Togo - L’autoritarisme et l’absence de démocratie au Togo se sont cristallisés depuis un temps dans la scabreuse affaire d’incendies des marchés des villes de Lomé et de Kara qui, désormais, constitue le prétexte récurrent dont les autorités de fait du Togo se servent pour se livrer à toutes sortes de violations des droits humains. Ces violations quotidiennes dont les formes les plus courantes sont l’enlèvement et l’incarcération arbitraire de citoyens, surtout quand ceux-ci sont soupçonnés d’être proches de l’opposition démocratique au régime de Faure Gnassingbé, ont déjà coûté la vie à des citoyens de tous âges. En témoignent les meurtres odieux d’Etienne Yakanou, en prison, et de Douti Sinalengue et d’Anselme Sinandare, tombés sous les balles assassines du régime, lors d’une manifestation pacifique d’étudiants pour réclamer leurs droits les plus élémentaires d’étudiants.
Ces violations ont aussi servi à intimider l’opposition lors des campagnes électorales qui ont conduit aux élections législatives hautement frauduleuses du 25 Juillet 2013. En effet, certains dirigeants de l’opposition, tel Monsieur Abass Kaboua, président du Mouvement des Républicains Centristes (MRC), ont été jetés et maintenus en prison sur la base du même prétexte d’incendie pendant tout le déroulement desdites élections.
Alors même que la victoire volée du parti UNIR lui assure une majorité au parlement avec 62 députés sur les 91 y siégeant, et fait espérer un peu plus de retenue dans la violence à laquelle s’est toujours livré le pouvoir de Monsieur Faure Gnassingbé à l’encontre de l’opposition démocratique, ce pouvoir continue de se servir du prétexte des incendies de marchés pour empêcher les dirigeants et les membres de l’opposition de jouir de leurs droits civiques tels que prescrits par la constitution en vigueur au Togo. Ainsi, des dirigeants se voient toujours inculpés, souvent incarcérés, et, le cas échéant, ne sont remis qu’en liberté provisoire, avec interdiction formelle de quitter le territoire national.
Ce harcèlement organisé par le régime contre l’opposition continue de frapper Monsieur Jean-Pierre Fabre, Président national de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) et chef de file de l’opposition togolaise, avec l’interdiction qui lui est faite de se rendre, ce samedi 02 novembre 2013, à Paris et à Bruxelles pour rencontrer les autorités françaises et celles de l’Union Européenne. La stratégie de persécution des membres de l’opposition frappent également en ce moment-même, deux autres cadres de l’ ANC, ainsi que le Président du Parti des Travailleurs, qui ont été tous les trois convoqués par le doyen des juges d’instruction, inculpés et privés de leurs droits de sortir du territoire national.
Cette situation outrageuse et dangereuse pour la stabilité et la paix dans le pays ne peut durer. A la démarche non-violente, légale et citoyenne qu’adopte l’opposition démocratique pour favoriser l’avènement d’un état de droit au Togo, le régime de Monsieur Faure Gnassingbé oppose une violence d’état de plus en plus intenable, qui fait toujours plus de victimes, favorise la mal-gouvernance, et conduit chaque jour le pays un peu plus vers le chaos. Nous en appelons par conséquent de toutes nos forces à un sursaut d’indignation et d’action des organisations des droits de l’homme, de la communauté internationale et, en particulier, des dirigeants des pays amis du Togo qui, de par leur position, ne peuvent pas ignorer les violations massives des droits des citoyens par le régime de Monsieur Faure Gnassingbé.