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Bilan des années de Faure Gnassingbé à la tête de l’UEMOA : Un bilan dit satisfaisant, quid de la situation du Togo ? (analyse)
Publié le mardi 5 novembre 2013  |  Le Correcteur


© AFP par SEYLLOU
Ouverture de la 17ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d`Etat et de Gouvernement de l`UEMOA
Jeudi 24 octobre 2013. Dakar. Plusieurs chefs d`Etats sont arrivés à Dakar où ils prendront part à la 17ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d`Etat et de Gouvernement de l`UEMOA et au sommet extraordinaire de la CEDEAO.Photo :Faure, Gnassingbé, président de LOME


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Togo - A en croire le ministre Ayassor à qui est revenu le privilège de présenter le bilan du mandat de Faure Gnassingbé à la tête de l’UEMOA, le bilan est remarquable et presque à nul autre pareil. Au fond, si tant est que Faure Gnassingbé a du temps à investir au service de l’UEMOA au point de produire un tel bilan, on peut se demander ce qu’il a pu bien faire pour son propre pays.
Un bilan remarquable

Selon le ministre Ayassor, les deux années de Faure Gnassingbé à la tête de l’UEMOA ont laissé des traces indélébiles. D’aucuns ont même soutenu que Faure Gnassingbé a mis en orbite l’institution d’intégration sous-régionale. Ainsi, le discours-bilan de M. Ayassor signale trois chantiers au moins autour desquels Faure Gnassingbé a axé son mandat. Il s’agit des chantiers de la paix et de la sécurité, celui du financement économique de la communauté sans oublier cet autre chantier de la situation alimentaire dans l’espace. En grand chef de file, Faure Gnassingbé a eu la pertinence de confier chacun de ces chantiers à un homologue président afin d’en assurer un meilleur suivi. Les présidents du Niger, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire ont été mis à contribution pour la réussite desdits chantiers.
En plus de ces chantiers qu’ont peut désigner sous le vocable de chantiers généraux, il y a eu également les chantiers spécifiques que Faure Gnassingbé a remis en selle. Au nombre de ceux-ci figure en bonne place celui de la mise en œuvre des réformes liées aux textes et au fonctionnement de le l’union. Il s’agit en substance des directives qui portent sur les finances publiques, sur les budgets des Etats, sur la Trésorerie Nationale etc, dans tous les domaines qui meublent les activités des organes et institutions de l’Union. L’engagement de Faure Gnassingbé a consisté, selon le ministre Ayassor, à veiller à ce que le chantier desdites réformes soit ouvert et qu’il puisse avancer normalement.

Le ministre togolais de l’économie et des finances a par ailleurs indiqué que le Chef de l’Etat a également mis en place un panel de haut niveau pour réfléchir à une vision qu’ils ont qualifié de « vision 2020 ». Ce panel mis en place est composé de sommités nanties d’expertises transversales pour réfléchir sur l’avenir de l’union. Ce panel travaille actuellement là-dessus. Un pré rapport existe déjà qui a été soumis au Conseil des Ministres. Ce conseil l’a examiné tout récemment à Ouagadougou et a demandé que les efforts soient fait en vue de l’élaboration du rapport final qui doit être soumis aux chefs d’Etats lors de la prochaine rencontre dont la date n’est pas encore fixée, a expliqué M. Ayassor.

Un dernier élément à retenir dans le bilan de Faure Gnassingbé, c’est son engagement autour du Programme économique régional. Financé par la commission de l’UEMOA, ce programme vise à aider les pays membres à faire face aux besoins de financement dans tous les domaines surtout les secteurs importants comme le secteur de l’eau, le secteur de l’assainissement etc. Afin de redynamiser ce programme qui existait avant son mandat, le chef de l’Etat togolais a instruit les organes et structures en charge dudit projet aux fins d’organiser des tables rondes et des réunions pour amener les bailleurs de fonds à financer les projets de l’union. Sur la base de tous ces éléments, M. Ayassor tire la conclusion que l’on peut deviner aisément : « en somme c’est un bilan satisfaisant. Il a été même demandé au Chef de l’Etat de faire un troisième mandat mais il a refusé ».


L’arbre qui cache la forêt

A l’évidence, le discours de M. Ayassor ne peut pas être autre chose que ce qu’il est. Il a présenté de son patron le bilan que tout le monde peut imaginer. M. Ayassor ne peut que dire que Faure Gnassingbé a fait à la tête de l’UEMOA le mandat que sans doute aucun autre président n’a fait. Le bilan qu’il présente a ainsi l’air d’un panégyrique, d’une chanson de geste digne des siècles antérieurs. Disons-le de façon tranchée : Faure Gnassingbé n’a pas fait le miracle qu’on essaie de présenter mais il peut avoir pris des initiatives. Dans tous les cas, ce serait prétentieux, tendancieux voire injurieux pour les autres présidents de vouloir faire accroire que le mandat de Faure Gnassingbé est exceptionnel.

Quand on considère la conclusion de M. Ayassor par exemple, on peut s’étonner de ce que Faure Gnassingbé ait refusé de poursuivre l’expérience à la tête de l’UEMOA. N’est-ce pas paradoxal que le chef de l’Etat togolais prenne plaisir à dresser un tableau si paradisiaque de son mandat et refuse dans le même temps de poursuivre l’expérience ? On peut dire que c’est de la modestie ou l’expression d’un sens de l’alternance. Justement, bien qu’il soit su de tous qu’on ne change pas une équipe qui gagne- le bilan ainsi présenté est bien celui d’une équipe qui gagne- Faure Gnassingbé a renoncé à un troisième mandat. Curieusement, font observer les analystes, Faure Gnassingbé « refuse de refuser les mandats » à la tête du Togo.
En dépit du fait qu’il ait promis dans le cadre du dialogue politique de 2006 de faire faire les réformes constitutionnelles et institutionnelles dont le retour à la limitation du mandat présidentiel, il a tourné en bourrique ses adversaires politiques depuis 7 ans. Enfin, quand il lui a plu d’aborder le sujet, il a fait dire et décider que le décompte va commencer à partir de 2015. Calcul vite fait : les deux mandats de 2005 à 2015 sont passés par pertes et profits, comme disent les comptables. C’est le même président qui refuse un troisième mandat à l’UEMOA. En vérité, peut-on croire que Faure Gnassingbé a dirigé l’UEMOA de bon cœur ? On peut tourner la question : si Faure Gnassingbé refuse des mandats à l’UEMOA et s’impose au Togo en vers et contre tout, n’est-ce pas le signe qu’il est plus facile et plus bénéfique de diriger le Togo que de le faire de l’UEMOA ?
Sujet lié au précédent : le bilan de M. Ayassor indique que Faure Gnassingbé a fait remettre en selle les réformes à l’UEMOA. Les Togolais peuvent en exprimer de la surprise et de la déception. Si tant est que leur président est si enthousiaste à impulser à l’UEMOA une dynamique de réformes, pourquoi bloque-t-il dans le même temps les réformes attendues au Togo depuis 2006 au moins ? On a évoqué plus haut la question de la limitation du mandat présidentiel. Les réformes attendues vont au-delà de cette limitation et visent à créer le contexte d’une démocratie totale favorable à l’alternance politique au sommet de l’Etat. Ces réformes visent à faire du Togo un vrai Etat de droit dans lequel le pouvoir d’Etat n’est pas cédé selon la formule d’une succession dynastique.

Mais Faure Gnassingbé semble réticent à cela, préférant le contexte de verrouillage institutionnel qui lui permet de caporaliser l’administration et les institutions publiques en vue de leur faire valider coups de force et hold up électoraux. Même le bureau de l’Assemblée Nationale et les présidences des commissions n’échappent pas à la logique du verrouillage. L’année 2015 va arriver mais les promesses contenues dans l’accord de 2006 vont demeurer lettre morte. Pendant ce temps, le président Faure Gnassingbé est célébré pour avoir poussé vers l’avant le chantier des réformes à l’UEMOA. Conclusion naturelle : le Togo est un champ de coton où on peut faire ce que bon semble, n’en déplaise aux citoyens, qu’importe si cela leur plaît ou non.

Le bilan évoqué aussi un chantier sur l’assainissement et l’eau. C’est possible que dans des pays comme le Niger, le Burkina-Faso et le Mali, l’eau et l’assainissement soient des questions de survie. De ce fait, si le président en exercice en fasse une priorité, il n’y a pas à se faire du mauvais sang. Mais alors, met-on le même engagement à l’échelle nationale ? C’est connu que seuls 33% des Togolais ont accès à l’eau potable. L’accès aux structures d’assainissement est plus encore problématique. Faut-il en conclure que Faure Gnassingbé est plus enclin à se préoccuper de l’image du Togo à l’extérieur qu’à travailler sereinement au mieux-être des populations ? La question peut valoir son pesant d’or.

Nima Zara

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