Togo - Dans une discussion bâtons rompus avec M.Bassabi Kagbara, le président du PDP, l’homme n’a pas sa langue dans sa poche. Icilome a fait le tour des sujets de l’heure avec M.Bassabi. Dans nos discussions, le président est allé loin pour trouver les raisons qui font que, les crises se multiplient au jour le jour au Togo.
"C’est plus la manière et les méthodes archaïques de gestion des revendications qui sont à la base des crises sociopolitiques au Togo" a déclaré Bassabi Kagbara. Lisez.
iciLome.com : Comment se porte le Parti Démocratique Panafricain ?
Bassabi Kagbara : Le Pdp se porte à merveille. Et je profite pour vous remercier (la presse) du travail formidable et citoyen que vous abattez pour l’instauration d’une société togolaise plus juste et plus respectueuse des droits et des devoirs aussi bien des citoyens que de ceux qui gouvernent depuis bientôt un demi-siècle.
iciLome.com : Un candidat de votre parti a été élu député lors du scrutin législatif du 25 juillet dernier, dans le Dankpen plus précisément. Il siège actuellement au Parlement. Dites-nous, quelle analyse faites-vous des premières sessions des députés à l’Assemblée nationale ?
Bassabi Kagbara : Quatre mois après les législatives du 25 juillet dernier, il s’imposait de savoir comment l’opposition a géré ces élections, au vu de ce qui en est issu. On doit surtout réfléchir sérieusement à comment mieux appréhender la lutte au lieu de gaspiller nos énergies, de nous autodétruire en laissant le boulevard au régime quarantenaire lui permettant ainsi de continuer ses abus sans une stratégie dissuasive en face. Ceci dit, vous ne pouvez pas imaginer que pour des villages de 100 habitants on s’est retrouvé avec des listes allant jusqu’à 600 électeurs. Un phénomène qui a été typique dans le septentrion national notamment dans toutes les localités que le pouvoir sait acquises à l’opposition. La solidarité et l’union ont manqué à toute l’opposition et ce, malgré les deux grands regroupements que nous avons présenté à ces élections. Voilà le malheur du peuple togolais. Mais jusqu’à quand ? Quand je pense surtout à nos frères du nord au sud , de l’Est à l’ouest m ais surtout dans le septentrion où la misère est ambiante , libérer ce vaillant peuple de cette situation est le dernier souci du pouvoir quarantenaire.
Pour revenir au parlement en place, j’estime qu’en trois mois de vie les députés pouvaient faire mieux que le bilan établi à ce jour. La majorité parlementaire Unir a choisi délibérément de bloquer le processus devant conduire à la répartition des commissions. Malheureusement il y a une frange de l’opposition qui l’a aidé dans cette posture. Si l’opposition avait su s’entendre au-delà des intérêts partisans et des vaines vanités pour gérer avec sérénité ce problème, on n’aurait pas perdu autant de jours sur cette simple question de répartition des commissions. La conséquence de tout ceci est que le budget 2014 n’est pas encore adopté à ce jour. J’espere que ce sera fait à temps afin que les togolais sachent ce que l’Etat veut dépenser pour leur bien être et la construction du pays en 2014.
Icilome.com: L’actualité sur le plan social, c’est la paralysie des activités scolaires depuis la rentrée, avec les enseignants qui lancent des mots d’ordre de grève répétitifs, conséquence de la non satisfaction de leurs revendications axées principalement sur des primes. Quel commentaire en faites-vous ?
Bassabi Kagbara: C’est dommage qu’au moment où leurs camarades des pays voisins sont en classe préparant leur avenir, c’est l’ennui qui est offert aux jeunes togolais les conduisant à la ruine morale, juste parce que l’Etat n’a pu assumer ses responsabilités à temps. Les revendications des enseignants ne datent pas d’aujourd’hui et j’avais cru que les états généraux de l’éducation annoncés en Avril dernier par le chef de l’Etat seraient une occasion par excellence pour le pouvoir de régler de façon efficace et responsable ce problème pour une bonne fois et de façon durable. Mais dommage ! On a préféré sacrifier l’avenir de la jeunesse togolaise en laissant la crise surgir et s’installer.
iciLome.com : M. Targone, membre du PDP, député à l’Assemblée nationale, a fait l’objet d’une affectation dans le cadre de sa profession. Votre parti a protesté contre cela. Qu’en est-il exactement ? La situation s’est-elle régularisée ?
Bassabi Kagbara : Effectivement nos militants sont victimes d’un harcèlement, de chantages et d’intimidation de tout genre, visant à les décourager dans leur détermination. Cela ne date pas d’aujourd’hui. C’est depuis 2006, soit, juste un an après que le PDP ait été créé. Le harcèlement est accentué surtout dans le nord du pays, notamment dans les préfectures de Dankpen, de la Binah et de Tone. Nos militants enregistrent jusqu’à 6 affectations en 3 ans. Est-ce que c’est normal ? Le phénomène était arrivé à son comble au lendemain des législatives du 25 juillet dernier. Plus de 12 enseignants militants mutés dont notre député. Nous avons alors saisi le ministre de tutelle. C’est suite à cela sans doute qu’à ce jour aucun des enseignants mutés n’a quitté son poste. Mais nous restons vigilants.
iciLome.com : Quelle solution préconisez-vous pour sortir de la crise que traverse l’éducation scolaire ces dernières années ?
Bassabi Kagbara : En ce qui concerne les revendications objet de la crise actuelle, je crois que les enseignants sont conscients qu’ils ne pourront pas tout obtenir.
Ils sont eux-mêmes des citoyens patriotes et réalistes face aux souffrances de leurs propres enfants, parents et autres victimes. Ceci dit il revient au pouvoir de leur offrir quelque chose d’acceptable et je crois que les cours pourront reprendre dans la quiétude.
C’est plus la manière et les méthodes archaïques de gestion des revendications qui sont à la base des crises sociopolitiques au Togo. Les dirigeants sont arrogants, insensibles et indélicats à l’endroit des victimes du système qu’ils traitent souvent avec mépris. Voilà le problème !
iciLome.com : Les élections locales, vous en avez fait une priorité au niveau de la Coalition « Arc-en-ciel ». Mais à bien lire entre les lignes des propos du ministre Bawara, ces élections n’auront probablement pas lieu avant la fin de cette année. A votre avis, quelles sont les raisons qui expliquent le retard dans l’organisation des élections locales ?
Bassabi Kagbara : C’est la mauvaise volonté tout simplement. Et la peur de perdre ces élections en l’état actuel.
iciLome.com : Vous affirmez que le pouvoir a peur de perdre le contrôle des municipalités et des communes en organisant ces locales ?
Bassabi Kagbara : Bien sûr ! Quand vous prenez les résultats des dernières législatives, le pouvoir a été laminé dans les zones urbaines et cela va de soi. C’est plus facile de manipuler des populations qui n’ont pas accès aux canaux modernes d’informations et de formation que celles des milieux urbains qui sont plus éclairées, averties. Ils sont conscients de cela. Mais nous n’allons point les laisser reporter indéfiniment le scrutin qui va réellement confier aux togolais le pouvoir de décider de leur sort dans leur milieu immédiat. Je crois que les partenaires sont aussi dans cette dynamique. Et c’est l’image du Togo qui risque encore, si le gouvernement s’entente à jouer à ce cache-cache interminable.
iciLome.com : La prochaine élection présidentielle, c’est en 2015, dans moins de deux ans. Comment la préparez-vous ?
Bassabi Kagbara : Il y a d’abord des préalables à réaliser avant ce rendez-vous, notamment les reformes constitutionnelles et institutionnelles. Je crois que cela décidera pour beaucoup de l’intérêt que suscitera ce scrutin à venir.
Pour nous au Pdp, la priorité ce sont les élections locales car elles seules permettent la gestion économique et socioculturelle et surtout la sauvegarde de la démocratie à la base ainsi que la protection de l’environnement écologique qui constitue le problème primordial d’avenir pour la survie de l’humanité tout entière.
iciLome.com : Serez-vous candidat ?
Bassabi Kagbara : Je ne me suis pas encore posé cette question.
iciLome.com : Croyez-vous en une candidature unique de l’opposition pour réaliser l’alternance en 2015 ?
Bassabi Kagbara : Je me suis toujours battu pour ça. Mais la réalité est que tout le monde crie candidat unique mais au même moment chacun veut que ce soit lui, ce candidat. Je crois que c’est ça en fait le problème de l’opposition togolaise. Et comment le résoudre est ma profonde interrogation.
Que Dieu bénisse et libère le Togo !