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Remplacement tous azimuts des députés UNIR à l’Assemblée nationale : Une escroquerie politique aux relents d’oligarchie infecte
Publié le lundi 28 octobre 2013  |  Le Correcteur


© Autre presse par DR
le député UNIR Drama Dramani


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Togo - Au moins une dizaine ont déjà cédé leurs places à d’autres, il est évident que d’autres vont suivre. A ce jeu, on constate que le pouvoir de Faure Gnassingbé se sert des directeurs de société, des directeurs centraux et des ministres en fonction pour extorquer des suffrages pour ensuite les renvoyer à leurs chères fonctions. C’est une pratique qui sent le louche. Utiliser les grands pour abuser de la confiance des électeurs et les narguer ensuite ?
Un tour et puis on s’en va !

Certains n’ont même pas attendu que la rentrée solennelle s’achève, ils se sont précipités pour jeter l’éponge et envoyer à la représentation nationale d’autres individus que les électeurs ne connaissent pas du tout, sans doute. Plus loin, on a appris la démission dune dizaine, des gros morceaux bien entendu. MM. Affoh, Pekemsi, Nabagou, Semondji, Hamadou, Sessenou, IHOU et autres Madame Tomegah ont renoncé à leurs sièges, laissant le lieu et la place à des suppléants que la cour de M. Assouma a choisis et adoubés.
C’est la face visible de l’iceberg. On se demande bien si, au nombre de ceux qui sont cités comme remplaçants des premiers partis, il n’y aura pas de nouveaux qui seront obligés de céder la place. Boukpessi Essoyaba par exemple, directeur de l’administration au Port autonome de Lomé pourra-t-il garder son écharpe de député tout en assumant ses fonctions de directeur de l’administration ? M. Malle, chef de l’inspection de l’enseignement secondaire Lomé Golfe gérera-t-il cette inspection tout en siégeant à la représentation nationale ? Ces questions méritent d’être posées.

Dans tous les cas, les observateurs avisés font remarquer qu’il y a des députés qui n’ont pas encore démissionné mais qui n’en auront pas le choix. On cite dans ce registre MM. Kapou, chef de l’autorité de régulation des marchés publics, Nguissan Yao, directeur de la statistique nationale, Ouro-Sama Mohamed, directeur de cabinet du ministère du commerce. Ceux-là, selon toute vraisemblance, ne resteront pas dans l’hémicycle. Des sources indiquent que le pouvoir attend que du temps passe un peu avant de déclarer les nouvelles démissions de peur d’attirer l’attention des populations.


Curieuse situation

On peut bien se demander pourquoi le parti de Faure Gnassingbé investit autant de personnes tout en sachant qu’elles ne resteront pas au parlement. En France, il advient que des ministres en fonction apparaissent sur les listes électorales pour ensuite céder leurs places à d’autres militants. On l’explique par le fait que leur présence peut mettre en confiance les électeurs et/ou attirer des suffrages. Une question : la France admet-elle des démissions après vote à si grande échelle que ce qu’on constate au Togo ?
Quel que soit le cas, on doit se demander si la logique des partis en France est la même que celle au Togo. On sait à tout le moins que la grande partie des démissions annoncées concerne des hautes personnalités du monde de la banque et des affaires. A ce titre, une opinion répandue soutient que le parti de Faure Gnassingbé fait exprès en investissant de tels candidats suivant la logique facile à retracer de : ces messieurs, directeurs de banque, directeurs de sociétés et présidents d’institutions peuvent mobiliser des ressources financières monstrueuses dans le cadre de la campagne électorale. On a ainsi vu certains faire une campagne ostentatoire dans leur région. Que d’argent dépensé ! La situation est sûrement la même quand on va évoquer la campagne faite par M. Affoh, directeur de Togocel, M. Ihou Atigbé, directeur de la banque UTB, M. Kapou, président de l’autorité de régulation des marchés publics de même que tous les autres ministres. Dons et libéralités sont généralement les choses du monde les mieux partagées alors même que la loi l’interdit. Dès lors, il n’est pas faux de soutenir que l’investiture de ces candidats ministres, directeurs de banques et de sociétés, ou présidents d’institution vise à faire utiliser de façon détournée et pernicieuse les moyens de l’Etat sans en avoir l’air.
En effet, la situation est bien curieuse et mérite qu’on en parle parce que tous ces messieurs et dames à la tête des ministères, banques et sociétés ne peuvent pas résister à la tentation de prendre des ressources financières dans les caisses de leurs structures. Du moment où ils dépensent cet argent pour gagner des suffrages au système en place, qui va leur en demander des comptes ? Question centrale d’autant plus que, à aucun moment, la cour des comptes ne demande de comptes à personne, après les campagnes électorales. De plus, la gestion des structures étatiques qui sont sous leur autorité n’est jamais vue à la loupe, leur appartenance au parti au pouvoir étant un parapluie inébranlable, jusqu’ici au moins.


L’arbre qui cache la forêt ?

Au-delà de la situation curieuse, il est pertinent de se demander si cette pratique n’est en fait que l’arbre qui cache la forêt du parti au pouvoir. C’est un secret de Polichinelle que souvent et très souvent, ce parti revendique une masse de cadres et de personnalités de premier plan. Ses propagandistes zélés se gargarisent de l’existence d’un vivier inépuisable au service du parti. Mais alors, pourquoi a-t-on encore besoin de mettre devant les responsables de structures étatiques pour mobiliser les suffrages ? Si le parti de Faure Gnassingbé dispose à revendre des cadres, pourquoi ne met-on pas MM. Atcha Dedji, Ihou Atigbé, Yao Nguissan et autres Kapou ou Pekemsi dans un rôle de soupape de sûreté, intervenant dans la campagne comme caution morale ? Pourquoi ne met-on pas devant aussitôt tous les autres cadres qui existent ? Un marché de dupes, voilà au finish ce qu’il faut dire de la propagande autour du vivier de cadres.

Pis, la pratique cache assez mal l’évidence que le parti de Faure Gnassingbé se contente de faire la promotion d’un nombre très réduit de citoyens, la grande masse étant réduite au rôle de bétail électoral, taillable et corvéable à merci. Qui pis est, à travers l’investiture des directeurs, présidents d’institutions, hommes d’affaires et ministres qui n’ont rien à faire à l’Assemblée nationale révèle de façon flagrante que le parti au pouvoir s’est emparé de toutes les ressources du pays, qu’il a concentrées aux mains de militants zélés et sous ordre. La minorité qui détiendrait toutes les richesses du pays et que Faure Gnassingbé a dénoncée dans un discours officiel, la voilà, et c’est le plaignant lui-même qui l’entretient.
Par-dessus tout, pense-t-on un peu à la qualité des débats à l’Assemblée nationale lorsqu’on prend plaisir à la vider de ceux qui semblent capables de discussions enrichissantes et pertinentes ? On ne doit pas s’en étonner normalement puisque le parti de Faure Gnassingbé n’a que faire de discussions enrichissantes et pertinentes. A l’Assemblée nationale, il semble n’avoir besoin que de gens capables de lever la main pour voter les lois et soutenir l’action du gouvernement, envers et contre les intérêts du peuple. Peut-être même se dit-on dans cette chapelle politique que les « mercenaires » ne seraient pas des militants zélés capables de voter la levée de l’immunité de leurs camarades sans demander des garanties, capable de se taire lorsque des collègues députés sont arrêtés et emprisonnés en toute violation de leurs droits et de leur immunité.
En attendant donc les nouvelles démissions, il faut admettre que la pratique dévalue la représentation nationale en même temps quelle met en lumière l’accaparement par une seul parti des ressources nationales. De la mauvaise gouvernance, pour tout dire.

Nima Zara

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