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Selom K. KLASSOU, nouveau PM : les raisons d’un choix
Publié le mardi 9 juin 2015  |  Focus Infos


© AFP par SEYLLOU
Ouverture de la 17ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d`Etat et de Gouvernement de l`UEMOA
Jeudi 24 octobre 2013. Dakar. Plusieurs chefs d`Etats sont arrivés à Dakar où ils prendront part à la 17ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d`Etat et de Gouvernement de l`UEMOA et au sommet extraordinaire de la CEDEAO.Photo :Faure, Gnassingbé, président de LOME


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Toujours placé jamais gagnant, le vice-président de l’Assemblée nationale, Elom Komi KLASSOU a « enfin » été nommé à la Primature pour succéder à Arthème AHOOMEY-ZUNU. Régulièrement cité depuis 2005 et l’arrivée au pouvoir de Faure GNASSINGBE pour prendre la tête du gouvernement, le natif de Notsé avait été jusque-là coiffé au poteau à l’heure du choix. Sa désignation qui est une relative surprise, s’explique en partie par son profil politique et ses qualités de négociateur.

Par décret signé du Chef de l’Etat Faure GNASSINGBE le vendredi 05 juin dernier, Sélom Komi KLASSOU, précédemment vice-président de l’Assemblée nationale a été nommé Chef du gouvernement. Il succède à Arthème AHOOMEY-ZUNU, un peu plus d’un mois après la réélection du président togolais, qui a obtenu 58,77% au cours d’un scrutin jugé crédible et transparent par les Nations Unies ainsi que l’ensemble des observateurs.

Le nouveau Premier ministre n’est pas un inconnu de la scène politique togolaise. Docteur en géographie, enseignant-chercheur à l’Université de Lomé (U.L), monsieur KLASSOU est originaire de la préfecture de Haho, dans la région des Plateaux au centre du pays, où se joue la plupart du temps l’issue des élections. Fidèle lieutenant de Faure GNASSINGBE, il fut son directeur de campagne lors du premier scrutin présidentiel auquel celui-ci a participé et emporté en avril 2005.

La cinquantaine entamée (il est né le 10 février 1960), le parlementaire a été membre du bureau politique du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) avant que celui-ci ne disparaisse au profit de l’Union pour la République (UNIR). en 2012. Ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports en 2000 sous l’ancien président feu Gnassingbé Eyadéma, il héritera du portefeuille des Enseignements primaire et secondaire lors du remaniement de juillet 2009, et y restera jusqu’en 2007. Elu député lors des législatives de cette année-là, il lui sera confié le poste de vice-président de l’Assemblée, qu’il conservera après le scrutin parlementaire de juillet 2013.

En nommant le député de Haho, Faure GNASSINGBE confirme une règle non écrite : celle qui veut que le Premier Ministre soit issu d’une des régions méridionales du pays ; qui a été toujours celle des Plateaux depuis son accession à la magistrature suprême. Hormis Edem Kodjo (2005-2006) et Yawovi AGBOYIBO (2006-2007) dont les nominations lui ont été imposées par les circonstances et le contexte : une période post électorale extrêmement tumultueuse pour le premier, l’APG pour le second.

Mais en même temps, pour la première fois, la nomination n’a pas été une grande surprise. En effet, si monsieur KLASSOU n’était pas le favori, il figurait tout de même sur la short-list qui circulait. Ce qui ne fut pas le cas d’un Komlan Mally en 2007, Gilbert HOUNGBO en 2008 ou AHOOMEY-ZUNU en 2012.

NEGOCIATEUR :

Si les pronostics annonçaient un Chef de gouvernement « technocrate », le numéro 1 togolais a préféré un profil davantage politique. Pour plusieurs raisons. D’abord, ce nouveau mandat sera celui de nombreuses réformes et mutations du système politique togolais, avec en arrière plan le renforcement et l’équilibre des institutions, de même que la consolidation du vivre ensemble, éprouvé pendant plusieurs années de tensions. En effet, depuis la signature de l’Accord Politique Global (APG) en 2006 à Ouagadougou (Burkina-Faso) entre les acteurs politiques togolais, qui a mis un terme à deux décennies de crise, la question des réformes constitutionnelles et institutionnelles agite le débat public et cristallise l’opinion. Pour beaucoup, il est important de revisiter les textes fondateurs du système politique en vue de trouver un meilleur équilibre à la jeune démocratie togolaise. Le 09 janvier dernier, un décret signé par Faure GNASSINGBE institue une Commission de réflexion sur les réformes politiques, institutionnelles et constitutionnelles au Togo. Préconisée par la huitième recommandation du Rapport de la Commission Vérité Justice et Réconciliation, elle a pour principale mission de proposer dans les meilleurs délais un texte de réforme politique, institutionnelle et constitutionnelle « qui tient compte de notre histoire, reflète nos réalités et répond aux aspirations les plus profondes du peuple togolais. Elle contribuera à insuffler une nouvelle dynamique au processus de réformes politiques, institutionnelles et constitutionnelles » peut-on lire dans le communiqué officiel du gouvernement.

Composée d’historiens, de personnalités politiques, de juristes, de sociologues et de représentants de la société civile dont l’expérience, la compétence et la connaissance profonde du Togo, seront mises à contribution pour parachever les réformes politiques, institutionnelles et constitutionnelles, la Commission est présidée par Madame Amadou Abdou-Nana Awa-Daboya, Haut magistrat, Médiateur de la République et ancienne présidente de la Cour de justice de la CEDEAO.

De fait, la mise en œuvre consensuelle de ses futures recommandations sera l’une des missions du nouveau gouvernement. Monsieur KLASSOU, dont la longue expérience politique, enrichie par ses connaissances des circuits administratifs et des arcanes décisionnels de l’exécutif, de même que sa maîtrise des procédures parlementaires, a de ce point de vue, emporté la décision de Faure GNASSINGBE.

Ensuite, le Chef de l’Etat avait besoin d’une personnalité pouvant faire preuve d’autorité et susceptible de rassembler davantage son propre parti souvent miné par des querelles de chapelle et des guerres de clans. Mais également de faire le lien avec les nombreuses formations politiques qui lui ont soit apporté leur soutien formel lors du scrutin du 25 avril dernier, soit exprimé leur disponibilité en cas d’ouverture politique. Pour y arriver, le profil du nouveau locataire de la Cité de l’OUA, capable d’écoute mais aussi de fermeté, considéré comme un cacique tout en entretenant de bons rapports avec l’ensemble de la classe politique, constitue véritablement un atout. Sa qualité d’orateur, doté du sens de la formule, ne sera pas non plus de trop.

Enfin, réputé fin négociateur et capable de synthèse, le pari du Chef de l’Etat togolais est que Sélom KLASSOU, l’un des représentants parlementaires africains dans les négociations Afrique Caraïbes Pacifique –Union Européenne ( ACP-UE), soit un interlocuteur efficace des syndicats et autres acteurs, face à la grogne sociale dans la fonction publique entretenue par la Synergie des Travailleurs du Togo ( STT) peu encline au dialogue. Ces mouvements, suspendus dans le cadre de la trêve électorale vont certainement reprendre dans les prochaines semaines.

HANDICAPS:

Le nouveau Premier ministre a les faiblesses de ses atouts. En effet, si son profil politique a joué dans son choix, il constitue justement la raison fondamentale des réserves que portent certains acteurs sur sa nomination. Du côté de l’ANC par exemple, on considère presque celle-ci comme un casus belli , la « manifestation d’un durcissement à venir » a confié un cadre du parti. Pour Jean KISSI, « la désignation d’un cacique du régime et d’un vieux baron même s’il n’a que la cinquantaine, est un retour au passé et un message de durcissement à l’endroit des adversaires politiques ». De fait , il est reproché à monsieur KLASSOU de ne pas être un homme d’ouverture et d’appartenir aux « faucons » et à la vieille garde de la majorité. Faux, rétorque son entourage qui fait valoir qu’il a « toujours entretenu de bonnes relations avec toute la classe politique, et s’était par exemple exprimé en faveur des réformes dont l’ANC a empêché la réalisation avec leur histoire de rétroactivité. »

L’autre point mis au débit de l’ancien directeur de campagne de Faure GNASSINGBE est qu’il n’est pas le technicien dont le pays a besoin à l’heure où celui-ci est en pleine relance économique. « On s’attendait dans le contexte actuel à un technocrate, type Houngbo » commente un membre de la Chambre de Commerce et de l’Industrie du Togo. Mais dans l’entourage du président, on estime que l’habit ne fait pas nécessairement le moine et qu’un Premier ministre doit être avant tout un « un travailleur, un bon manager , qui sait arbitrer, capable de synthèse et bien évidemment avoir la confiance du Chef de l’Etat ; le nouveau a toutes ces qualités » , y confie-t-on.

De fait, monsieur KLASSOU a été préféré à Djossou SEMONDJI, Ministre de la Planification, technocrate et pas très « politique » malgré son élection comme député en 2013. Il paierait aussi une santé fragile ; le Chef de l’Etat ayant été instruit par l’expérience AHOOMEY-ZUNU sur la question. Il a également devancé d’autres noms comme Robert DUSSEY, « pas intéressé par le poste et (qui) préfère être au service du Président ailleurs ». Ou encore Dédé Ahoéfa EKOUE qui aurait été la première femme à la tête du gouvernement mais qui a été combattue à cause de sa proximité avec la directrice de cabinet, Victoire DOGBE : « la ministre EKOUE à la Primature aurait renforcé l’influence politique de Mme DOGBE et cela ; certains ne le voulaient pas « nous a-t-on confié au siège d’UNIR. Le fait qu’elle soit originaire de la région maritime comme d’ailleurs DUSSEY, n’ a pas forcément milité en sa faveur ; la région des plateaux constituant jusque-là le vivier d’où sortent les premiers ministrables. Comme les « banquiers » Kossi ASSIMAIDOU, administrateur du Fonds monétaire international (FMI) à la retraite et Yawo Attigbé IHOU, directeur général de l’Union Togolaise de Banque (UTB), tous les deux également cités mais « appelés sans doute à jouer d’autres rôles. »

DEFIS.

L’ancien vice-président de l’Assemblée nationale aura pour tâche de consolider l’Etat de droit comme s’y est engagé Faure GNASSINGBE pendant sa campagne. Il devra garantir et renforcer le pluralisme politique, poursuivre la modernisation de la justice, restaurer la confiance entre la Nation et sa classe politique etc… Face aux menaces multiformes, notamment le terrorisme et la grande criminalité transfrontalière, le prochain gouvernement devra s’atteler à accorder une attention particulière aux forces de défense et de sécurité afin qu’elles assument pleinement et efficacement leur rôle de maintien de la paix, de défense de l’intégrité territoriale du pays et de sa stabilité. Sur le plan économique, les Togolais attendent une accélération de la croissance. Cela passera nécessairement par la création en masse des emplois, la poursuite de l’amélioration du climat des affaires, l’assainissement des finances publiques etc.
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