Ouagadougou abrite les 7 et 8 novembre une conférence visant à promouvoir les bénéfices d’une plus grande intégration économique et surtout à dégager les moyens d’y parvenir dans l’espace UEMOA. L’Union veut ainsi dégager ses priorités pour accompagner le vent de croissance qui souffle sur la région comme presque partout sur le continent.
En vingt ans, l’intégration économique a fait un bond en avant. Pour mesurer le chemin parcouru, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) marque une pause pour évaluer les gains et les progrès accomplis dans l’intégration en zone franc.
L’institution régionale organise à cet effet en partenariat avec la FERDI (Fondation pour les études et recherches en développement international) et le Fonds monétaire international (FMI) une conférence sur le thème : « Renforcer l’intégration pour accélérer la croissance : quelles priorités pour l’UEMOA ? ». Les sessions de la conférence sur la base d’un rapport réalisé en septembre 2012 par la FERDI intitulé « Evaluations des gains attendus de l’intégration économique régionale pour les pays africains de la zone franc », vont porter sur le renforcement de l’intégration financière et monétaire ainsi que commerciale, l’harmonisation fiscale et l’approfondissement du marché commun et les infrastructures. La table ronde finale permettra de débattre de l’arbitrage entre le renforcement de la mise en œuvre des mesures actuelles et la proposition de nouvelles mesures ou encore entre approfondissement et élargissement.
Les membres du panel s’interrogeront également sur la cohérence entre les instruments proposés et les enjeux soulevés.
L’étude de la FERDI a été commanditée par les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales pour faire le point des gains attendus de l’intégration économique régionale au sein des deux unions de la zone franc (UEMOA et CEMAC).
Les conclusions devraient permettre de mieux documenter et de promouvoir les bénéfices des processus d’intégration. Pour ce faire, le rapport réalisé par la FERDI diagnostique l’état actuel de l’intégration en zone franc, examine les mesures susceptibles de la renforcer. Ces mesures concernent des domaines aussi variés que la monnaie et la finance, la politique commerciale et fiscale, l’approfondissement du marché commun et les politiques sectorielles (infrastructures, agriculture, éducation, santé). Ensuite, le rapport évalue les gains potentiels ainsi que les risques associés à ce renforcement. Par exemple, dans les domaines monétaires et financiers, le rapport relève des progrès accomplis et souligne que de nombreux instruments de l’intégration sont déjà en place. Mais, il recommande de matérialiser l’intégration financière, encore trop embryonnaire dans l’Union, en améliorant la sécurité des transactions financières entre les institutions bancaires en vue de développer le marché interbancaire.
De plus, le rapport pense qu’une meilleure connexion entre ces dernières et les agents non financiers pourrait développer le crédit bancaire. Autre piste suggérée par le rapport, le renforcement de la surveillance multilatérale des budgets ; c’est ce qui permettra d’avoir une politique contra-cyclique tout en favorisant le financement des investissements publics par recours à l’épargne nationale. Il y a aussi que l’Union doit garantir la production d’informations macroéconomiques fiables pouvant guider le pilotage macroéconomique.
« L’intégration commerciale en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale repose pour l’essentiel sur le bon fonctionnement des unions douanières existantes et sur l’harmonisation fiscale qui lui est associée. Le fonctionnement des Unions est néanmoins entravé par des décisions nationales non conformes à leurs principes (modifications unilatérales, exonérations, régimes dérogatoires…) », constate le rapport. Enfin, le document relève l’approfondissement du marché commun et les politiques sectorielles qui sont des domaines où des progrès importants pourraient être réalisés. « Il s’agit d’une part, de mettre en place des instruments régionaux dans les domaines où les économies d’échelle sont les plus fortes (politiques agricoles, sécurité alimentaire, connexions des réseaux électriques, corridors routiers, câblage fibre optique, centres d’excellence régionaux d’enseignement et de recherche, collaboration pour les approvisionnements en médicaments », mentionne l’étude.