Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, Evêque d’Atakpamé (environ 175 km au nord de Lomé) et ancien président de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) a été fait « chevalier de la Légion d’honneur » – la plus haute décoration française – par François Hollande pour toutes ses actions en faveur d’un « Togo réconcilié avec lui-même ».
Les insignes lui ont été remis vendredi soir par l’ambassadeur de France au Togo Nicolas Warnery en présence de personnalités parmi lesquelles l’Archevêque de Lomé Mgr Denis Komivi Amuzu-Dzakpah et les ministres Gilbert Bawara de l’administration territoriale et Mmes Dédé Ahoéfa Ekoué de l’action sociale et Victoire Tomégah-Dogbé du développement à la base.
Des diplomates dont les ambassadeurs des Etats-Unis Robert E. Whitehead et de l’Allemagne Joseph Weiss ont également assisté à la cérémonie à la résidence de France.
Certains responsables de l’opposition togolaise dont Jean Pierre Fabre de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), Me Dodji Apévon du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) et Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson de la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA) étaient aussi présents. Les anciens Premiers ministres Edem Kodjo et Me Joseph Kokou Koffigoh et des membres de la CVJR étaient également de la « fête ».
Selon l’ambassadeur de France au Togo, la république française – par cette distinction – apporte son « plein soutien à la démarche de réconciliation, de dialogue et de paix menée, depuis de nombreuses années par Mgr Nicodème Barrigah-Benissan en vue de l’avènement d’un Togo apaisé, démocratique et émergent ».
« A la tête de la CVJR, votre disponibilité, votre écoute, votre capacité à dire aux victimes votre compassion et celle de la commission et à les inviter à se tourner vers l’avenir et, peut-être, vers le pardon, vous permettent d’accomplir une œuvre considérable. Œuvre qui n’est, sans doute, pas encore estimée à sa juste valeur. Mais œuvre féconde, qui ouvre un chemin de paix, non seulement pour le pays, mais aussi pour les victimes et, peut-être un jour, pour les bourreaux », a déclaré M.Warnery devant le Prélat.
« Un chemin qui permette, malgré les obstacles, de dépasser les douleurs du passé, de surmonter les conflits du présent et d’affronter les défis de l’avenir. Le rapport final de la CVJR publié en avril 2012 marque une étape décisive dans le processus de réconciliation », a-t-il ajouté.
Installé le 29 mai 2009 par le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé, la CVJR émane d’un processus lié à la quête de la concorde nationale susceptible de permettre au Togo de panser les séquelles de ses développements historiques conflictuels.
Elle avait pour mission de déterminer les causes, l’étendue et les conséquences des violations des droits de l’Homme et les violences qui ont secoué les fondements de la communauté togolaise de 1958 à 2005 et de proposer des mesures susceptibles de favoriser le pardon et la réconciliation.
Au cours de sa mission, elle avait enregistré 22.415 dépositions. Sur un total de 8.080 dossiers présélectionnés, la Commission a pu auditionner 425 en séances publiques, 30 en séances in camera, 50 en privé, 5 en Vidéoconférence et 13 en audiences spéciales.
« Je ressens en moi un double sentiment à la fois comme un grand honneur qui m’est fait, mais en même temps, j’éprouve un sentiment d’indignité parce qu’au fond, je n’ai fait qu’accomplir mes devoirs de citoyen et d’homme religieux et d’Evêque », a déclaré à l’Agence Savoir News Mgr Barrigah-Benissan.
« Je suis heureux, je suis content d’avoir reçu cette distinction. Je remercie le Seigneur qui nous a aidés au cours de ces mois à travers la mission qui m’a été confié », a-t-il ajouté.
Né à Ouagadougou en mai 1963, Mgr Barrigah-Benissan a fait ses études à l’école catholique de Nyékonakpoé, au Petit Séminaire Saint Pie X et au Grand Séminaire Saint Gall de Ouidah, au Bénin.
Ordonné prêtre en août 1987, il devient vicaire paroissial à la cathédrale de Lomé. En 1988, il reprend des études en théologie dogmatique à l’Institut catholique d’Abidjan avant de suivre, entre 1993 et 1997, un cursus en diplomatie à l’Académie pontificale de Rome.
Ses affectations vont le conduire successivement au Rwanda, au Salvador, en Côte d’Ivoire, puis en Israël.
De retour au Togo en 2008, il fut nommé Evêque d’Atakpamé et Président de la Commission épiscopale nationale Justice et Paix au sein de la Conférence des évêques du Togo. FIN