Décédé le 04 avril dernier, l’ancien président d’Agaza Omnisports, Auguste Sagbo sera inhumé samedi. C’est ce qu’on a appris lundi auprès du club.
Président d’Agaza Omnisports de 1989 à 1998, puis de 2006 à 2010, Auguste Sagbo a été aussi 2e vice président, puis 1er vice président du Gal Séyi Mémène pendant son troisième passage à la tête de la Fédération Togolaise de Football entre 1992-1998.
Son souci constant pour la formation et le professionnalisme dans le football a permis à l’équipe nationale de renouer avec les joutes continentales en 1998. C’est pour atteindre ces objectifs qu’il s’est spécialement occupé des jeunes.
La formation des jeunes, son cheval de bataille
En 1990, Auguste Sagbo retint parmi plus de cinq cent (500) joueurs à travers tout le Togo une liste de 30 pour prendre part à Clamecy en France au tournoi international des cadets. Le Togo y décrocha "La note juste", selon le terme utilisé par Eric Raynaud de la Nouvelle République de France, après que les cadets eurent été éliminés en demi-finale par l’Olympique de Marseille 2-0.
Il avait défendu sa logique de formation des jeunes, d’une vision plus moderne du football. "Ce n’était pas facile mais avec les stages répétitifs en France, nous avons réussi à placer certains joueurs dans les centres de formation. Et cela a permis d’avoir après des joueurs qui nous ont permis de nous qualifier pour la CAN 1998, 2000, 2002 et 2006, sans oublier la Coupe du monde de 2006 en Allemagne",
Loin des stades après le congrès électif de 1998, Auguste Sagbo constate avec regret la descente aux enfers du football togolais avec les incessantes crises qui se sont amplifiées à la suite de la qualification pour la Coupe du monde 2006. Il entreprit alors de revenir, en postulant au poste de président de l’instance en 2007.
L’apôtre d’un football moderne
Auguste Sagbo était le candidat qui jouait plus au fair-play et pensait qu’un langage de vérité pouvait lui permettre de revenir plus comme vice président, mais président de la FTF. « Notre football a besoin de s’arrimer aux normes modernes qui le gouvernent : infrastructures modernes, ressources compétentes et suffisantes. Pour y arriver, il faut nécessairement une mobilisation constante et croissante des ressources financières et une gestion saine et transparente de celles-ci », avait-il écrit dans son programme de campagne de 2007.
En outre, partant du fait que le football d’un pays repose avant tout sur la crédibilité des compétitions organisées au plan national - compétitions doivent s’intégrer dans un cadre général organisationnel qui constitue une pyramide cohérente capable de générer un football d’élite-, il avait pris l’engagement de finaliser dans les meilleurs délais la pyramide type des compétitions au Togo, prenant en compte le football d’élite, la 1ère division, la 2e division, le football des petites catégories, les clubs (minimes, cadets, juniors), les centres de formation, le football des quartiers, des régions et le football féminin.
Au niveau des clubs, il notait l’absence de structuration. « L’organisation des clubs reste encore déficiente selon les normes internationales et les critères minima édictés par la FIFA en la matière. Il leur manque cruellement les moyens nécessaires pour être des clubs performants et capables de rivaliser au plan continental et continental », releva-t-il avec un objectif majeur, celui de remettre la formation au centre des questions de développement du football togolais. « Pour performer, l’on ne doit jamais négliger la formation. C’est elle seule qui peut nous permettre de rivaliser et figurer parmi les meilleurs. Il s’agit pour moi d’organiser régulièrement des formations de base et de haut niveau en direction des acteurs, encadreurs et partenaires du football, notamment : les dirigeants de clubs, de districts et de ligues, les encadreurs techniques, les arbitres, les joueurs, les médecins du sport. »
La cuisante défaite de 2007
Sur le papier, il avait bien d’idées. Mais il n’a jamais réussi à convaincre les électeurs de lui faire confiance, malgré son expérience. « J’ai constaté une forte propension en période électorale à l’achat des voix. Cela va contre ma conviction profonde. Je préfère utiliser mon argent pour aider au développement du football que de rétribuer des présidents de clubs et ligues pour me porter à la tête de la Fédération », martelait Auguste Sagbo à tous ceux qui l’ont côtoyé pendant cette période. Et les conséquences de son refus, ce sont les trahisons, les coups bas et une cuisante défaite aux élections de janvier 2007. Il n’eut de voix que celle de son club, Agaza Football. « J’ai au moins réussi à poser le problème de l’achat des voix pendant nos élections », se consola-t-il.
Marqué par cette défaite, il consacra plus son temps à Agaza Omnisports, en engageant des travaux de construction du siège et la rénovation du stade avec des tribunes et des gradins. Il inaugura le siège en 2009. Mais pour le stade, malgré une volonté sans faille de le rénover, les multiples difficultés rencontrées tant au niveau administratif et financier l’ont conduit à la mettre le projet veilleuse.
En 2010, il rend son tablier à la suite de diverses divergences survenues dans le Comité Exécutif d’Agaza Omnisports. Mais l’intérêt qu’il porte au football le démange, surtout que les crises n’ont pas cessé à la Fédération et à Agaza Omnisports. Et comme souvent, quand il dit qu’il s’en éloigne, il n’est jamais loin….
«J’aime la jeunesse et le football. Si les autorités me sollicitent par rapport à la situation de crise actuelle, je verrai quelle peut être ma contribution… », avait-il répondu aux journalistes venir l’interroger en décembre dernier sur la situation de crise qui prévaut à la Fédération Togolaise de Football à la suite de la prolongation du mandat de Gabriel Améyi. Mais la maladie aura finalement eu raison de lui, laissant derrière lui plein de projets.