Togo - On la dit finie, décapitée, ou encore groggy sous le choc de sa défaite. Éclopée et plus capable de faire ce qu’elle sait le mieux faire : déverser ses partisans dans les rues.Se pose alors la question de savoir si l’opposition togolaise est-elle finie
Une opposition bête
Longtemps qualifiée d’opposition la plus bête au monde, il faut dire que la galaxie que formaient partis politiques et associations opposés aux régimes des Gnassingbé a souvent brillé par ses incongruités, ses stratégies à courte vue et surtout par la légèreté des personnalités qui la composent.
Véritable foutoir et armée mexicaine par excellence, l’opposition togolaise n’a jamais été un bloc homogène. Un de ses traits particulier est la cacophonie. C’est parfois surréaliste de voir tous ces hommes, chacun se croyant un destin national parler tous en même temps, se prononçant sur tout et sur rien.
C’est encore pire de les voir dire, se dédire. Échafauder des stratégies aussitôt remises en cause le lendemain, faire des professions de foi, prendre des engagements et ne pas les tenir.
Le comble du comble c’est de voir tous ces adultes se donner parfois en spectacle toute honte bue. C’est à qui calomnierait mieux l’autre, c’est à qui poserait plus de peaux de bananes aux autres, c’est à qui trahirait le mieux ses camarades.
Le summum de cette irresponsabilité est le comportement de cette opposition avant les élections présidentielles du mois d’avril 2015. Les réformes qu’elle a promit obtenir avant les élections, le choix d’un candidat unique à la présidentielle et enfin l’alternance politique en 2015 ne furent juste que des mots. L’opposition togolaise a fini par se diviser laissant un boulevard au régime en place
Une chance de se réorganiser
Même si son irresponsabilité et son manque de stratégie ne justifient pas en totalité sa défaite, il faut dire que l’opposition togolaise à donné au pouvoir en place des arguments pour mieux la combattre. Elle a aussi contribué à démobiliser le peuple, elle s’est isolée et finalement ne s’est pas présenté comme une alternative crédible à la dictature.
Au lendemain de cette énième défaite, on serait tenté de dire qu’elle va tirer des leçons et mieux faire la prochaine fois. Le hic est que l’opposition togolaise n’a jamais tiré leçon de ses nombreux échecs mais on peut penser que les choses peuvent changer.
La présente défaite est trop lourde à porter et l’opposition togolaise risque de disparaître si rapidement elle ne trouve pas les moyens de retomber sur pied et remobiliser ses partisans.
Ce n’est pas tant la victoire de Faure Gnassingbé qui risque de lui poser problème mais c’est le dos que le peuple risque de lui tourner en attendant de nouveaux leaders et le moment propice pour obtenir l’alternance.
Le calme au lendemain des élections que certains ont vite assimilé à une résignation du peuple est une grosse erreur. Partout sur la terre, les peuples ont un comportement imprévisible car eux seuls sont maîtres de leurs destins.
Beaucoup de ressources restent encore à cette opposition. Ces élections ont permit au peuple de voir un peu clair dans cette galaxie.
L'Anc et ses partenaires du CAP 2015, L'ADDI d'Aimé Gogué pour le moment restent les fondations de cette opposition.L'Anc et ADDI ont toujours eu des affinités et malgré le divorce, le dialogue reste toujours possible pour faire revenir Aimé Gogué au foyer.
Il reste au CAR de clarifier sa position par rapport aux autres. N'ayant pas prit part à l'élection il est difficile d'évaluer son poids réel sur le terrain.
Ces élections aussi viennent de consacrer le leadership de Jean Pierre FABRE sur l'opposition et cela peut constituer un facteur d'unification à condition que certains ne retombent dans les travers du passé en voulant usurper la place du chef.
La victoire de Faure Gnassingbé lui a valu de nouveaux amis qui désormais ne peuvent plus se prévaloir de l'étiquette d'opposant. Pour certains c'est juste un retour au bercail. Pour d'autres ce n'est que la confirmation définitive d'une vérité de polichinelle.
L'opposition togolaise est-elle finie ? On peut dire non mais à condition qu'elle se lance dans un cure salvatrice pour se transformer en une véritable machine de guerre politique face au régime.