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Agbéyomé Kodjo appelle à des investissements massifs en Afrique pour freiner l’immigration clandestine
Publié le mardi 9 juin 2015  |  Togo Breaking News


© aLome.com par Lakente Bankhead
Agbéyomé Kodjo ne sera pas candidat à la présidentielle 2015
Lomé, le 31 janvier 2015. Hôtel Sancta Maria. Investi comme Président de la formation politique OBUTS (Organisation pour Bâtir dans l`Union un Togo Solidaire) à l’issue d’un congrès de deux jours, Agbéyomé Kodjo a indiqué samedi dernier qu`il ne sera pas candidat à la présidentielle de cette année. L`ancien premier ministre a justifié son choix par la multiplicité des candidatures au sein de l’opposition.


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Après des études à Poitiers, Agbéyomé Kodjo a été dans son pays ministre de l'Intérieur, président de l'Assemblée et chef du gouvernement (de 2000 à 2002). Il a également dirigé le port autonome de Lomé, un des plus importants d’Afrique de l’Ouest. Dans une interview qu’il a accordée au journal Le Parisien, l’ancien Premier Ministre du Togo appelle les occidentaux à investir massivement en Afrique pour freiner l’envie des jeunes à tenter l’aventure de l’immigration clandestine. Togo Breaking News vous propose l’intégralité de l’interview.

Qu’est-ce qui pousse les migrants à quitter l’Afrique pour l’Europe ?

Agbéyomé Kodjo : D’abord et avant tout la misère. Il n’y a pas de travail pour la jeune africaine. Ou en tout cas, pas assez, même si dans certains pays, le taux de croissance est en hausse. La mauvaise gouvernance qui sévit un peu partout a fragilisé l’économie du continent. Quand vous habitez un village ou même une petite ville, la France, l’Italie, l’Union Européenne, cela fait rêver. C’est humain. Cela confère un statut social un peu différent. Vous devenez la fierté de votre famille.

Qui cela concerne ?

Un peu toutes les catégories sociales. Même les diplômés. Celui qui n’a pas de travail, qui est titulaire d’un doctorat et à qui l’on promet un passeport, un visa, tentera la traversée contre quelques centaines d’euros. Pourtant, cela se termine souvent dans le drame. Et ceux qui parviennent à rejoindre l’Europe, c’est pour vivre dans une chambre de bonne, de petits boulots. C’est moins exaltant que ce qu’ils avaient imaginé.

Alors que faire ?

Tout ne peut pas être réglé du jour au lendemain. La pression démographique en Afrique est énorme. Le Continent a dépassé le milliard d’habitants en 2010. On parle de 2 milliards en 2050, de 4 milliards en 2100. Il faut initier des politiques courageuses et volontaristes de contrôle des naissances. Mais cela ne suffira pas. On doit aussi investir massivement dans des projets économiques pour fixer la population sur place. Je pense en particulier à l’agriculture. Si le marché est mieux structuré, cela permettra à l’Afrique d’être autosuffisante sur le plan alimentaire et de créer un maximum d’emplois.

La Libye est un pays passoire. Quelle serait la solution ?

D’abord, je dirais qu’il fallait y penser avant. Eliminer Kadhafi et les structures de l’Etat libyen lors de l’intervention militaire de 2011 était une faute grave. A l’époque, nous, dirigeants africains, étions très réservés. Et la suite, nous a donné raison. Il y avait d’autres moyens de faire partir Kadhafi, le pousser à l’exil par exemple. Aujourd’hui, les milices et les trafiquants règnent et toute la région est fragilisée. Cela doit servir de leçon. Il y a d’autres pays en situation de fragilité : la Centrafrique, le Burundi. Il faut faire attention aux solutions trop radicales. Privilégier la stabilité et la sécurité. Car la guerre est aussi un facteur qui accroît mécaniquement le problème des réfugiés.

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