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Togo 2015 : Les handicaps de Faure et pourquoi pour la première fois, RPT-Unir va perdre les élections!
Publié le jeudi 23 avril 2015  |  Afrika express


© aLome.com par Parfait
Les politiques Togolais
Georges Aidam


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4 candidats dans le nord (Taama, Tchassona, Faure et Gogué), un seul au sud (Fabre), les approximations de Unir, les sournoiseries des Rptistes conjugué avec le désintérêt des populations de la Kara et des Plateaux, aucun scrutin ne s’est jamais autant annoncée au détriment de Gnassingbé. CAP 2015 qui fait une campagne de rat, dans les niches et trous du pays, la francophonie qui ouvre un œil sur le Togo, Paris qui met en garde, l’Union européenne qui maintient la pression et les chiens galeux du pouvoir qui aboient, entre rage dissipée et coups bas, cocktail complet d’une défaite. Si et seulement si…


En observant le processus, de Lomé vers l’intérieur, on y voit peut-être plus limpide. Fabre n’a jamais été aussi près de la victoire (. Les Rptistes qui rasent les murs et font semblant, les Uniristes qui ne savent pas où donner de la tête et l’enthousiasme que suscite l’opposition du nord au sud, cette présidentielle ne ressemble à aucune de toutes celles que le Togo avait connues.

Si l’opposition arrive à garder un œil habile sur les procès-verbaux et que les observateurs et sociétés civiles jouent leur partition, le Togo connaitra sa première présidentielle plus ou moins transparente et tout porte à croire que dans ce cas, Faure Gnassingbé ne peut s’en sortir. L’histoire sonne- t-elle le glas d’un régime qui ne tient qu’à ses dernières agonies ?


Rien n’est plus certain ! Afrikaexpress a suivi le parti au pouvoir et l’opposition dans plusieurs préfectures et localités du pays, aucune campagne n’aura été aussi morose pour Faure Gnassingbé, pendant que dans les coins et recoins du pays, Fabre déchaine les foules et tient enfin le discours longtemps attendu. « Il a privilégié les parties qui ne lui sont pas très favorables et se prononce en bon homme d’Etat partout où il est passé, tant mieux » criera une ancienne ministre basée à Kara pour la campagne. Et dans une interview accordée à Jeune Afrique, Faure Gnassingbé reconnait en son adversaire un homme qui évolue dans le bon sens. Perspectives !
Absence d’enthousiasme dans le fief du pouvoir
Pour nous qui avons suivi la campagne du nord au sud (notre équipe est actuellement dans la région de la Kara), aucun scrutin n’a manqué autant d’intérêt depuis des décennies dans les fiefs du pouvoir. Il y a dans la Kara une absence criarde de mobilisation, caractérisée par des séances de campagnes cantonales où les populations ne répondent plus aux appels. « Je n’ai jamais vu une campagne aussi vide » a remarqué, lors des étapes de Bohou et de Pya, un ministre encore en fonction. Même la coordination locale a été déçue par les étapes de Lassa et de Lama où, fera remarquer un habitué, « on a jamais vu une mobilisation aussi amoindrie« . Avant la création de l’université de Kara, la ville elle-même avait enregistré, notamment lors de la présidentielle de 2003, environ 230.000 votants.


Ce chiffre a lentement dégringolé, chutant à 190.000 en 2007 avant de stagner à 130.000 depuis 2013. Le désintérêt est donc visible. Et l’implantation de l’université publique dans la ville n’y a rien changé, alors que la quasi-totalité des étudiants ont plus de 18 ans. En résumé, Faure Gnassingbé a perdu son fief et n’a plus que des concentrations éparses sur tout le territoire.


Ce qui, en fragilisant sa stratégie de victoire par chaos, a gardé son appareil dans la posture de parti national. Dans la ville de Kara que nous avons sillonnée, les populations, Kabyè (ethnie du chef de l’Etat) se disent trahies et ne comprennent pas pourquoi elles devront restées dans l’extrême précarité avec des infrastructures de plus en plus en déphasage, ces populations censées constituer la niche électorale du régime depuis un demi-siècle. « Il faut reconnaître que la mobilisation est moins importante cette année », a reconnu un baron qui espère que « cela n’impacte pas » le scrutin en « notre défaveur« . A Kara, l’enjeu n’est plus le scrutin seulement, mais le taux de participation. Sur 140.000 inscrits dans la ville de Kara lors des législatives de 2013, 90.000 se sont rendus aux urnes.


Cette année, le sanctuaire du régime n’est pas certain de faire mieux. « On risque de faire moins » maugrée-t-on au siège du parti où l’on regrette de ne pas « disposer de moyens pour faire face à la situation« . Unis et rassemblés depuis toujours par l’argent et les intérêts, les militants ne s’en reviennent pas, cette année et pour la première fois, « on se débrouille« . Surtout qu’il n’y a pas de caisse collective. Sur ce, tous les cadres ont été unanimes pour dire qu’ils font campagne sur « fonds propres« , ce qui n’est pas du goût de militants habitués à partager des reliquats de campagne, estimant que "Faure veut préparer sa propre défaite".


Bodjona, Kpatcha, Agba et une coordination vacillante


Il est ici important d’évoquer l’origine des personnes (kabyè) parce que depuis 50 ans, le régime n’a surfé que sur la division tribaliste et la manipulation ethnique pour se maintenir au pouvoir. Présageant la catastrophe pour les ressortissants du nord du pays si un « sudiste » prend le pouvoir. Et cela a longtemps marché. Mais depuis que l’opposition tient un discours de plus en plus rassurant dans ce sens, depuis que Jean-Pierre Fabre a fait du septentrion une priorité de campagne, la stratégie s’effrite.



Au cours de son dernier mandat, 2010-2015, Faure Gnassingbé a multiplié gaffes et scandales. Pire, il a emprisonné trois dignitaires kabyè. D’abord Kpatcha Gnassingbé, son demi-frère, accusé d’une tentative de coup d’état dont seule la justice s’est convaincue, lui assénant 20 ans de prison fermes alors que dans la tête de toute la population, le doute n’a jamais été aussi tranchant. Aucune preuve sérieuse, une parodie de procès, des cafouillages du procureur de la République et résultat, une condamnation pléthorique pour éliminer un potentiel adversaire, sinon concurrent de terrain. Parrain de trafics tous azimuts, Kpatcha Ganssingbé s’est vite imposé notamment dans le fief du régime comme le « remplaçant du père » décédé le 05 février 2005. Il s’est investi, à travers associations et fondations, dans l’humanitaire et a accumulé une immense sympathie dans l’armée.


Il crée une radio à Kara, aide les candidats du parti à la députation en 2007 à rafler des sièges dans tout le nord. Il entretenait des relations discrètes avec l’ambassade des Etats-Unis (qui pourtant le livrera). Il ne fallait pas plus pour qu’il devienne l’homme à abattre, il le sera dans la foulée, accusé de fragrant délit de putsch alors qu’il se trouvait dans son lit. Depuis, Agba Bertin et Pascal Bodjona, cousins et « généreux » dignitaires du régime ont été neutralisés. Le premier en cabale au Ghana, le second en prison dans une nébuleuse affaire d’escroquerie internationale. Tous les trois constituaient le trio d’influence dans une région où, depuis la mort de Gnassingbé Eyadema, père de l’actuel président togolais, Faure était devenu si impopulaire qu’il était obligé de rentrer à Lomé, tous les soirs (en avion) quand il séjournait dans le fief familial, pour y passer la nuit.


Pour s’imposer et prendre la main, il fallait les liquider. Depuis, il est victime de leur disparition, sa popularité en ayant pris le coup. « Le président ne faisait rien pour nous aider et ceux qui nous aident, il les jette en prison« . Cette plainte d’un notable de Pya proche de Kpatcha résume l’atmosphère qui règne en cette période électorale où, dans l’opinion, des gens trouvent l’occasion plus que jamais de sanctionner un président qui ne s’en prend qu’à ses « frères« . «Pourtant, ses femmes, si nombreuses font plus de mal au Togo que quiconque » résume un chef canton de la Kozah sous couvert d‘anonymat. Comme si dans les têtes, ce rendez-vous électoral est aussi celui de règlement de comptes en douce… dans la tête des populations notamment de la Kara.


Dessous-de-table, désorganisations et cafouillages


Faure Gnassingbé, sournois, a réussi à créer autour de lui une ambiance floue et d’hypocrisie . A force de manipuler et de diviser ses collaborateurs, il se retrouve au cœur de la jungle de mensonges et de méfiance qu’il a créée. Il surfe sur la loyauté approximative des uns et les calculs revanchards des autres et au finish, il fragilise tout son système. Le pire pour Faure Gnassingbé, ce sont ses ennemis de l’intérieur. Ceux qui, nombreux, font semblant d’être avec lui et nourrissent, à peine sous voile, l’ambition de lui succéder. Le président togolais lui-même les appelle « les Ninjas verts« . A plusieurs reprises déjà, il a confié à ses proches avoir connaissance de leur existence. « Je les suis même de près » disait-il, mi-février à un visiteur de soir et conseiller informel. Parmi ces Ninjas, beaucoup font la campagne officielle de jour et la contre-campagne de nuit, dénonçant en mots à peine voilés, « les travers du chef de l’Etat« . Les uns l’accusent d’avoir offert le pays à ses nombreuses femmes, les autres d’avoir éloigné de la cagnotte ses frères qui voulaient « faire bien« . Mais tous sont unanimes sur sa « gestion opaque et son envie de s’éterniser au pouvoir« .

Pour leur répondre, dans le dernier Jeune Afrique avant la présidentielle du 25 avril, Faure Gnassingbé s’est époumoné à dire qu’il ne veut « pas s’éterniser au pouvoir« . Mais ils ne le croient pas. En revanche à leur décharge, Faure Gnassingbé sait qu’ils sont plus capables du pire que du meilleur.


Pour ceux qui ont suivi de près cette campagne, aucune autre n’a été aussi mal organisée par le pouvoir en place. Des affiches mal conçues avec des slogans creux, « plus j’y pense plus c’est Faure », « avec vous mes frères je me sens Faure » ; des gadgets sur lesquels le logo n’est pas conforme, le manque de coordination entre les divers groupes de campagnes et le recours à des personnes dont l’image suffit à remettre en cause le message porté -Sam Bikassam, Ingrid awadé, Victor Sossou, Ahoomey-Zunu, Solitoki Esso et autres l’ancien attaché de presse de la présidence, Wiyao- . La plupart des barons à l’instar de Gilbert Bawara, ont préféré, ce qui est plus facile pour eux, rester à Lomé et glaner autour d’une campagne de proximité qu’ils n’ont jamais faite. Souvent parce qu’ils sont à peine connus chez eux ou ne disposent pas suffisamment d’assises au village, ni maison ni autres choses. Il y a aussi le fait que, ne sachant pas à quelle sauce ils seront mangés, certains cadres et hommes d’affaires du parti au pouvoir ont préféré ne pas mettre la main à la poche.


A Dapaong par exemple, la plupart des meetings ont été poreux parce qu’il n’y avait personne pour débloquer les 2000 frs cfa que traditionnellement, Unir distribue aux manifestants. Alors les populations qui n’y prennent part que pour cela se sont transportées ailleurs ou ont préféré se livrer à leurs occupations quotidiennes. Mais dans la plupart des préfectures, c’est la coordination qui a fait problème jusque dans la Kozah.


Le premier problème de Unir dans le fief traditionnel est la coordination du parti. Créé depuis 4 ans, le parti au pouvoir n’a pas pu faire une assemblée constitutive et vole de structures provisoires à organisation temporaire comme si son ancêtre, le Rassemblement du peuple togolais lui mine le tabouret. Il a fallu l’intervention personnelle du chef de l’Etat précédée d’une guerre de clan pour arriver à la désignation de koffi Kadanga Walla comme coordinateur avec une seule mission : assurer juste la campagne électorale. Il devrait être remplacé après sa mission par une coordination censée être durable. Cet état de chose lui laisse peu de marge de manœuvre et fragilise la pertinence et le sérieux du message qu’il porte. Et des cas pareils se sont multipliés dans tout le pays.
L’opposition multiplie des atouts malgré les divisions
L’opposition togolaise n’a jamais été aussi bien organisée, notamment le CAP 2015. Fabre a parcouru tout le pays, ce qu’il n’a pas fait depuis longtemps. Il a fait du nord du pays sa priorité et a séjourné dans des localités sensibles (Kara, Binah, Tchamba). Son discours est stable, constant et responsable. Il est apparu en homme d’Etat qui joue, sans doute, sa dernière carte et n’a pas lésé sur ses atouts et potentialités pour clamer sa détermination à gagner le scrutin. Il est resté ferme, direct, courtois et malin. Il a pour la toute première fois, visité dans le nord des familles, des femmes, des enfants, des gens simples et pauvres. Partout, il a réussi à déchainé l’espoir et suscité l’espérance comme si son dernier round était aussi la dernière occasion pour le peuple togolais de choisir sinon de changer son destin. Pendant ce temps, partout dans le pays, des équipes de CAP 2015 ont pris d’assaut les préfectures, avec une campagne de proximité mais aussi des rencontres et meetings populaires.


La situation actuelle est semblable à celle d’un scrutin à deux tours. D’un côté, Jean-Pierre Fabre qui est porté par CAP 2015, un regroupement crédible de partis politiques. De l’autre Faure Gnassingbé, candidat du parti au pouvoir, Unir. Il doit compter avec, dans son fief traditionnel, le septentrion, Gogué (ADDI) qui va lui prendre une partie de son lectorat dans le Tone mais aussi une partie de celui de Fabre ; Taama (NET) qui lui ne va glaner que dans l’électorat de Faure essentiellement dans la Kozah et le Doufelgou mais aussi à Lomé ; Tchassona (MCD) qui pourrait compter sur l’électorat du parti au pouvoir dans le Tchaoudjo (centre du pays).


En résumé, Fabre peut espérer compter sur l’électorat radical et extrémiste qui le soutient depuis toujours dans les poches hostiles au régime dans le nord notamment Dapaong, Cinkansé, Sokodé, Bassar, Kpendjal, Assoli, Dankpen, Guérin Kouka. Faure devra compter sur son électorat fidèle de la Binah, de Doufelgou, de la Kéran mais aussi du centre du pays, en dessous de Sokodé, notamment Sotoboua, Blitta, Langabou. Pour la Kozah, il doit tenir compte de la grande abstention et surtout de la percée probable de Fabre. Ainsi, pour la première fois, le Nord du pays sera partagé entre Fabre et Faure avec une avance pour le président sortant. Mais en même temps une percée jamais réalisée pour Fabre. Le candidat de CAP 2015 pourra ensuite compter sur le méridional notamment la côte et le Sud des plateaux de même que les préfectures de Bas-Mono, Lacs, Vogan et Yoto. La région des Plateaux sera celle charnière qui décidera. Dans cette région, Faure n’a jamais réussi à laisser patent autant de confits. Notamment des deux clans, celui de Ingrid Awadé, sa sulfureuse maitresse qui peut compter sur le Major Kouloun et celui de Aïdam, vice-président du parti dont c’est le fief. En évitant soigneusement de régler ces genres de conflits, le président sortant enlise sa propre machine. Le tout se jouera dans les Plateaux où, Faure devrait arriver en tête sans pouvoir inverser les tendances.


Si l’on totalise les voix de l’opposition lors des dernières législatives, elles dépassent de plus de 100.000 celles du parti au pouvoir, étant donné qu’en de telles circonstances ce sont les individualités qui prévalent. Ici, pour une présidentielle, certains militants de l’opposition qui se sont laissé séduits par des candidats aux législatives vont vite se raviser, au détriment du parti au pouvoir.


Si l’élection est transparente, Unir n’aurait jamais été si près de le perdre, mais il va falloir que Fabre planifie bien la désignation de ses représentants dans les bureaux de vote et surtout, qu’il suive de près la compilation des résultats. C’est le dernier gouffre de tensions et c’est sur cela que tout le scrutin se joue. Chacun des candidats le sait.

MAX-SAVI Carmel, Envoyé spécial à Kara
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