Togo - La pauvreté, ce mal qui dévalorise la condition humaine connaît bien les togolais pour les avoir rongé depuis plusieurs decénies du fait de l'accaparement des richesses nationales par une minorité qui laisse la grande majorité dans la misère. Pour réduire significativement le taux de pauvreté et permettre aux pauvres d’avoir accès à la finance pour développer une activité génératrice de revenus, le gouvernement a décidé de mettre sur pied le Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI).
Le Fonds national de la Finance Inclusive (FNFI) est dans sa deuxième année d’exercice. Lors de son premier exercice avec le produit APSEF, plus de 300 mille personnes ont bénéficié du fonds. Ce succès a motivé les autorités togolaises à lancer deux autres produits. C’était le mars 2015. Mais le défi reste encore grand pour renverser la courbe de la pauvreté dans le pays.
L’APSEF et son impact
La première année a permis aux responsables de ce fonds et au ministre du développement à la base de mettre en œuvre, l’Accès des pauvres aux services financiers (APSEF) destiné aux personnes vulnérables qui se constituent en groupes solidaires de 4 à 6 personnes.
Avec l’APSEF, le crédit peut être individuel ou collectif mais le remboursement doit être collectif. Ce mécanisme a permis à la fois, non seulement au groupe solidaire qui obtient le crédit de pouvoir intégrer en son sein la culture du remboursement et de comprendre que ce n’est pas de l’argent gratuit, mais aussi et surtout de bénéficier du crédit sans garantie matérielle ou financière. La seule garantie exigée est la caution solidaire. Le montant maximum du crédit était de 30 mille FCFA, selon les besoins exprimés par chacun des membres du groupe.
Cette stratégie s’est révélée plutôt payante. Le taux d’intérêt unique et uniforme de 5% sur toute l’étendue du territoire a permis à plusieurs bénéficiaires de rembourser ou d’entamer le remboursement.
Un nouveau lancement de deux produits du FNFI vient couronner le bilan APSEF 2014 jugé positif avec une progression de 10% par rapport aux prévisions avec plus de 300.000 bénéficiaires dans les 5 régions et un remboursement de 95% incitant les autorités a le le pérenniser par un second cycle prévu cette année.
Quelques bénéficiaires rencontrées, ne cessent de faire l’éloge du Fnfi. Selon ses bénéficiaires, avec le fonds du Fnfi, ils ont pu commencer de petites activités génératrices de revenus.
C’est le cas de Mme Abla, revendeuse des produits ménagers. "Sincèrement, je vous avoue qu'avec les 30.000fcfa, j’arrive contrairement au passé, à subvenir à mes petits besoin et ceux de mon foyer. Je suis veuve il y a 9 ans. Personne ne me vient en aide et dès que j’ai appris qu’Apsef veut faire des prêts, je n’ai pas hésité à mobiliser certaines femmes. Aujourd’hui, je suis fière", raconte sourire aux lèvres dame Abla, 48 ans, mère de trois enfants.
"Nous étions dans une situation d’extrême pauvreté. Difficilement, nous arrivions à joindre les deux bouts avec nos enfants. Mais avec ce produit, nous avons eu un crédit de 30 000 francs qui nous a permis de nous lancer dans le commerce des noix de cola, et franchement avec le petit revenu que nous arrivons à avoir, notre situation s’est améliorée", témoigne une autre bénéficiaire.
A la suite de l’APSEF, l’AGRISEF et l’AJSEF pour promouvoir les agriculteurs et les jeunes
Fort du succès rencontré par l’APSEF auprès des populations, le ministère du développement à la base et les responsables du FNFI ont lancé deux (2) nouveaux produits.
Il s'agit de l'Accès des agriculteurs aux services financiers, AGRISEF et de l'Accès des jeunes aux services financiers AJSEFqui selon les autorités sont des réponses aux besoins de la population paysanne et de la jeunesse sans emploi.
L'Accès des agriculteurs aux services financiers, AGRISEF est un appui à la politique nationale, d'accompagnement et de financement des activités agricoles en développant des mécanismes appropriés et durables afin de permettre à un grand nombre de petits exploitants d'accéder aux produits et services financiers répondant à leurs besoins.
L’autre produits est l'Accès des jeunes aux services financiers AJSEF, destiné à la jeunesse en fin d'apprentissage ou diplômé sans emploi.
Ces deux nouveaux produits ont pour objectif de toucher 20.000 jeunes et 60.000 agriculteurs avec respectivement un crédit maximum de 300.000 Fcfa et de 100.000 Fcfa. Tout comme l'APSEF, pour bénéficier de ces crédits, il faut se regrouper en coopératives pour le monde paysan et se constituer en groupes solidaires pour les jeunes.
Malgré L’APSEF, l’AGRISEF, l’AJSEF, la pauvreté reste la première maladie des togolais
Malgré toute la volonté affichée les autorités togolaises de trouver une solution à la question de la pauvreté, force est de constater que, la majorité des togolais restent prisonniers d'une pauvreté ambiante. Le constat est général dans la quasi-totalité du pays et des citoyens ne savent plus à quel saint se vouer. Seulement, et c’est réel, il n’est pas facile de renverser du jour au lendemain une situation qui s’est enracinée depuis plus de trois décennies voir plus.
Il faut faire beaucoup plus pour que le FNFI soit adopté par plus de togolais et remplisse significativement sa mission.
A l’heure actuelle, plusieurs considèrent encore le FNFI comme un outil à la solde du régime en place qui a tendance à l’utiliser à des fins électoralistes. La communication doit s’intensifier pour convaincre les gens à solliciter les prêts.
Le gouvernement doit revoir sa gouvernance et prendre le problème de pauvreté des togolais comme une pandémie qu’il faut éradiquer. Avant s' il était encore difficile pour certains foyers, de trouver ne serait-ce qu' un repas par jour, avec le tout premier produit du Fnfi, des changements sont a saluer mais ne sont pas de nature à enrayer les effets de la pauvreté.
A cette étape, l’on peut parler de changement dans la vie de certains bénéficiaires. Au-delà, le gouvernement doit réfléchir à d’autres pistes plus avantageux pour les populations