En suivant de près les faits et gestes de Faure Gnassingbé ces derniers mois, l’on se rend d’emblée compte que le fils du feu général a tout sauf la paix du cœur, la tranquillité et la sérénité.
Il semble être particulièrement animé par une frousse dont lui-même ne connait pas les causes. Du coup, il voit le mal partout, sent le danger de toute part au point où il ne se risque plus de faire confiance en quelque collaborateur que ce soit.
Voilà pourquoi presque que chaque mois, il arrache des responsabilités à certains de ces collaborateurs notamment dans l’armée, confisque des charges et veut tout voir et tout gérer tout seul.
Le dernier exemple en date tient du limogeage du commandant de la FOSEP, le commissaire Têko Koudouwovo au profit du lieutenant-Colonel Gbézonvi Kossi AKPOVI, actuellement patron de la zone sud de la gendarmerie nationale. Que se passe-t-il exactement dans le camp du Prince bien-aimé ?
Personne n’a ni les moyens ni le courage de le dire avec objectivité. Mais le fait est là, évident et observable. Faure Gnassingbé, semble-t-il est inquiet et même bousculé de toute part.
C’est ce qui expliquerait son voyage express de mercredi sur Paris où il est allé négocier un deal avec Hollande et ses collabos. Mais jusque-là, le trouble intérieur est plus que manifeste. Le cœur de Faure Gnassingbé bat la chamade avec une fréquence plus que jamais soutenue.
Et pourtant, il aura humainement tout fait pour que rien ne lui échappe dans ce processus électoral. Il est allé jusqu’à démettre les cinq premiers représentants de UNIR à la CENI pour avoir osé arrêter la date du 21 avril pour le scrutin sans son avis préalable.
Quand bien-même il y a injecté ses redoutables caciques, il n’est toujours sur de rien. Des gens comme Payadowa Boukpessi, Yendja Yendjabré et consort qu’il avait laissés sur le carreau avec autant d’humiliation peuvent se venger à tout moment.
Autrement, même s’ils n’ont pas l’intention de se venger, ils pourraient être capables de tout faire pour le Prince sauf tripatouiller les résultats du vote en sa faveur comme les autres l’avaient fait lors des scrutins antérieurs.
Voilà qui lui donne du tournis à longueur de journée. Son allure de plus en plus pâle vient justement de ce déséquilibre intérieur qui l’étreint et le décarcasse au quotidien.
Beaucoup de ses collaborateurs disent ne plus le sentir vraiment depuis que Fo Blaise a été aussi brutalement et honteusement chassé du pouvoir.
Il est certes vrai qu’il s’est inscrit dans une irrésistible logique du forcing mais le fils-héritier ne perçoit toujours pas le bout du tunnel. Son projet du troisième mandat à la tête du Togo après 38 ans de son père défunt est plus que jamais dans l’impasse.
Il sait consciencieusement que l’écrasante majorité des togolais n’ont jamais voulu de lui et ne le veulent vraiment pas à cause non seulement de la longévité du régime qu’il incarne mais surtout aussi de son manque de charisme et ses coups bas immoraux et parfaitement lâches. Mais il s’est laissé prendre par l’affreux opium du pouvoir. Il s’y est tellement immergé qu’il n’a plus les moyens de s’y soustraire de lui-même malgré les multiples coups qu’il a reçus de toute part.
Les travailleurs, mobilisés pendant des mois par la synergie des travailleurs du Togo ne lui ont non plus fait de cadeau. Or pour ceux qui connaissent bien les réalités électorales au Togo, ceux sont les enseignants et les infirmiers qui détiennent la machine électorale dans les villages et hameaux reculés du Togo.
Ceux sont-eux qui, pour l’essentiel, donnent les consignes de vote, servent de président des bureaux de vote etc. Que fera-t-il pour maitriser ces hommes frustrés et révoltés ?
Il n’a encore eu aucune solution véritable. Du coup, il a du mal à sortir de l’argent pour sa campagne. La morosité actuelle que l’on observe dans le camp de UNIR par rapport à la mobilisation des électeurs se justifie par cette impasse dans laquelle vit Faure Gnassingbé aujourd’hui.
Le comble, c’est que la communauté internationale non plus ne le rassure en rien. Tout le monde est dans une position d’observation vu qu’il a été dissuadé à plusieurs reprises par ses pairs et beaucoup de ses amis par rapport à ce projet malsain de troisième mandat sans qu’il n’entende raison.
En clair, tous les raccourcis qu’il s’est permis de prendre pour finir par se positionner candidat ne lui ont encore rapporté aucun résultat probant d’autant que personne ne se retrouve vraiment dans son jeu immoral et indécent d’être la seule hirondelle qui ferait le Printemps au Togo.
Il est certes vrai qu’en face, l’opposition notamment Jean-Pierre Fabre n’a pas de ressources financières conséquentes pour battre une campagne de taille, mais il demeure qu’il fait l’essentiel avec les moyens de bord. Il capitalise autant que possible, la révolte et la frustration du peuple à l’égard de ce régime cinquantenaire.
Et puisqu’il a déjà été mordu en 2010 par ce serpent venimeux qu’est le régime de Faure, il semble qu’il a déjà pris toutes les dispositions de base pour compiler les résultats bureau de vote par bureau de vote afin de ressortir les vrais résultats issus des urnes.
Le Prince optera-t-il pour quelle nouvelle alchimie pour décréter à nouveau sa victoire ?
Il est difficile, à l’étape actuelle de le dire. En revanche une chose parait évidente. Même s’il force pour se maintenir au pouvoir après le 25 avril, il aura tout le mal pour gouverner aisément ce pays. Tant des foyers de tension sont réels et multiples.
Les travailleurs n’ont observés qu’une trêve, jamais une retraite. Ils reviendront en force pour naturellement réclamer leurs droits sans doute avec plus de véhémence et d’intransigeance.
Les trous béants que le régime a creusés à la BCEAO, dans des banques et auprès de plusieurs partenaires multilatéraux les attendent. Or au même moment, l’Union Européenne et d’autres partenaires bilatéraux ont suspendu leurs appuis budgétaires. Que fera Faure Gnassingbé pour se tirer d’affaire ?
La question des réformes politiques reviendra avec force et son plan d’instaurer un septennat et une cinquième République risque de prendre de l’eau. Dans tous les cas, il ne manquera pas de se heurter suffisamment à beaucoup d’embûches à tous les niveaux.
Au final à quoi lui servira-t-il de se ridiculiser autant pour enfin se retrouver dans une telle merde ? Il revient à lui et à lui seul de répondre à une telle question. Mais pour l’heure, souhaitons-lui simplement courage.