Nous sommes bien loin de la sérénité dans le secteur éducatif togolais.
Près de deux semaines après la rentrée officielle des classes, la tension est plus que vive entre l’ensemble du corps enseignant et le gouvernement.
Mardi, près d’un demi -millier d’enseignants était en sit-in devant la direction régionale de l’enseignement à Dapaong alors qu’au même moment, les fédérations des syndicats d’enseignants adressaient un ultimatum au gouvernement pour les situer définitivement au plus tard le 30 octobre sur les primes qu’ils revendiquent.
Mais en réalité d’où vient ce bras de fer qui plonge le secteur de l’éducation dans l’impasse et l’instabilité totale ?
Il vient d’une part du dilatoire orchestré par le gouvernement sur les revendications pourtant exprimées bien de mois avant la rentrée scolaire.
Mieux, il a été nourri par l’arrogance et le manque cuisant d’humilité du nouveau ministre des enseignements primaires, secondaires et de l’alphabétisation.
Que l’on se souvienne des propos tenus par ce zélé ministre sur les antennes au début de cette crise. Il avait pratiquement ironisé sur certaines primes qu’exigeaient les enseignants au point d’estimer que ces derniers exagéraient dans leurs revendications.
Pire, le jour même de la rentrée scolaire, Florent Manganawé s’est rendu coupable d’un comportement pour le moins grincheux au lycée de Tokoin.
Alors que la plupart des enseignants étaient dans la cour, d’autres ayant replié à la maison pour cause de grève, le ministre Manganawé en tournée dans les établissements pour s’assurer de l’effectivité de cette rentrée a piqué une colère épistolière contre le senseur du lycée de Tokoin.
De façon ordurière et avec une légèreté déconcertante, M. Manganawé a estimé que ce senseur avait manqué de vigilance et sans retenue il l’a vertement menacé devant les élèves et enseignants présents dans l’enceinte de l’établissement.
Et pourtant, la grève n’était pas levée. Le nouveau ministre a naturellement cru qu’il lui aurait suffi de promettre de go 8000 et 10.000fcfa de primes aux enseignants pour que ces derniers sautent dessus et lèvent le mouvement. C’était sans compter avec le niveau de vigilance et d’alerte de ceux-ci.
Conséquence, le mouvement évolue en se durcissant sous le regard impuissant du parvenu ministre.
Quel jour nos dirigeants comprendront que les méthodes grossières de menaces ne sont plus à l’ordre du jour quand il est question de gérer des hommes civilisés ?
C’est avec la raison, le bon sens, l’humilité que l’on peut convaincre aujourd’hui.
Et tant que le ministre Manganawé qui vient d’être parachuté à ce ministère après un long passage du désert à cause de ce dont lui-même sait, ne comprendra pas qu’il a en face des partenaires plutôt que des valets, il n’a juste qu’à considérer que ses problèmes viennent à peine de commencer à ce ministère.