Branchement anarchique du courant électrique au Togo: Noupokou Dammipi : « Sur une rue, il y a un réseau normalisé de la CEET, il est inadmissible d’y trouver des réseaux toiles d’araignée »
Togo - Le phénomène est récurent dans les banlieues de Lomé et même un peu partout sur toute l’étendue du territoire togolais. La demande en branchement d’électricité dépasse l’offre au Togo de sorte que les populations sont obligées par endroit de dresser les toiles d’araignée le long de plusieurs rues du pays. Le ministre togolais des mines et énergies Dammipi explique le phénomène par un développement anarchique de l’habitat. Si le phénomène peut être acceptable par endroit, il est inadmissible, dit le ministre de le voir dans les ruelles où il y a bien des installations de la CEET.
Lecture !
pa-lunion.com : Noupokou Damipi, bonjour !
Dammipi Noupokou : Bonjour !
La demande en électricité se fait de plus en plus grande excellence. Doit-on craindre de nouveaux délestages à l’avenir ?
Grâce à la politique du Chef de l’Etat, Dieu merci, aujourd’hui, nous arrivons à alimenter notre pays, alimenter la clientèle, sans les coupures intentionnelles, rotatives, par manque ou par insuffisance de puissance. Aujourd’hui, nous avons quelques coupures dues à des pannes ou à la nécessité d’entretien de nos ouvrages. Nous ne pouvons pas dire à 100% que, demain, on n’aura pas de délestage ou pas. Le délestage peut venir à cause de plusieurs raisons. Vous savez, il y a un grand groupe de production d’énergie électrique qui a un défaut important. On peut se retrouver dans une situation difficile, nécessitant quelques coupures pour insuffisance de puissance. Mais d’une manière générale, je peux vous assurer que le délestage que nous avons connu en 2006 ou en 1998 est réellement derrière nous, par d’abord, la centrale que nous avons installée de 100 mégawatts, qui nous permet, en l’absence d’importation d’énergie du Nigeria ou du Ghana, de pouvoir au moins prendre 90% de la demande. Cette centrale seule. Et d’autres groupes sont là. Nangbéto, les turbines à gaz de la CEB et d’autres groupes de la CEET font qu’en cas de perte de nos lignes, nous sommes capables d’alimenter, ça peut être l’équilibre instable, mais à l’équilibre d’articulation. Du fait que la croissance de la demande tourne entre 5 et 7% par an, nous envisageons déjà la construction d’autres unités de production. Notamment, la centrale hydro-électrique d’Adjalala qui devrait pouvoir nous fournir une partie de puissance et d’énergie, et nous sommes entrain également de construire d’autres lignes, des lignes de plus grandes capacités pour relier tous les pays voisins, c’est-à-dire, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigéria, pouvant nous permettre d’avoir plus d’énergie également en provenance de ces pays. Donc pour résumer, je dirais que le délestage tel que nous l’avons connu en 2006 est derrière nous.
Le grand projet d’électrification rurale 2 est en cours d’exécution. Dans sa réalisation, 71 nouvelles localités seront connectées. Vous pouvez assurer les togolais que là encore, il n’en manquera pas suivant les besoin ?
Ce que vous devez savoir, c’est que pour le développement de la fourniture de l’énergie électrique, nous avançons en parallèle. Nous développons les moyens de production ou d’approvisionnement, nous développons les lignes de transport, donc haute tension, en même temps, nous développons les lignes basse tension pour aller chercher des clients nouveau. Donc ces trois domaines d’activité doivent se développer de manière harmonieuse et en parallèle. Si non, nous pouvons avoir à faire face à des difficultés. C’est pourquoi, nous ne branchons pas des localités sans avoir déjà au préalable vu l’impact de la consommation de ces nouvelles localités sur la capacité de fourniture d’énergie à ces localités.
Est-ce que ce n’est pas parce qu’il n’y pas d’électricité qu’il n’y a pas de demandeur ?
Pas du tout !
Il y a certains milieux qui ont besoin d’électrification, ils en demandent ! Peut être que, ils n’en ont pas et ils ne vous demandent pas des branchements.
Non, ce n’est pas tout à fait comme ça. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’électricité que nous n’allons pas vers des localités. Quelle est la capacité d’absorption même de nos crédits ? En fait, il faut qu’on trouve les crédits. Là, le projet phase 2 d’électrification rurale va nous coûter environ quinze millions de dollar. Ça nous a pris peut être trois, quatre ans pour préparer, trouver le financement, lancer les appels d’offre, démarrer les projets, jusqu’à mettre ça en œuvre. Si on a le financement, on peut aller peut être un peu plus vite, mais il ne faut pas oublier non plus qu’après il faut pouvoir rembourser ! C’est des crédits, ce ne sont pas des dons. Donc, il faut que la compagnie puisse s’endetter de manière progressive et de manière responsable, pour éviter de se retrouver dans une situation de surendettement et avec les capacités de la société de pouvoir rembourser.
Mais à Lomé, la demande est forte, au point où on en est aujourd’hui à un phénomène : les toiles d’araignée. Monsieur le Ministre, que faites-vous pour éviter que dans des coins de Lomé, on ne voit plus ces branchements anarchiques ?
C’est un problème que nous déplorons. Nous appelons ça plutôt, réseau anarchique précaire, tiré par les populations. C’est dommage qu’on soit arrivé là. Mais le phénomène est né du fait que, il y a un développement aussi exponentiel de l’habitat. Ça fait que tous les services publics n’arrivent pas à suivre le développement dans l’espace de l’habitat à Lomé et également dans les grandes villes. Nous avions lancé un projet en 2006-2007, financé par la BOAD, dont l’objectif était justement d’amener l’énergie électrique dans ces quartiers pour pouvoir démanteler ces réseaux de toile d’araignée. Malheureusement, le temps de mettre en œuvre ce projet, la demande sur le terrain a largement dépassé la capacité de ce projet. Donc, c’est une course poursuite permanente entre les investissements et les besoins des populations. Mais nous attirons l’attention tout le temps de la population, d’éviter d’utiliser ces types de réseau, parce que c’est des équipements non normalisés qui sont utilisés, et on craint des accidents en permanence sur ces réseaux là. Je profite aussi pour dire un mot à la CEET. Parce que je me suis rendu compte et je l’ai déjà dit aux responsables, qu’il manque également une certaine volonté de la CEET d’adresser ces questions, du moins pour certains quartiers.Vous allez voir dans certains quartiers, sur des rues, via un réseau propre de la CEET, et en bas de ce réseau, à côté, sur la même rue, vous avez des toiles d’araignée. Mais ça, c’est inadmissible. Il faut démanteler systématiquement des réseaux toiles d’araignée qui sont sur ces rues là. Donc, j’en appelle vraiment à la CEET, de mettre en œuvre ce principe là. Sur une rue, il y a un réseau normalisé de la CEET, il est inadmissible d’y trouver des réseaux toiles d’araignée.
Un Togo développé suppose un Togo totalement électrifié. Peut-on l’espérer un jour ?
Bien sûr ! Electrifier tout un pays, c’est un défi. C’est également lié au comportement des populations. Je vous donne un exemple, vous êtes à Lomé, vous vous levez, vous allez chercher un terrain très loin de la capitale où il n’y a personne, et vous construisez votre maison. Evidement, il n’y a ni rue, ni système d’eau, ni système d’assainissement, ni téléphone, ni électricité. Alors, si on reste dans ce type de développement, à savoir que chacun peut se lever, aller acheter son terrain où il veut, et se met à construire, mais nous allons mettre beaucoup de temps pour pouvoir électrifier le pays. Mais si on arrive à mettre en place un système organisé, comme par exemple cela se fait en Côte d’Ivoire, où les sociétés immobilières font des opération de construction et de vente des villas dans des zones bien précises, où avant même de commencer la construction, tous les réseaux de service public sont disponibles. En ce moment, ça va être beaucoup plus facile de pouvoir alimenter le pays.
Et à qui le défi ? Au gouvernement ?
A nous tous. Nous devons nous organiser. Sachez qu’au Togo, contrairement à beaucoup de pays, je crois que c’est le Togo et le Cameroun qui ont ce système là, la terre n’appartient pas à l’Etat. Mais si vous prenez d’autres pays où la terre appartient à l’Etat, il faut obtenir un accord de l’Etat, avant de pouvoir mettre en œuvre, quelques constructions que ce soit. Dans ces conditions, c’est beaucoup plus organisé dans ces pays. Malheureusement au Togo, la terre appartenant aux collectivités, c’est très difficile de gérer ce problème là. C’est pour cela que vous avez dû voir des réflexions au niveau du ministère chargé de l’habitat et de l’urbanisme sur le code de l’habitat, mais avec la bonne volonté des uns et des autres, les réflexions se poursuivent, et nous espérons qu’un jour, nous trouverons le bon canevas pour nous permettre de nous développer de manière harmonieuse dans notre pays.
Monsieur Noupokou Damipi, je vous remercie
Merci beaucoup pour cette occasion que vous nous offrez, merci pour tout.