En nommant Sélom Klassou, un homme du sérail comme nouveau chef du gouvernement, Faure Gnassingbé, le président togolais opte pour le recentrage du pouvoir autour de ses hommes et femmes les plus fidèles. Cette nomination met fin à une forme d’ouverture commencée en 2010 avec Fossou Hougbo qui s’était poursuivie avec Arthème Ahoomey-Zunu en 2012. Mais qu’est-ce qui peut réellement changer?
Le pouvoir togolais s’est beaucoup radicalisé depuis le scrutin présidentiel du 25 Avril passé, qualifié de frauduleux par une partie de l’opposition quoique salué par une partie de la communauté internationale comme une élection démocratique et pacifique. Suivant la “tradition républicaine”, le Premier ministre en poste a démissionné et le président élu a prêté serment. Son investiture plusieurs fois programmée n’a toujours pas eu lieu. Faute de disponibilité des invités, susurre-t-on dans les allées du pouvoir. Le refus par le Togo de souscrire à la limitation des mandats présidentielle, à l’initiative de la CEDEAO fut le signe fort de cette radicalisation, au moment où des observateurs s’attendaient à un fléchissement du régime, désormais parmi les plus fermés du continent.
Sélom Klassou ou le retour au régime Eyadèma
Celui qui vient d’être nommé à la primature à Lomé est un homme bien connu des Togolais. Il fit ses écoles au Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) en se faisant remarquer très tôt au sein de la jeunesse estudiantine de ce parti (le MONESTO). Alors que certains apparatchiks étaient tentés d’abandonner le régime aux prises à de vives contestations au début des années 90, Klassou resta fidèle en soutenant sans ambages le général Eyadema. Il participa à la conférence nationale et occupa par la suite plusieurs postes de responsabilité soit comme ministre soit comme élu national. Sa nomination sonne comme une consécration mais aussi aux “valeurs” (ou anti-valeurs, c’est selon) qui ont permis au pouvoir RPT de conserver le pouvoir depuis si longtemps (1967).... suite de l'article sur Autre presse