Ouf ! Ebola est enfin vaincu au Libéria. C'est du moins l'annonce faite par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), après 42 jours de surveillance. « 42 jours se sont écoulés depuis le dernier cas confirmé en laboratoire », (...) « et par conséquent, l'épidémie d'Ebola au Liberia est terminée », a déclaré un responsable de l'OMS, Alex Gasasira. Venant de l'Internationale de la Santé , cette déclaration vaut son pesant de crédibilité, mais bien plus, de soulagement. L'OMS est tellement jalouse de sa réputation qu'elle ne ferait pas une telle sortie si elle était gagnée par le moindre doute et le moindre scepticisme. Une sortie qui rassure. Et mieux, qui libère psychologiquement. Officiellement, l'ogre Ebola est donc anéantie au Libéria, après avoir dévoré plus de 4 700 personnes sur plus de 10 500 cas déclarés dans le pays, selon le dernier bilan de l'OMS. Mais attention à ce que le monstre ne reprenne du poil de la bête. D'autant que les deux pays voisins du Libéria ravagés, la Guinée et la Sierra Leone en l'occurrence, n'ont pas encore eu le même bonheur d'agiter les grelots de la délivrance, même si le nombre de nouveaux cas y est fortement en baisse ! On le sait, le caractère poreux des frontières est tel qu'on n'est jamais trop sûr d'être à l'abri d'un nouveau cas importé. Inquiétudes donc justifiées de l'OMS qui, du reste, n'a pas manqué d'appeler à la vigilance. Une vigilance d'autant plus nécessaire qu'à l'intérieur même du Libéria, les mauvaises habitudes ont certainement, par endroits, toujours la peau dure.
La lutte continue
C'est pourquoi il faut gagner la bataille des mentalités. Les ravages du fléau ont été tellement importants, aussi bien au Libéria que dans ses pays voisins, qu'il ne devait même plus s'installer dans l'esprit de personne, le doute sur la réalité de Ebola. Mais, comme on le sait, hélas, l'humanité fourmille de ces Saint Thomas qui refusent de croire sans avoir vu et pire, même parfois après avoir vu. Il est clair qu'il ne sera pas aisé de convaincre ces gens qui ont toujours du mal à se départir de l'idée que Ebola est une maladie imaginaire, d'abandonner leurs vieilles pratiques dangereuses pour leur propre santé. De fait, toujours dans le déni, certaines communautés continueront à résister aux mesures d'hygiène en persistant dans leurs inhumations clandestines et autres habitudes à risques. C'est dire s'il faut poursuivre la sensibilisation, axée sur un vaste maillage de toutes les localités libériennes. Par ailleurs, la compréhension de la maladie est capitale, autant que la traçabilité des personnes ayant été en contact avec la maladie. Autant dire que la lutte continue. Et à ce propos, on peut se féliciter de l'attitude des autorités libériennes qui ont invité leurs concitoyens à ne pas baisser la garde. Cela dit, si le Libéria en est arrivé à obtenir l'extinction de la propagation de la maladie, le mérite revient aux Libériens, mais particulièrement au valeureux personnel de santé qui a bravé les mille et un périls, au prix même de sa vie. Hommage donc à ces intrépides combattants au sens élevé du devoir, du sacrifice et du sacerdoce, et dont, hélas, 189 ont péri sur 375 contaminés par le virus.