Sur le chemin de l’intégration économique et des peuples, si cher à l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), se dresse un obstacle de taille sous la forme des tracasseries routières. Si des dispositions règlementaires ont été prises aux niveaux des Etats, leur non application constitue une véritable épine dans le pied de l’Uemoa et de la Cedeao.
Dans les chantiers du processus d’intégration de l’UEMOA figure en bonne place celui de la paix et de la sécurité. En guise de perspective, un projet d’Acte additionnel instituant une politique commune en matière de paix et sécurité sera soumis à l’adoption de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement qui démarre ce jour, 24 octobre à Dakar.
Dans la communication qu’il a faite hier mercredi à l’occasion de l’atelier d’information sur les chantiers du processus d’intégration, le responsable du Département du Marché Régional, du Commerce, de la Concurrence et de la Coopération (DMRC) a cependant réagi sur les interpellations relatives aux tracasseries routières qui sont monnaies courantes sur les différents corridors reliant les Etats membres de l’Uemoa notamment et qui sont de nature à porter un coup dur audit processus d’intégration.
Dans tous les Etats qui composent l’union, le phénomène dégénère et se régénère compte tenu de la situation politique dans certains pays membres, de la difficulté à limiter le contrôle routier à l’essentiel et surtout, dit-on, de la pauvreté, facteur favorisant la corruption dans nos Etats. Certains axes inter-Etats comme le corridor Dakar-Bamako sont plus réputés que d’autres dans le domaine de la pratique du racket et des tracasseries routières en général.
Pour le Commissaire de l’Uemoa, certains Etats ont réussi à juguler le phénomène ou tout au moins à le minimiser. « La difficulté principale relève par ailleurs de la frilosité de certains Etats par rapport à la circulation des armes et de la drogue. Cependant, des dispositions sont prises par les différents Etats par rapport aux tracasseries policières, douanières, etc.. C’est l’application de ces dispositions qui pose encore problème. »
Toujours est-il que les cas de racket, corruption, des pratiques dites « anormales » continuent de se perpétuer sur les différents axes inter-Etats à travers des postes de contrôles innombrables. Une situation susceptible d’affecter la stabilité financière de la sous région.
Le quinzième rapport de l’UEMOA épinglait d’ailleurs la Côte d’Ivoire en première position devant le Mali et le Sénégal. De 150 milliards de FCfa en 2008, l’impact du racket sur l’économie ivoirienne aurait grimpé à 350 milliards de FCfa en 2011.
L’Uemoa, pour sa part, réagit à chaque fois que des pratiques similaires sont signalées en « essayant de régler les problèmes », souligne le Commissaire qui précise cependant des problèmes décisionnels aux niveaux de certains Etats. « Parfois c’est un officier voire un directeur général ou autre qui décide de mettre en place un poste-frontière à tel endroit. »
Toujours est-il que la stratégie de l’Uemoa semble être plus réactive que proactive. Mais pour le Commissire de l’Uemoa, « elle est proactive et réactive en même temps. La démarche proactive consiste cependant à faire dans la sensibilisation au niveau de toutes les catégories d’acteurs. »
Il apparaît par ailleurs que si on arrivait à faire en sorte que les armes et la drogue circulaient moins à travers les Etats, « les choses seraient beaucoup plus facile. » Néanmoins, il manque une volonté politique forte des Etats membres pour faire de la circulation des biens et des personnes une réalité.
Pour appuyer sur la nécessité de cette volonté politique, le Commissaire de jauger le problème sous un autre prisme en prenant l’exemple des étudiants qui sont de nationalité Uemoa et « il n’y aucune raison qu’un étudiant Burkinabe ou autre vienne étudier au Sénégal, par exemple et paye 1,5 million de FCfa et que l’étudiant sénégalais, lui, paye moins. »
l’Union, dans les domaines de l’élimination des obstacles à la libre circulation des personnes, des biens, des services et le droit d’établissement; la stimulation de la concurrence; la promotion des échanges commerciaux intra-communautaires, entre autres.
Léger frémissement
Des évolutions favorables concernant la lutte contre les tracasseries routières ont toutefois été notées. Sur l’axe Bamako-Dakar, en 2011, le temps de contrôle des voyageurs étaient de dix heures. En 2012, ce temps est tombé à quatre heures. Quant aux perceptions illicites sur cet axe, elles sont passées de 42 723 FCfa par voyageur à 22 000 FCfa tandis que le nombre de contrôles est passé de 15 à 11.
Mais c’est sans doute le cas de l’axe Ouaga-Bamako qui apparaît le plus emblématique. Sur seulement 934 km, le nombre de contrôles est passé de 28 en 2011 à 23 en 2012, ce qui reste tout à fait élevé d’autant plus que les perceptions illicites qui étaient de 32 198 FCfa par voyageur sont tout de même à 25 641 FCfa en 2012.