« Les Togolais sont encore loin de voir sécher leurs larmes de douleur et de désespoir… », c’est ce que pense le Franco-Togolais Kofi Yamgnane, président de Sursaut-Togo et candidat recalé à l’élection présidentielle du 4 mars 2010. Au lendemain de l’accord politique intervenu le 9 juillet dernier à l’issue d’un dialogue présidé par Mgr Nicodème Barrigah, évêque d’Atakpamé (180 km au nord de Lomé) et de l’Ambassadeur des Etats-Unis au Togo Robert Whitehead, Kofi Yamgnane avait exprimé sur les ondes de RFI, son scepticisme. L’homme avait-t-il été compris par ses compatriotes dans ses prises de position ? Il revient dans la réflexion ci-dessous, sur le sens réel à donner à son analyse du 10 juillet sur RFI. Lire en intégralité la réflexion.
« Ce 9 juin 2013, un accord a été trouvé entre le Gouvernement et l’opposition ».
Une grave désillusion en perspective
On peut se sentir soulagé et donc saluer en toute bonne foi l’avènement de cet accord, issu du 24e(!) dialogue inter togolais, obtenu à l’arrachée à la dernière minute.
Mais attention, les apparences sont trompeuses et l’on peut, à juste titre, craindre qu’il ait le même sort que ses 23 prédécesseurs : finir dans la corbeille du RPT.
Ce matin même (le 10 juillet 2013, NDLR), je disais sur la radio RFI que le RPT est passé maître dans l’utilisation des leurres et autres fumigènes semés sur sa route dans le seul but d’égarer l’opposition et la conduire sur des voies sans issue ! En voilà un exemple caricatural. Cet accord qui n’est, selon moi, qu’un écran de fumée, cache l’essentiel du combat politique à mener au Togo: tous les Togolais le savent !
. la question de la sécurité des citoyens
. la question de la violence politique, de l’arbitraire et de l’impunité : pour quelle cause 2 jeunes lycéens sont-ils morts récemment à Dapaong ?
. la question du rôle de l’armée
. la question de la démocratie (libertés collectives et individuelles, limitation du nombre de mandats présidentiels, scrutins à 2 tours, reconnaissance de la citoyenneté de la diaspora [première Région du Togo !], justice républicaine…)
. la question de la gestion économique du pays et de la juste redistribution des ressources nationales
. la question du développement (école, santé, infrastructures, agriculture, pêche…)
…comme vous voyez, tout cela est « passé à l’as » sans que plus personne ne soit choqué, ni les institutions religieuses représentées par Mgr Barrigah soi-même, ni la Communauté internationale en la personne de M. Robert Whitehead, Ambassadeur des USA à Lomé, ni surtout l’opposition togolaise qui « n’y a vu que du feu » et qui, trop naïvement, croit « avoir tiré son épingle du jeu », ce dont elle devrait déchanter rapidement, au vu des résultats qui s’annoncent d’un « scrutin » largement « préfagocité » par le RPT… qui en sortira nécessairement victorieux.
Les Togolais sont encore loin de voir sécher leurs larmes de douleur et de désespoir…