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TOGO/Crise postélectorale: l’opposition ne capitule pas
Publié le samedi 13 juin 2015  |  Diasporas News


© aLome.com par Parfait
1ère marche de contestation par CAP 2015 de la réélection de Faure Gnassingbé dans les rues de Lomé
Lomé, le 16 mai 2015. De Bè-Gakpoto à Akassimé, la mobilisation du CAP 2015 a encore fait parler d`elle. Loin d`être massive, elle a tout de même démontré la détermination du CAP 2015 et de ses leaders à ne pas lâcher le morceau.


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Togo, l’histoire bégaie. Le cycle élection-contestation-violence-dialogue a recommencé. Malgré les nombreuses félicitations des pays amis et de la diplomatie occidentale adressées au président réélu Faure Essozimna Gnassingbé à l’issue du dernier scrutin, l’opposition ne capitule pas.

Plus d’un mois après la présidentielle du 25 avril dernier qui a consacré la réélection de Faure Essozimna Gnassingbé, la principale coalition de l’opposition ne change pas de direction. Elle refuse toujours de reconnaître les résultats et dénonce un «putsch électoral ». Dans un courrier adressé à l’OIF (Organisation internationale de la francophonie), au lendemain du scrutin, le candidat du CAP 2015 (Combat pour l’Alternance politique en 2015), Jean-Pierre FABRE, a demandé le retour à Lomé des experts de la francophonie pour parachever leur mission entamée auprès de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) dans la compilation et le traitement des résultats. La réponse à cette requête attendue depuis le 15 mai et qui a été finalement donnée une semaine après, n’a pas été favorable.

Dans son courrier-réponse, l’OIF a indiqué qu’elle ne pourra plus revenir surtout que les résultats définitifs ont été déjà donnés par la Cour Constitutionnelle.

Elle promet, néanmoins, que ses observations feraient l’objet des recommandations qu’elle remettrait à l’État togolais. Que se passera t-il désormais? La question préoccupe.

La surprise

Jointe au téléphone par Diasporas-news, le 24 mai dernier, la présidente du CAP 2015, Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson a confié que « le combat continue et il faut le mener ». « On n’a pas le choix ; on ne peut pas accepter le statu quo. On ne va pas baisser les bras, parce que l’OIF ne veut pas revenir ; d’autant plus qu’elle reconnaît qu’il y aura des choses à faire dès que le rapport de mission de ses experts lui sera parvenu. Pour nous, ça veut dire qu’elle reconnaît quand même qu’il y a eu des choses anormales. Nous, nous voulions une instance neutre devant laquelle déposer les preuves et démontrer pourquoi nous disons que c’est notre candidat qui a gagné. On n’y a pas renoncé, on continue de réclamer la vérité des urnes jusqu’au moment où nous aurons réussi», a-t-elle rassuré. L’UNIR (Union pour la République), le parti au pouvoir, lui, ménage ses montures, force et peut compter sur « la complaisante de la diplomatie occidentale ».

L’homme «faure» de Lomé réélu selon les résultats officiels à 58,77% des suffrages contre 35,19% attribués à son principal challenger M. FABRE, après sa prestation de serment le 4 mai devant la Cour Constitutionnelle, attend son investiture déjà reportée à plusieurs reprises. L’Alternance que veulent les 85% de Togolais, selon l’institut de sondage Afro baromètre, se lit visiblement en pointillé. Jean-Pierre FABRE et les siens ne risquent-ils pas de reproduire le schéma de 2010 ?

«Absolument pas ». Les responsables du CAP 2015 qui croient tirer « les leçons des expériences passées », se disent plus sereins et optimistes. Ils comptent sur la détermination et la mobilisation de leurs militants et sympathisants très remontés contre le «forcing » de la CENI pour créer la surprise. Mais, ont-ils les coudées franches pour arracher et obtenir la « victoire volée » et réaliser enfin l’alternance tant souhaitée au Togo ? Jean-Pierre FABRE et les siens y croient dur comme fer. «On va utiliser d’autres stratégies. Pour nous, il n’est pas question de capituler », indique Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson.

Et d’ajouter : « Ce pays doit être libéré. Ce qui s’est passé la dernière fois (la proclamation des résultats au soir du 28 avril dernier par Taffa TABIOU, (Ndlr) n’était pas du tout quelque chose d’anodin. C’est un événement qu’il faut savoir décoder et qu’on ne peut pas malheureusement commenter de la même façon quand on s’exprime en public que lorsqu’on réfléchit en milieu clos ».

Dans la rue, la contestation de la réélection se poursuit, mais sans effet escompté pour l’instant. Son échec pourrait risquer d’écorner l’image des leaders de cette coalition, à en croire plusieurs observateurs avisés de la scène politique togolaise. Puisque selon eux, quitter le chemin de la contestation électorale pour réévoquer les questions des réformes serait ressenti comme un aveu.

Face à une opposition divisée, le « troisième mandataire » continue sa route avec visiblement le rêve de faire un bail à vie. La coalition nationale des organisations de la société civile et des partis politiques qui réclamait les réformes avant toute élection, depuis le « hold-up », est toujours restée silencieuse et regarde de loin.


Certains partis politiques de l’opposition continuent de griller leurs compagnons de lutte qui ont pris part à cette présidentielle sans pour autant trouver de nouvelles recettes pour briser la chaîne de la continuité. Le CAR (Comité d’Action pour le Renouveau), propose un alternatif : la méthode du dialogue. Sauf que des 22 engagements à l’Accord politique global en passant par l’accord-cadre de Lomé, plusieurs dialogues ont eu lieu sans pour autant faire bouger les lignes du statu quo. La dernière en date, le dialogue Togo télécom II tenu en 2014 a abouti à un échec.


Pour l’instant, on est dans l’expectative. Alors qu’à l’horizon, s’annoncent d’autres élections notamment les locales, et les législatives d’ici 2017, l’alternance et les questions des réformes demeurent incertaines. La seule certitude, la continuité du système « Faure ». Et on vient de le constater au sommet de la CEDEAO à Accra.
La comédie.

Faure Essozimna GNASSINGBE et son « sosie » de Gambie Yahya JAMMEH s’opposent à la limitation du mandat présdidentiel dans l’espace ouest africain en refusant de signer le protocole de la bonne gouvernance de la CEDEAO.

Et là aussi, la réaction du CAP 2015 a été sans ambages. «C’est le coup de force qui se prolonge et qui est confirmé. On a un régime qui ne veut pas du tout envisager l’alternance. Il n’est pas question pour lui de parler de limitation du mandat présidentiel. C’est quelque chose d’inadmissible. Ce régime vient de montrer que c’était de la comédie l’impression qui a été donnée qu’on voulait faire les réformes.

C’est triste comme palmarès que le Togo s’aligne sur la même position avec la Gambie, une des pires dictatures de la sous-région », s’est révoltée la présidente du CAP 2015.

Dans un récent rapport de « Tournons la page », une Coalition internationale des organisations de la société civile, le Togo est classé première dictature en Afrique, derrière lui le Gabon.


«88% des Togolais et 87% des Gabonais n’ont jamais connu qu’une famille au pouvoir », lit-on dans ce rapport. Le Togo pourra-t-il tourner la page de la dictature comme au Burkina Faso et rejoindre le Ghana, le Bénin, pays avec qui, il partage les frontières ? En tout cas, pour l’opposition « C’est aux Togolais de prendre leur responsabilité ».

Pierre-Claver KUVO

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