Le 22 octobre de chaque année a été proclamée "Journée mondiale de l'énergie" à l'ouverture lundi à Dubaï du Forum mondial de l'énergie, réuni pour la première fois en dehors du siège de l'ONU à New York.
Au cours d'une cérémonie solennelle, les 25 pays présents au Forum ont signé "une déclaration internationale pour la Journée mondiale de l'Energie".
Quelque "1,5 milliard sur les 7 milliards d'habitants de la planète sont privés d'électricité, ce qui pose un défi à relever par la coopération et la coordination entre pays avancés et en développement", a déclaré un responsable de l'émirat de Dubaï, cheikh Maktoum Ben Mohamed Al-Maktoum.
'L'accès à l'énergie devrait être un droit fondamental pour chaque personne et une priorité pour les plus hautes autorités dans tous les pays', a affirmé pour sa part le président du Forum, Harold Hyunsuk Oh.
Il a ajouté que le monde connaissait "un changement sans précédent en matière d'énergie", avec le développement des énergies renouvelables comme l'énergie solaire ou éolienne.
Le Forum mondial, qui réunit pendant trois jours quelque 2.000 délégués, offre un cadre de concertation sur les moyens de favoriser l'accès de tous à une énergie propre et durable.
Au Togo, cette Journée a été marquée par une intervention du ministre des Mines et de l’Energie, Noukopou Dammipi.
Conscient de la place de l’énergie dans sa politique de relance économique, le Gouvernement togolais a su très tôt engager des réflexions pour relever les défis liés à la problématique de l’accès à l’énergie et à la lutte contre la pauvreté, a rappelé le ministre.
En dépit d’un accroissement de 27% de la consommation totale d’énergie observée entre 2000 et 2008, les études conduites révèlent que 95% de l’énergie électrique est consommée par la population vivant en milieu urbain. Or, plus de 60% de la population vit en milieu rural ce qui constitue un grand contraste, a souligné M. Dammipi.
Il a rappelé que le gouvernement venait d’attaquer la phase 2 d’un vaste programme d’électrification rurale. Il a, en outre, invité la population à promouvoir les énergies renouvelables.
‘L’accroissement exponentiel de nos besoins en énergie et l’amoindrissement continuel des réserves d’énergie fossile, en particulier le pétrole et le gaz, et l’impact de leur utilisation sur l’environnement nous impose d’engager collectivement une réflexion stratégique sur la promotion et le développement des énergies renouvelables’, a-t-il déclaré, citant en particulier l’éolien, le solaire, l’hydraulique et la biomasse.
Voici l'intervention du ministre des Mines et de l'Energie
Avant tout propos, je voudrais, en cette circonstance solennelle, m’acquitter d’un noble devoir ; celui de vous exprimer, au nom du Chef de l’Etat, du gouvernement et en mon nom propre, toute notre gratitude d’avoir accepté notre invitation et de vous être éloignés de vos préoccupations ordinaires pour venir partager avec nous cet événement historique.
L’honneur m’échoit en ce jour du 22 octobre 2013, jour apothéose des festivités marquant, la célébration de la première journée mondiale de l’énergie durable, de jeter avec vous, un regard sur ledit secteur au Togo afin d’y retracer l’histoire récente, de faire le point des initiatives en cours et d’entrevoir les défis et perspectives.
Mesdames et Messieurs,
L’institution et la célébration de la journée mondiale de l’énergie durable constitue la mise en œuvre de l’une des recommandations des assises du forum mondial de l’énergie tenu à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis les 22, 23 et 24 octobre 2012.
En effet, l’année 2012 a été proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies “Année internationale de l'énergie durable pour tous”. Pour ce faire, un forum de haut niveau a été organisé à Dubaï pour marquer cette proclamation.
Il vous souvient qu’au cours dudit forum auquel ont pris part plusieurs chefs d’Etat et de Gouvernement, dont Son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE, Président de la République Togolaise, l’honorable Wu HONGBO, Secrétaire général adjoint des Nations Unies pour les affaires économiques et sociales a rappelé les trois objectifs principaux de l’agenda mondial de l’énergie à l’horizon 2030.
Il s’agit de :
- (i) l’accès universel aux services énergétiques modernes ;
- (ii) du doublement du taux d’amélioration de l’efficacité énergétique;
- (iii) de l’augmentation de 50 % de l’utilisation des énergies renouvelables dans le monde.
Vous vous en doutez, l’accès à l’énergie est devenue ces dernières années une préoccupation majeure pour la communauté internationale.
Ainsi, dans la Déclaration de principes sur l’énergie pour tous présentée en novembre 2011, Ban Ki-Moon, Secrétaire général des Nations Unies indiquait que ”pour vaincre la pauvreté et sauver la planète, nous pouvons et devons assurer une énergie durable pour tous à l’horizon 2030. Pour y parvenir, tous les pays et tous les secteurs devront s’employer à donner forme aux politiques et aux investissements requis pour dessiner de meilleures perspectives énergétiques“.
Conscient de la place de l’énergie dans sa politique de relance économique, le Gouvernement togolais a su très tôt engager des réflexions pour relever les défis liés à la problématique de l’accès à l’énergie et à la lutte contre la pauvreté.
A la suite d’une étude, il a été noté qu’il y’a nécessité de revoir le mécanisme mis en place pour l’alimentation du pays en énergie électrique pour doter le pays d’infrastructures appropriées pour répondre aux défis. Voilà qui va placer l’énergie au cœur de la politique de relance économique initiée par le Chef de l’Etat.
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Il serait fastidieux, de faire ici un bilan détaillé de la consommation d’énergie dans notre pays. Toutefois, il me plait de nous rappeler qu’au dernier décompte en 2008, dans le cadre de l’élaboration du rapport annuel du système d’information énergétique (SIE), il est apparu que la consommation finale d’énergie par habitant en 2008 est de 0,29 tonne équivalent pétrole (TEP) ; une valeur nettement très faible, comparativement à la moyenne africaine qui s’élève à 0,5 tonne équivalent pétrole tep/hbt.
Par ailleurs, il s’est avéré que la biomasse énergie (bois de feu, charbon de bois, déchets végétaux) représente 71 % de la consommation finale totale, alors que l’électricité, n’en représente que 3 %.
En dépit d’un accroissement de 27% de la consommation totale d’énergie observée entre 2000 et 2008, les études conduites par les services techniques de mon département révèlent que 95% de l’énergie électrique est consommée par la population vivant en milieu urbain . Or plus de 60% de notre population vie en milieu rural ce qui semble être évidement un grand contraste.
Pendant ce temps, on note une augmentation de 20% de la consommation totale de biomasse et de 45% de celle des produits pétroliers, exposant le pays aux effets pervers de la déforestation, l’une des plus importante cause du déséquilibre climatique que nous connaissons ces derniers temps, et la dépendance vis à vis des produits pétroliers.
L’accroissement exponentiel de nos besoins en énergie et l’amoindrissement continuel des réserves d’énergie fossile, en particulier le pétrole et le gaz, et l’impact de leur utilisation sur l’environnement nous impose d’engager collectivement une réflexion stratégique sur la promotion et le développement des énergies renouvelables. Pour cela, nous devons trouver ensemble les moyens de satisfaire les besoins en énergie de nos populations respectives, sans compromettre notre avenir commun.
Notre pays, regorge de ressources en énergies renouvelables diversifiées et abondantes : éolien, solaire, hydraulique, biomasse….pour ne citer que celles-là. Malheureusement, ce potentiel est encore largement sous exploité.
Aussi, sommes nous pleinement engagés en faveur de toute initiative tendant à promouvoir l’accès à l’énergie dans une perspective durable. Nous citerons pour preuve :
- notre engagement au profit des projets de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui a adopté en 2006 le livre blanc sur “l’accès aux services énergétiques des populations rurales et périurbaines pour l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement”.
- le projet de construction d’une centrale éolienne de 25.4 MW par la société DELTA WIND dont les travaux sont en cours.
- Le projet d’électrification de 22 villages par le système solaire photovoltaïque sur financement de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine.
- Le projet d’installation de 13.000 lampadaires solaires
D’énormes efforts sont consentis par le gouvernement pour accroitre l’accès aux énergies modernes de nos populations rurales.
Actuellement :
- Le projet d’électrification de 71 villages couvrant toutes les régions du Togo est lancé d’ici aout 2014 ces localités seront raccordées au réseau électrique de la CEET.
- Le projet de renforcement et de construction des alimentations en énergie électrique, permettra de renforcer le réseau moyenne tension interurbain et de faciliter l’écoulement de l’énergie de Lomé vers l’intérieur du pays par la construction d’une ligne de 161 kV Lomé Atakpamé.
- Le projet de ligne 330 kV d’interconnexion entre le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigeria devant favoriser les échanges d’énergie entre les quatre Etats.
- Le projet d’élaboration d’un schéma directeur pour le secteur de l’électricité au Togo.
De manière pratique, le Gouvernement a multiplié ces dernières années, avec le concours de ses partenaires techniques et financiers un vaste chantier consistant à la relecture des instruments juridiques et réglementaires du secteur de l’énergie, à la réhabilitation et au renforcement des infrastructures de production d’énergie en vue de la sécurisation de l’approvisionnement et de la relance de l’économie nationale, grâce à la disponibilité énergétique qui rassure les opérateurs économiques et les investisseurs industriels.
Mesdames et Messieurs,
Comme vous le savez, notre département a un vaste programme d’électrification en direction du monde rural. C’est pour quoi en prélude à cette journée, nous avons procédé les 17 et 18 octobre derniers au lancement officiel du projet d’électrification rurale phase 2, sur toute l’étendue du territoire national ; près d’une quatre vingtaine de localités réparties dans les cinq régions économiques du Togo sont concernées, en vue de permettre aux bénéficiaires de satisfaire leurs besoins fondamentaux à l’accès aux services énergétiques.
La cérémonie de ce lancement a eu lieu à :
Djagblé dans la Préfecture de ZIO pour le compte de la région Maritime,
Morétan dans la Préfecture de l’EST–MONO-région des Plateaux ;
Kazaboua dans la Préfecture de SOTOUBOUA-région Centrale ;
Sarakawa dans la Préfecture de la K0ZAH-région de la Kara et
Bidjenga dans la Préfecture de TONE-région des Savanes.
C’est pour moi, le lieu d’exprimer, au nom du Gouvernement Togolais, et en mon nom personnel, nos sentiments de gratitudes à la Banque ouest africaine de développement (BOAD), à la Banque d’Investissement de la CEDEAO, à la Commission de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), à la Banque africaine de développement (BAD), à la Banque mondiale, à l’Agence française de développement (AFD), à la Commission de l’union Européenne, aux Gouvernements Chinois et Indien, au West african power pool (Wapp), au Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et à tous les partenaires technique et financier qui ont bien voulu accompagner le Gouvernement Togolais dans sa nouvelle politique énergétique. Nous espérons pouvoir toujours compter sur eux pour faire face à la longue liste des défis qui nous attendent.
Distingués invités,
La politique de relance économique du Gouvernement, déclinée dans le cadre de la Stratégie de la Croissance et la Promotion de l’Emploi (SCAPE), sera matérialisée dans sa phase opérationnelle par l’élargissement de notre tissu industriel avec le démarrage et/ou l’accroissement des activités de plusieurs unités industrielles dans le secteur minier, l’extension de l’aérogare de Lomé , la construction du troisième quai, la construction de la darse par le projet LCT ou encore la construction du chemin de fer Lomé-Cinkassé, sans oublier l’accroissement de l’activité que va générer tous ces projets.
Toutes ces initiatives, vont, en plus des projets d’électrification et d’extension doubler notre besoin en énergie électrique et le porter à environ 500 MW, pour une disponibilité assurée aujourd’hui autour de 130 MW.
Au vu de cette réalité, il va de soi que nos réflexions dans le cadre du renforcement de notre système national de production, c’est ainsi que nous nourrissons l’ambition d’élever de 10% la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays.
Le Togo notre pays adhère avec une conviction profonde à l’approche qui mise désormais sur les énergies renouvelables. Elles sont en effet la voie de l’avenir et nous permettent d’ores et déjà de surmonter nos modestes dotations en sources d’énergie fossiles traditionnelles, moins en phase avec les exigences du développement durable.
Les projets d’électrification de certaines localités et infrastructures communautaires plus particulièrement en milieu rural, bâtiments publics à partir du solaire sont une parfaite illustration de notre engagement dans cette nouvelle approche.
En tout état de cause, la célébration de la présente journée mondiale de l’énergie, m’offre l’occasion de convier chacune et chacun d’entre nous à des comportements éco-responsables pour la préservation de l’environnement et à l’économie d’énergie. Les drames socioéconomiques des délestages électriques des années 1998 et 2006, devront interpeller chacune et chacun d’entre nous sur le caractère précieux et indispensable de cette denrée qui se fait de plus en plus rare avec l’épuisement des réserves mondiales de gisements d’origine fossiles.
Nous nourrissons beaucoup d’ambitions pour ce secteur, et avons besoin de votre appui pour atteindre nos objectifs, notamment la création d’une agence d’électrification rurale pour résoudre les problèmes d’accès aux services énergétiques du monde rural et créer des emplois.
Je saisis cette occasion solennelle pour exprimer la reconnaissance du gouvernement aux acteurs engagés dans la promotion des énergies renouvelables. Et je partage pleinement avec vous les difficultés rencontrées dans vos activités. Mon département continuera à travailler avec vous pour promouvoir le développement de ces énergies.
Pour clore mon propos, je voudrais réitérer la détermination du gouvernement, sous l’autorité du Chef de l’Etat, Son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE à accroitre l’accès à tous à une énergie de qualité en quantité suffisante et dans une approche durable, conformément aux orientations de la communauté des nations.