Togo - Lomé, la capitale de ce petit Etat de 7 millions d’habitants, est en pleine transformation.
Le Togo a fait sien le slogan de l’Ecobank, le plus grand établissement bancaire national qui est aujourd’hui implanté dans 33 pays africains et s’affirme comme, "une banque panafricaine". Ce petit pays de 7 millions d’habitants dirigé par la famille Gnassingbé depuis 1967 - le fils a succédé au père en 2005 - se rêve en effet comme la nouveau noeud de communication africain.
Pour Gervais Djondo, le fondateur de l’Ecobank âgé de 81 ans, l’amélioration des infrastructures et des services est la clé pour transformer le puzzle ouest-africain fait de micros-Etats depuis la fin de l’époque coloniale. "Le pan-africanisme commence avec la mobilité des Africains. Si nous voulons faire du business, nous devons faciliter les mouvements humains", confie t-il dans une interview accordée à l’agence de presse Reuters.
Un port en plein boom
Ce discours un tantinet théorique s’ancre dans la réalité à Lomé, la capitale du Togo. À l’aéroport, des ouvriers terminent la construction d’un terminal flambant neuf qui doit augmenter de manière spectaculaire la capacité de cette plate-forme aérienne d’Afrique de l’Ouest en plein boom grâce notamment au développement rapide de la compagnie togolaise Asky, qui propose des vols low-costs à destination de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest et centrale.
Dans le port de Lomé, qui donne sur le Golfe de Guinée, des dizaines de grues s’élèvent dans le ciel au-dessus des ports-conteneurs, qui débarquent là leur marchandise et viennent toujours plus nombreux grâce notamment à la haute sécurité des lieux en comparaison des ports nigérians. L’année dernière, un nouveau terminal portuaire exploité par le Terminal Invesment Limited et le China Merchants Holdings International a vu le jour à Lomé.
Selon un analyste de Protection Group International, le port de Lomé avait déjà accueilli à la mi-avril, 58 bateaux de plus que lors de toute l’année 2014. Une belle performance.
"Nous avons toujours les poches vides"
En 2014, le taux de croissance du PIB togolais s’est élevé à 5.5%. Les prévisions du Fond monétaire international font état d’une légère accélération à 6% cette année. À Lomé, le climat pour les affaires s’améliore. Dans son dernier classement des pays les plus accueillants pour le business, la Banque mondiale a hissé de 15 places le Togo.
"Si tu es un tout petit pays, tu dois faire quelque chose pour exister", raconte un diplomate installé dans la région et cité par Reuters. "Gnassingbé pense qu’il doit faire pour le Togo ce que Lee Kuan Yew (ancien premier ministre singapourien) a fait pour Singapour. Mais le chemin est encore long." En effet, près de 58,7% de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté selon les chiffres de la Banque mondiale, contre 61,7% en 2006.
Dans le port de Lomé, le miracle économique ne profite pas à tout le monde. Les centaines de jeunes hommes qui dorment en rangée sur des bancs en bois en attendant de dégoter un job de docker à la journée ne sont payés que l’équivalent de 4.35 dollars pour des journées de travail de huit heures.
"Nous avons vu des gens prendre leur retraitre après 35 années de travail à temps partiel. C’est déprimant", souligne Yacynthe, un docker. "J’ai vu des gens à la télévision qui parlent du port, mais nous les dockers nous avons toujours les poches vides. Sur le terrain, nous ne sentons pas l’effet des investissements."