Togo - Dans le quotidien national Togo-Presse, paru le 04 mai 2015, l’on pouvait lire en grand titre ce qui suit : « Le Président Américain Barack Obama félicite le Chef de l’Etat ».
L’on croirait volontiers, qu’il s’agit là d’une lettre de félicitation relative à la prétendue réélection du Prince au Togo. Faux ; vraiment faux.
Barack Obama a bien pris soin d’inscrire exclusivement sa lettre dans la cadre de la célébration par le Togo du 55ème anniversaire de son indépendance. Une vraie claque.
Comment l’on peut comprendre qu’au lendemain de la confirmation des résultats (frauduleux) par la Cour Constitutionnelle, le Président Obama se contente de féliciter le Prince non pas pour ce coup magistral, mais plutôt pour la fête de l’indépendance du Togo ?
Et comme le Prince et ses sbires sont dans une attente sans pareille de l’onction du Président américain à la suite de ces élections, ils ont cru devoir tromper la vigilance des togolais à travers ce titre ronflant dans le quotidien national.
Mais hélas ! Obama n’a guère acclamé le lâche coup de force du Prince.
Il en est de même pour Angela Merkel, la Présidente de la République fédérale d’Allemagne qui n’a daigné envoyer un mot au despote du Togo.
Même en lisant de près les lettres émanant du Président Hollande, ou de Michaëlle Jean de l’OIF, l’on perçoit d’emblée un pas forcé qui exhorte plutôt le Prince à réformer le cadre électoral en vue d’assurer la transparence effective des élections au Togo, à poursuivre les réformes politiques pour asseoir les socles d’une démocratie assumée dans le pays etc.
Personne en réalité n’est enthousiaste des conditions opaques dans lesquelles, « les résultats » du scrutin du 25 avril dernier ont été servis au peuple togolais et à la communauté internationale dans son ensemble.
Mais puisqu’il y a tant de crises en Afrique, tant d’instabilité dans plusieurs pays, faut-il encore en rajouter ?
La communauté internationale a donc préféré fermer les yeux sur le coup de force électoral opéré au Togo pour ainsi se contenter du diable qui est déjà connu plutôt que prendre le risque d’une nouvelle formule qui, peut-être, donnerait naissance à un démon que l’on aurait du mal à maîtrise....
Tout compte fait, Faure Gnassingbé doit se rendre compte par lui-même que son image et son statut actuel de Président exerçant un troisième mandat encombrent et embarrassent sérieusement le monde entier.
Il doit comprendre que tout le mal qu’il éprouve aujourd’hui pour mobiliser cette communauté internationale autour de son curieux projet d’investiture, tient de cette gêne que tout le monde éprouve à son égard.
Cela dit, il a dû vivre en live, toute la mobilisation qu’il y a eu vendredi à Abuja à l’occasion de l’investiture du nouvel élu, le général Muhammadu Buhari.
Les élections au Nigéria ont été propres, au sens propre du terme. Elles ont consacré une alternance pacifique et élégante qui a été unanimement saluée par l’ensemble de la communauté internationale.
Voilà pourquoi, Obama a dépêché John Kerry pour prendre part à cette cérémonie d’investiture.
Voilà aussi pourquoi, Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères s’est transporté dans ce géant de l’Afrique de l’Ouest pour la même cause, quand bien même il s’agit bien d’un pays anglophone.
Cela dit, qui le Prince compte-t-il amener au Togo à l’occasion de sa fameuse investiture dont il continue indéfiniment de reporter la date ?
A part le guignol du Bénin et le despote de Conga Brazzaville ainsi que le sulfureux diplomate ghanéen travaillant aux côtés de Ban Ki-Moom tel un commerçant-affairiste, qui d’autre a acté son arrivée au Togo dans le cadre d’une telle investiture ?
Pour l’instant, c’est tout un mystère. Et cela illustre parfaitement combien le Prince et ses aventuriers sont entrain d’affronter une pénible épreuve dont ils n’ont toujours pas la solution.
Comment peut-on s’expliquer qu’un Président qui se dit brillamment réélu avec plus de 58,77% des voix éprouve autant de peines pour se faire accepter auprès de la communauté internationale ?
Le Prince peut-il enfin comprendre à quel point sa personne dégage une forme de répugnance aux yeux des décideurs de ce monde ?
Il faut bien le reconnaître, Faure Gnassingbé est un dirigeant atypique qui est passé maître dans l’avidité du pouvoir.
Il est d’autant plus atypique qu’il n’a pu prendre conscience de l’effet désastreux que l’exceptionnel long règne de son père défunt a pu laisser dans l’imagerie collective à la fois des togolais que de la communauté internationale, au point de vouloir, lui aussi s’accrocher indéfiniment à ce fauteuil.
Il est encore différent de tout à la fois des lois de la nature, du bon sens, de la morale….au point de ne respecter aucun accord, aucun engagement et encore moins de respecter une seule des paroles qu’il sert au peuple togolais. Incroyable.
Aujourd’hui, son style de gouvernance s’arrime parfaitement avec celui d’un Nkurunziza du Burundi, un rebelle attitré qui, a priori est une tête brûlée dont la vie n’a de sens que dans le mal.
Comment comprendre qu’un prétendu jeune leader, issu des écoles de référence en France et aux USA, puisse s’adjoindre à un marabout comme Yaya Djamey pour refuser de parapher le projet de la CEDEAO tendant à limiter les mandats à deux dans l’ensemble de l’espace communautaire ?
Qui peut comprendre les accointances actuelles que Faure Gnassingbé développe avec un Denis Sassou N’Guesso, dictateur impénitent, guerrier ayant écrasé la vie des centaines de congolais pour arracher le pouvoir à Pascal Lizouba et qui cherche ensuite à s’y accrocher indéfiniment au point d’envisager le tripatouillage de sa Constitution pour cette fin ?
Où veut au juste aller le Prince du Togo ? Les togolais doivent-ils conclure que Faure Gnassingbé est content du tripatouillage de la Constitution, lâchement opéré le 31décembre 2002 pour consacrer la pérennisation du pouvoir par son père défunt ?
Son attitude illustre parfaitement qu’il en a été fier, qu’il en est d’ailleurs fier jusqu’à ce jour. Voilà donc pourquoi il n’a pas hésité, lui aussi à marcher sur les cadavres d’au moins 500 togolais pour s’accaparer de ce pouvoir que venait de laisser son père par la force de la nature en 2005.
Il en jouit tellement qu’il n’a aucune envie de réparer le tort causé par son père défunt à l’égard du peuple togolais.
C’est totalement fou cet effet pervers que le pouvoir a pu avoir sur un jeune intellectuel aussi branché que Faure Gnassingbé.
Son cas rappelle tristement celui de Bachar el-Assad de la Syrie qui, à cause du pouvoir, tue des centaines de milliers de syriens à l’heure où nous écrivons. Une vraie honte pour le monde…..
Par quelle porte, notre cher Prince souhaite-t-il rentrer dans l’histoire ? Par celle ouverte par un Mandela ou celle d’Hitler ?
Il lui appartient d’y répondre. Mais pour l’instant, faute de pouvoir mobiliser les gens autour de sa fameuse et délirante investiture, il préfère en rassembler pour des questions de sécurité maritime.
On peut alors imaginer que le 02 juin au palais de la présidence à Lomé, Faure Gnassingbé pourra bien se flatter de la présence de quelques broutilles de décideurs du monde pour l’entourer autour de son projet de lutte contre la piraterie maritime. Si cela peut le contenter, tant mieux mais qu’il comprenne bien que l’essentiel n’est guère là.