Les partis politiques togolais qui ont des candidats sont engagés dans la course à la présidentielle sont parvenus à s’entendre sur le fichier électoral qui servira de base au scrutin du 25 avril prochain. Les listes ont été vérifiées, nettoyées puis consolidées par les expert de la Céni (Commission électorale) et par ceux de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) appelés en renfort par le gouvernement.
Les difficultés ont été surmontées. Impossible n'est pas togolais ! Fidèle à cet adage, le pays peut désormais rentrer sereinement en campagne.
Gilbert Bawara, le ministre de l’Administration territoriale, se félicite de l’adhésion de l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile à ce fichier qui présente toutes les garanties de fiabilité.
A propos de la polémique naissante sur le processus de collecte des résultats, M. Bawara se veut très clair : ‘Le système mis en place répond aux inquiétudes exprimées autrefois par l’opposition concernant les risques de manipulation ou de tripatouillage des procès-verbaux’.
Republicoftogo.com : Les partis se sont finalement entendus sur le fichier électoral. Que vous inspire cet accord ?
Gilbert Bawara : Il ne s’agit pas à proprement parler d’un accord mais d’un consensus sans réserve et d’une adhésion totale de l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile concernant la bonne qualité du fichier électoral et la fiabilité des listes électorales.
Depuis le début, le gouvernement n’a jamais eu de doute. Il était évident, comme j’ai eu l’occasion de le répéter à maintes reprises, que nous étions face à une opération de manipulation et de mystification. Une véritable supercherie avec pour objectif de susciter et d’entretenir le doute et la confusion, de décrédibiliser et de discréditer le processus électoral et par voie de conséquence les résultats du scrutin.
Pour éviter le piège qui lui était tendu et réaffirmer sa bonne volonté et son attachement à la transparence et à la crédibilité du processus électoral, le gouvernement a sans aucune hésitation sollicité l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Elle dispose de l’expérience et de l’expertise en la matière afin d’appuyer la Céni dans la consolidation des listes électorales. Le travail a été fait dans la transparence, en toute liberté et sérénité avec la participation des experts désignés par tous les candidats.Je m’en réjouis et je félicite la mission de l’OIF et les experts des candidats pour le travail remarquable réalisé. Quelques erreurs et anomalies mineures ont été décelées et corrigées et des recommandations ont été formulées notamment en vue de la suppression du vote des omis et pour prévenir tout tentative de vote frauduleux liée aux duplicatas qui ont été obtenus lors de la révision. A l’issue des opérations, le fichier est passé de 3.529.781 inscrits sur les listes électorales provisoires à 3.517.377 inscrits après traitement des enregistrements multiples et des contentieux (radiation des personnes décédées comprise) et finalement 3.509.258 inscrits sur les listes définitives après travaux du comité de consolidation et de vérification.
Tout le monde est maintenant définitivement rassuré. L’élection présidentielle se tiendra sur la base de listes électorales totalement sincères et fiables.
Republicoftogo.com : Quelle est désormais la suite du processus électoral ?
Gilbert Bawara : La campagne électorale va démarrer dans les délais requis et le scrutin se tiendra le 25 avril. Les partis politiques et les entités concernées s’affairent pour la désignation de leurs représentants dans les bureaux de vote et le reste du matériel électoral est etdisponible. La pré-campagne a été active et intense sur toute l’étendue du territoire national surtout du côté des candidats de l’opposition ; le chefde l’Etat étant accaparé par les affaires de l’Etat.
C’est donc la dernière ligne droite.
Republicoftogo.com : La campagne électorale est-elle une étape obligée ou attendez-vous de cette dizaine de jours un élan démocratique ?
Gilbert Bawara : La campagne électorale est indispensable. Elle doit permettre aux candidats de décliner leurs programmes et projets respectifs et d’indiquer leurs visions pour l’avenir de notre pays. Je souhaite que cette campagne soit empreinte de courtoisie et de respect mutuel et qu’elle soit surtout l’occasion d’un vrai débat démocratique de fond, d’une confrontation des idées pour permettre aux électeurs de se déterminer en connaissance de cause. Nous devons aussi en faire un moment de convivialité en évitant les heurts et les attitudes et propos outranciers ou les attaques personnelles.
Les Togolais sont assez matures politiquement et ils ne se contenteront pas des proclamations d’intention. Dans tous les secteurs et domaines de la vie nationale, ils attendent des diagnostics fiables et des propositions précises, concrètes et crédibles.
Republicoftogo.com : Des candidats ont manifesté des inquiétudes quant au système de collecte des résultats. Partagez-vous ces craintes ?
Gilbert Bawara : Comme vous le savez, la Céni est un organe indépendant qui fonctionne et prend ses décisions de manière collégiale dans le respect de son règlement intérieur. Elle doit travailler à l’abri des interférences et des pressions des états-majors politiques. Elle a décidé des modalités de centralisation et de transmission des résultats avec la mise en place d’un système appelé ‘SUCCES’. Les modalités arrêtées préservent intégralement le système des procès-verbaux des résultats qui demeurent l’élément fondamental de la proclamation des résultats provisoires, le fondement du contentieux électoral et le soubassement de la proclamationdes résultats définitifs par la Cour constitutionnelle.
Les innovations introduites déjà lors des élections législatives de juillet 2013 et améliorées et perfectionnées lors de la prochaine électionprésidentielle visent plutôt à renforcer la fiabilité, la traçabilité, la sécurité et la célérité du processus de transmission.
Ce système répond aussi aux inquiétudes exprimées autrefois par l’opposition concernant les risques de manipulation ou de tripatouillage des procès-verbaux au cours des trajets entre les bureaux de vote et les Céli (Commissions électorales locales, ndlr).
Un tel risque n’existe plus. SUCCES offre même la possibilité de croisement et de contre-vérification des résultats. Au demeurant, la composition des bureaux de vote, qui comprennent des représentants de toutes les sensibilités et tendances politiques à l’image du caractère inclusif de la Céni et des Céli, et la prise en charge des délégués de chaque candidat dans tous les bureaux sont des mesures qui prémunissent contre les risques de fraudes. Toutes ces mesures garantissent et renforcent la transparence, la fiabilité et la crédibilité des opérations de vote, le dépouillement, la compilation et la transmission des résultats.
Les candidats peuvent même s’échanger les procès-verbaux afin d’opérer les vérifications nécessaires. Le renforcement de la transparence et de la fiabilité des résultats devrait être salué sauf pour ceux qui auraient eu des desseins inavoués !
Republicoftogo.com : Le vote achevé, les résultats ne sont jamais connus très rapidement. Plusieurs jours sont nécessaires avant d’avoir le nom du gagnant. Les choses vont-elles changer cette fois ?
Gilbert Bawara : Justement, les modalités de centralisation et de transmission des résultats permettent de remédier à ce genre de situation. Il faut à la fois éviter toute précipitation porteuse de germes de contestations et en même temps assurer la remontée et la proclamation diligentes des résultats.
SUCCES utilise plusieurs modes et canaux de transmission des résultats et garantit à la fois la vérification minutieuse et même la contre-vérification de ces résultats sortis des urnes et des bureaux de vote dans un souci de fiabilité, de transparence et de crédibilité,tout en répondant à l’exigence de célérité.
Republicoftogo.com : Les médias ne seront pas autorités à publier les résultats partiels avant une proclamation officielle. Pourquoi une telle mesure ?
Gilbert Bawara : Au cours de la réunion du Comité de suivi du 7 avril, le président de la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la Communication (HAAC) a fait le point des mesures prises pour assurer une couverture juste et équitable par les médias publics et privés.
Il y a également des mesures encadrant la proclamation des résultats dont l’objectif est d’éviter toute tentative de manipulation qui pourrait engendrer ou entretenir un climat de tension, de contestation voire de violence.
Même si les médias se groupaient, seraient-ils en mesure de déployer suffisamment de journalistes dans les 8 994 bureaux de vote pour s’assurer que les résultats qu’ils annoncent sont ceux qui ont été affichés dans les bureaux ? Je ne crois pas.
Il n’est pas interdit de faire part des résultats affichés dans les bureaux de vote ou dans les Céli, mais donner le sentiment de disposer de l’ensemble des résultats pour forunir des tendances crédibles ou pour se déterminer sur l’issue du scrutin,uniquement sur la base de quelques bureaux de vote,constituerait de la manipulation, de la désinformation et de l’intoxication aux conséquences incalculables sur l’ordre public et la paix sociale. Il est donc important pour les médias de faire preuve de patience, de prudence et de précaution.
Republicoftogo.com : Certains paris – très minoritaires - appellent les électeurs au boycott et d’autres menacent de bloquer le processus électoral
Gilbert Bawara : Je viens d’achever une tournée dans plusieurs localités du Grand Lomé, et j’ai plutôt constaté une forte attente et mobilisation des Togolais pour l’élection présidentielle. Tous sont déterminés à aller aux urnes, à exercer pleinement leur liberté et leur droit, à assumer leur responsabilité citoyenne.
Il y a une indifférence manifeste des électeurs par rapport aux groupuscules qui disent que l’élection n’aura pas lieu ou qu’il faut la boycotter. Au niveau du gouvernement nous respectons tout ce qui traduit la liberté d’opinion, d’expression ou de manifestation. Mais si des comportements, des attitudes ou des actes venaient à poser des problèmes pour la préservation de l’ordre public et face aux exigences de paix sociale et de cohésion nationale, les mesures nécessaires seraient prises, avec rigueur et fermeté.
Republicoftogo.com : Etes-vous satisfait du processus électoral tel qu’il a été enclenché il y a quelques semaines et quels sont les aspects perfectibles ?
Gilbert Bawara : A ce stade, je suis pleinement satisfait. Le processus se déroule dans des conditions satisfaisantes. Les partis politiques majeurs y contribuent et je m’en félicite. Je souhaite que nous continuions à œuvrer pour que ce processus électoral aboutisse, dans la quiétude et la paix.
A l’issue du scrutin, nous pourrons en tirer tous les enseignements et continuer à consolider les avancées successives obtenues depuis 2007 et même perfectionner davantage le système électoral et les conditions d’organisation des élections. C’est une tâche collective.