicités dont bénéficie la Société Générale d’Afrique au sein du ministère de l’économie et de tout le gouvernement. Mais aussi dans les cavernes du pouvoir.

Alors que nous bouclons cet article, l’information portant sur un nébuleux complément de 35 milliards, destinés à un autre volet du même projet nous est parvenu et là encore, la même stratégie : le préfinancement.



Afrikaexpress, Le Flambeau des Démocrates et Triangle des Enjeux.
NB : Cette enquête réalisée par les trois rédactions est la première d’une série sur cette affaire rocambolesque.

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