On est loin du spectre des violences électorales qui ont fait une mauvaise publicité au Togo entre 1990 et 2005, avec l’atteinte du pic le 24 avril 2005, à la faveur du scrutin présidentiel de cette année-là. Aussi, certes depuis les législatives d’octobre 2007, le Togo n’organise-t-il plus d’élections violentes. Cependant, depuis le 10 avril 2015 (date du début de la campagne électorale qui s’est achevée ce 23 avril), la vie à Lomé tourne au ralenti.
Plusieurs revendeuses dans les principaux marchés de la capitale togolaise, gérants de petits commerces ou encore d’autres opérateurs économiques plus imposants partagent ce constat. « Amer » pour les uns, «réaliste pour les autres, au regard de la récente histoire socio-politique du Togo ».
«Déjà que notre quotidien n’était pas enchanteur et réjouissant en période normale à cause de la paupérisation des Togolais, vous imaginez un peu ce que cela donne en période d’élections», résume une commerçante du marché d’Adawlato (le principal de la capitale), sur un ton de mélancolie.
« Plusieurs hommes d’affaires de différentes nationalités et de tailles variables résidant chez nous ont franchi les frontières, le temps de la tenue et de la proclamation des résultats de la présidentielle 2015. Je vous parle en connaissance de cause. Ce réflexe, ce comportement n’est pas en réalité une nouveauté. Ces étrangers adoptent cette posture sur la base de l’expérience fâcheuse des élections de 2005», appuie, sous anonymat, un ex haut cadre de l’administration togolaise.
Des faits et gestes qui ne trompent pas…
La fermeture temporaire de certaines écoles dont les pensionnaires sont essentiellement des binationaux ou des étrangers confirme les dires du cadre sus-cité. Autre signe qui ne trompe pas sur le même sujet, la circulation fluide remarquable depuis deux semaines sur certains axes clés de la capitale togolaise ; même aux heures de pointe de la journée.
C’est le cas « du Boulevard Eyadèma» qui relie le centre-ville de Lomé et l’un de ses cantons les plus peuplés, Agoènyivé. Ou encore du vide créé dans les administrations publiques, en l’occurrence les ministères, par plusieurs déplacements de fonctionnaires et ministres au profit de la campagne.
Autre marque de l’appréhension que suscitent toujours dans maints esprits les périodes électorales au Togo, l’ambassade de France en République togolaise, dans un laconique communiqué en date du 23 avril 2015 «à ses ressortissants, recommande la plus grande vigilance à partir du 25 avril, notamment au moment de la proclamation des résultats de cette présidentielle».
Cette appréhension diplomatique française est partagée par un certain nombre de Loméens, même si, avec une moyenne dose de chauvinisme, comme M. Roger (travailleur du secteur de la finance), ils sont nombreux à Lomé à «croire très fort en une issue heureuse nécessaire de la joute électorale du 25 avril». Même si les tenants de l’Opposition participant à cette élection comptent ne plus «rester passifs cette année 2015 devant toute velléité de fraudes ou hold-up électoral avéré» (en l’occurrence les responsables du CAP 2015), d’autres Togolais, comme Mme Charlotte (mère de famille), «espèrent tout simplement tourner le plus tôt possible la page de la présidentielle, dans la plus grande sérénité».
Toutes les formations politiques engagées dans le processus électoral en cours au Togo, l’organisateur du scrutin qu’est la CENI et le ministère dont elle dépend (celui de l’Administration territoriale) ont chacun appelé à « la tenue d’un scrutin apaisé », respectant la législation en vigueur au Togo.
Depuis avril 2005, la CENI a habitué les Togolais à une proclamation des résultats provisoires de tout scrutin organisé dans cette République, au plus tard dans les 48h qui suivent la fermeture des bureaux de vote. Constitutionnellement, le mandat du président sortant expire le 3 mai prochain.