Togo - L’Eglise catholique n’observera pas l’élection présidentielle du 25 avril 2015. Ainsi en ont décidé la Commission Episcopale du Togo (CET) et la Commission Episcopale Justice et Paix (CEJP).
Ces deux organes importants de l’Eglise catholique ont toujours dépêché des observateurs sur toute l’étendue du territoire lors des élections qui se sont déroulées depuis la fin des sanctions diplomatiques décidées par la communauté internationale contre le Togo pour « déficit démocratique ».
Trois raisons motivent cette décision de l’Eglise. Il y a d’abord la non publication par le gouvernement, de son rapport sur la présidentielle de 2010, une élection qui a souffert de contestation.
Les 68 recommandations de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) qui n’ont pas été mises en œuvre. Cette commission avait été dirigée par un prélat, Monseigneur Nicodème Barrigah, l’Evêque d’Atakpamé.
La CET et la CEJP regrettent enfin les réformes constitutionnelles et institutionnelles prévues par l’Accord politique global, qui n’ont pas également été mises en œuvre. Pour l’Eglise, c’est cet accord qui a apaisé le Togo, suite aux violences d’après la présidentielle de 2005.
Avant le déclenchement du processus électoral, l’Eglise catholique a appelé plusieurs fois le gouvernement à mettre en œuvre les recommandations de la CVJR, surtout le point concernant les réformes, ceci, dans le but d’avoir une élection présidentielle de 2015 apaisée et acceptée par tous.
Mais le gouvernement est resté sourd à cet appel. Mgr Nicodème Barrigah a tenté plusieurs fois de rencontrer le chef de l’Etat sur la question. Peine perdue.
Toute chose qui fait craindre une élection à risque. L’Eglise est déjà sujette à beaucoup de critique par rapport à sa position dans la crise sociopolitique.
La non publication de son rapport d’observation sur la présidentielle de 2010 lui a valu des critiques très acerbes. On l’a même accusé de protéger Faure Gnassingbé en refusant de publier ce rapport.
Aujourd’hui, l’Eglise veut s’abstenir de toute observation électorale, surtout qu’elle n’est pas sûre que son rapport soit publié. C’est une première au Togo.