Togo - Les travailleurs de la forge du village de Yohonou (préfecture de Vo) sont confrontés depuis un temps à une sérieuse pénurie de leur matière première : le fer. L’histoire rapporte qu’il y a des siècles que ce village a été érigé autour de Kankoé , un homme qui serait né avec un marteau et d’autres outils en fer. C’est depuis lors que Yohonou s’est bâti avec une réputation particulière de travail de fer. Mais depuis un temps, la matière première qui permet à Yohonou de pérenniser sa réputation se fait rare au point de tuer l’âme de ce village situé à environ 80 km de Vogan-ville.
La cause de la crise
Avec l’évolution de l’aciérie, les populations revendent leur fer dans le marché «sauvage» ou aux petits acheteurs ambulants avec leur chariot. Le fer acheté hier avec facilité, est devenu difficile d’accès.
Selon les forgerons de Yohonou l’autre point d’accès facile hier au fer reste le West Africa Cement (WACEM) et la Société Nouvelle des Phosphates du Togo (SNPT) qui sont devenus aujourd’hui difficile d’accès du fait de la cohabition tendue qui s’est instaurée depuis un temps entre ces entreprises exploitante du sous-sol et les populations au sujet des retombées sociales que devraient générer leurs activités au profit des populations résidentes.
Les conséquences inquiétantes pour l’avenir
Avec cette crise la démotivation s’installe chez les jeunes pour le métier de forge alors que 80 % de la vie de Yohonou est assise sur l’activité de fer..
«Au début, beaucoup s’intéressaient à la forge. Maintenant, on constate qu’il y a un relâchement .Aussi, les jeunes s’intéressaient à d’autres métiers dus au problème récurrent de fer.», nous a expliqué Yovo Yawovi, forgeron de son état. Ce dernier dit vivre avec ce métier mais qu’il a la peur au ventre pour le futur si rien n’est fait pour trouver une solution à l’accès au fer. Mais la question est de savoir si l’Etat est tout autant préoccupée par cette situation.
En attendant d’autres jeunes se tournent vers d’autres activités qu’ils estiment plus prometteurs notamment le taxi-moto.
La réalité est que Yohonou n’a point de fer dans son sous-sol et «c’est quand les colons venaient alors dans cette localité, ils attachaient leurs objets avec une lame de fer et ce sont ces lames que nous autres nous transformons en Amat de fer », nous a clarifié un autre forgeron nommé Adjéwoda, 56 ans, mais qui voit aujourd’hui son métier l’échapper de plus en plus.
Mais pour les populations de Yohonou, l’espoir d’une vie dans ce village requiert toujours une intervention du gouvernement car le travail de fer freine chez eux, l’exode massif des jeunes vers la ville. Un phénomene, dont ils sont conscients, constitue un danger pour le développement de leur milieu.
Pour la légende le nom Yohonou serait venu du nom de l’atelier de l’ancêtre Kankoé qu’on avait lors surnommé « Yoho », autrement dit là où on traite le fer.