Après la démission du Premier Ministre Séléagodji Ahoomey-Zunu le 22 Mai, la course est ouverte pour doter le pays d’un nouveau chef de gouvernement. La situation politique morose du pays avec la contestation de la réélection de Faure Ganssingbé par une partie de l’opposition fait qu’il n’y a pas dans le pays un réel engouement autour de cette affaire. Mais le sujet n’est pas anodin pour autant, car le profil du futur PM déterminera l’orientation du troisième mandat du fils du Général Eyadèma.
L’impossible ouverture
Avec le déroulement du scrutin présidentiel du 25 Avril, on pourrait penser que le parti UNIR a atteint la limite de ralliement qu’il pouvait espérer. D’anciens opposants et cadres du RPT entre temps passés à l’opposition ont donné des signaux clairs pour retourner vers le pouvoir. Faure Ganssingbé a mobilisé autour de sa personne quelques personnalités clés dont beaucoup provenaient du secteur privé ou de l’international. Le gouvernement dont la démission a été présentée était composé de militants acharnés du parti et de quelques têtes présentées comme des technocrates. Toutes ces personnes se confondent aujourd’hui avec le régime et ne rendent aucun compte à un groupe politique ou associatif quelconque. Même les représentants de l’UFC, parti de Gilchrist Olympio ne peuvent plus légitimement se revendiquer d’une opposition réelle.
Du coup, on ne voit pas dans quel sens une nouvelle ouverture pourrait intervenir. Surtout pas du côté de l’ANC de Jean-Pierre Fabre, qui est fier de proclamer à ses militants qu’il n’était point achetable. Un gouvernement d’union nationale à la méthode Eyadèma n’est donc pas à l’ordre du jour. On risque dès lors de voir plutôt un gouvernement replâtré de fidèles et d’amis du président. Une reconduction d’Ahoomey-Zunu est plus qu’anecdotique.
Les défis de la future équipe
Faure Gnassingbé a battu campagne sur les réalisations de son équipe. La construction des routes et d’autres infrastructures était brandie comme un trophée, dans un pays où le coût de la vie ne cesse pourtant d’augmenter, avec un taux de chômage parmi les plus élevés de la sous-région.
Si l’on se réfère à la position soutenue par Faure Ganssingbé au cours du sommet de la CEDEAO tenue la semaine dernière à Accra, on doit s’attendre à une radicalisation du régime. Le Togo se classe désormais de manière résolue parmi les systèmes politiques les plus fermés du continent. Les réformes politiques se révèlent impossibles.
Dans cette optique, on peut parier que le prochain premier ministre sortira du cercle des fidèles de Faure. Il avait déjà tenté de « grosses têtes » des Togolais des organisations internationales avec Houngbo, sans grand succès. Ahoomey-Zunu lui n’a véritablement été qu’un chef d’apparat, les réelles affaires gouvernementales étant traitées dans les officines de la présidence, avec une myriade de conseillers.
Mais ce régime peut-il longtemps rester sourd aux appels aux réformes démocratiques ? Rien n’est moins sûr. L’un des principaux échecs du précédent gouvernement a été son incapacité à avancer sur le chantier de la décentralisation. UNIR sera très attendu sur ce terrain, de même que sur les enjeux des changements normatifs.
Le futur chef de gouvernement risque donc d’être un grand commis du système en place, sans poigne réelle, pour ne pas faire ombrage à Faure Gnassingbé, l’un des doyens des chefs d’Etat d’Afrique de l’ouest.... suite de l'article sur Autre presse