Le Togo est désormais à la croisée des chemins, se hisser au rang des pays démocratiques ou basculer définitivement dans la liste rouge des Républiques bananières où tout se fait à l’envers, dans le désordre et l’anarchie.
Si l’option de Faure Gnassingbé est de s’affirmer démocrate et homme d’Etat, il devra relever impérativement trois défis majeurs : liquider honnêtement les dossiers judiciaires sombres qui dégagent l’odeur infernale d’une cabale politique, engager réellement les réformes institutionnelles et constitutionnelles et assainir la gestion des ressources de l’Etat.
Tout le monde connaît aujourd’hui l’abîme dans lequel le Togo a été plongé au cours de l’année 2013, rien que pour des questions de justice. Par devant la cour de justice de la CEDEAO, après la question des neuf députés tranchée courant 2012, le Togo a encore été frappé par deux condamnations, notamment dans l’affaire Kpatcha Gnassingbé et celle d’Agba Bertin. C’est une vraie honte !
Ici au plan local, l’affaire des incendies des marchés a été gérée avec tellement d’incohérences et d’absurdités que beaucoup d’observateurs avertis ont fini par conclure à l’absence même du droit au Togo.
Le dossier Bodjona qui a défrayé la chronique depuis septembre 2012 a lui aussi achevé de révéler les carences de la justice togolaise, sinon son assujettissement complet au politique. Tout cela devra être corrigé et les gens injustement mis en cause devront être rétablis dans leurs droits.
En réalité, c’est une question de bon sens et d’intelligence que de chercher à tout prix à corriger, sans complexe ni état d’âme, tout ce qui a été fait en marge de la loi et du droit au Togo, puisque justement, l’image du pays et de ses dirigeants en dépend.
Ce serait utopique et même illusoire que d’espérer restaurer l’image écornée du Togo autrement que par des pratiques orthodoxes, saines et dignes d’une République, d’un Etat de droit.
Ce qui a été fait par le passé frisait naturellement la démence et la folie des gens égarés par l’esprit malsain de vengeance aveugle mais surtout aussi de calculs politiques intéressés.
L’heure de la catharsis a aujourd’hui sonné surtout que bon gré mal gré, vaille que vaille, UNIR a fini par atteindre son objectif qui consistait à rafler, par tous les moyens, la majorité absolue à l’Assemblée Nationale.
La question des réformes institutionnelles et constitutionnelles relève elle aussi du bon sens mais surtout aussi de l’honnêteté intellectuelle ou même morale.
Il n’est pas concevable que dans une République l’on impose de fait, l’hérédité dynastique du pouvoir exécutif surtout après un si long règne d’une même famille biologique et politique.
C’est donc naturellement que la limitation de mandat s’impose à Faure Gnassingbé et à son pouvoir. A cela s’ajoute le mode de scrutin à deux tours et les réformes des institutions de la République telles la cour suprême, la HAAC etc.
Une démocratie saine est régie et sous-tendue par des institutions fortes qui, elles aussi, fonctionnent exclusivement sur la base des statuts et des textes propres et impartiaux.
Œuvrer pour donner une puissance aux institutions de la République et situer le peuple sur la question de la limitation de mandat présidentiel sera un socle sur lequel vont reposer les fondements de la démocratie togolaise.
Autrement ce ne serait qu’une permanente navigation à vue, infestée par d’interminables calculs partisans et intéressés qui n’ont rien à voir avec l’intérêt du peuple.
L’heure des hommes providentiels est révolue de par le monde et se serait faire preuve d’inintelligence et de malhonnêteté que de conférer, en ce 21ème siècle, des missions messianiques à un dirigeant à la tête d’un Etat.
Mais au-delà tout, la franchise et la transparence dans la gestion du bien commun est la clé de voûte qui consacre la confiance entre le peuple et ses dirigeants.
Au Togo, au-delà des discours et des veux pieux, la preuve d’une gestion saine du bien public reste à donner.
La situation est presque catastrophique au point où, par lapsus ou par flatterie, le Président de la République s’était empressé d’affirmer qu’au Togo, seule une minorité s’accapare de l’essentiel des richesses du pays sans qu’il ne prenne une seule mesure pour réparer ce tort et ce lourd tribu que son régime est en train de causer au peuple togolais.
S’il veut restaurer l’image du pays et se donner lui-même l’image d’un homme d’Etat, il se doit, immanquablement de regarder de près ce volet pour mettre fin à cette gloutenerie et cette gourmandise qui font le propre de son régime.
Il est inconcevable que le Chef de l’Etat ait établi par lui-même un tel diagnostic désastreux dans la gestion des ressources de l’Etat et que, pendant près de deux ans, qu’il reste encore passif devant un tel niveau de gangstérisme économique. Là aussi, l’heure de l’action a sonné.
S’il réussit à relever ces trois défis qui s’imposent à lui, en ce moment précis, Faure Gnassingbé pourra alors se targuer d’avoir posé des jalons d’un Etat démocratique au Togo, autrement, ses deux mandats n’auraient servi qu’à l’enrichissement immoral de la poignée qui l’entoure, aux règlements de comptes politiques et à une navigation puérile à vue qui n’a fait qu’exposer les limites intellectuelles et morales de l’équipe qu’il aura chapeautée pendant 10 ans à la tête du Togo.