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La mystérieuse disparition de Faure Gnassingbé en cinq questions réponses
Publié le jeudi 18 juin 2015  |  Afrika Express


© aLome.com par Dodo Abalo
Prestation de serment de Faure Gnassingbé pour un nouveau quinquennat
Lomé, le 4 mai 2015. Hedzranawoé, Salle des fêtes de la Nouvelle Présidence. Audience solennelle de prestation de serment de Faure Gnassingbé, en présence de l`un des candidats perdants au scrutin présidentiel, Gerry Taama.


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Le président togolais, Faure Gnassingbé, n’a plus fait d’apparition publique, depuis plusieurs jours. Il a même manqué le dernier sommet de l’Union africaine (Ua) de Johannesburg, en Afrique du sud.

Même s’il n’est pas évacué à la suite d’un accident cardio-vasculaire (Avc) comme l’affirment les rumeurs, Faure Gnassingbé, aux dernières nouvelles, jouit d’une santé chancelante. Il reçoit exceptionnellement, appelle encore quelques-uns de ses collaborateurs mais évite de faire une parution publique à cause de son état physique. Rabougri et pâle, il préfère s’enfermer en attendant de retrouver sa pleine forme. Sur le même sujet, lisez : Faure Gnassingbé évacué vers l’Italie, la présidence réagit, le dessous d’une machination qui se répète.


A bord de l’Airbus A340-300 de la compagnie Air France qui atterrit ce mardi soir à Lomé, une femme pas comme les autres. Cina Lawson. Ministre togolaise de la télécommunication, elle a dû modifier dans la précipitation son billet retour pour se rendre à Lomé. Motif ? Le président de la République ''a envie de la voir''. Au gouvernement depuis bientôt 5 ans, cette belle femme originaire du sud-est du pays, flirte avec le jeune chef de l’Etat qui ne pète pas forme, selon une source concordante. «


''Avec la campagne électorale et les incessants déplacements, l’autorité [Faure Gnassingbé, NDLR] a perdu plus de 15 kg. Il se remet peu à peu et retrouve progressivement la santé », affirme la source sous couvert de l’anonymat.

Comme Cina Lawson, les visites du président sont sélectionnées et uniquement à sa demande. A l’exception de Sabine Mensah, sa mère qui le voit presque tous les jours, le président malade mène une vie solitaire et se refuse à aller se soigner à l’étranger. « Je vous dis que son état s’améliore. Ne me demandez pas quand il apparaîtra en public », poursuit la source, un zeste agacée. Qu’est-ce qui se passe exactement dans ce pays atypique? La réponse est cinq questions.

Faure Gnassingbé est-il malade ? Plusieurs de ses intimes collaborateurs confirment l’information. Faure Gnassingbé ne va pas bien. « Normal » défend l’un de ses conseillers, « il sort d’une campagne électorale éprouvant« . Comme s’il était le seul candidat au scrutin. Ayant été, durant la période électorale, secoué par d’intempestifs vertiges, le président togolais a dû s’envoler, en pleine campagne, pour Paris où il a dû recevoir un «bon dopage», des soins sporadiques pour se requinquer. Depuis, l’homme « Faure » de Lomé ne va plus presque au bureau et se contente de gérer le pays au téléphone.



1- Faure est-il malade? Cancer de la gorge, infection sanguine qui le soumet à des vertiges anormaux et à de fortes douleurs dans le bras gauche, mystérieuse maladie qui perturbe son immunité. Faure Gnassingbé est accablé de maladies, selon la presse locale. En l’absence de toute preuve, il est judicieux de dire que le stress sinon la dépression précédant la campagne électorale ne lui a pas rendu service. Depuis le scrutin, il se fait rare et, selon un de ses proches, se contente de soins à domicile. En effet, Faure Gnassingbé n’a pas procédé à des consultations directes dans le cadre de la nomination du Premier ministre. Il s’est essentiellement entretenu au téléphone avec Gilbert Houngbo, ancien chef du gouvernement qu’il a failli reconduire à la Primature avant d’en être dissuader par les « exigences fantaisistes » de ce dernier. Chose exceptionnelle, Faure Gnassingbé et Selom Komi Klassou le nouveau Premier ministre, n’ont toujours pas eu de rencontre officielle, depuis la nomination de ce dernier, le 5 juin dernier. A l’heure actuelle, s’il n’est pas dans un état « très » grave, le président togolais n’est pas suffisamment en forme pour faire des apparitions publiques. Tenant à son image et craignant pour la fragilisation de son autorité, il s’est recroquevillé dans un silence « mortel » sans en être encore décédé.


2- Pourquoi n’est-il pas allé en Afrique du Sud ? Faure Gnassingbé a été rassuré qu’il se porterait mieux avant le jour J pour se rendre au XXVe sommet de l’Ua, à Johannesburg. Il faut reconnaître que le président togolais raffole de ces rendez-vous, occasion pour lui d’échanger avec certains de ses pairs et surtout, « d’exister » comme chef d’Etat. Mais à la veille de son départ, le médecin a préféré qu’il se maintienne « en soins et au repos » alors même que Faure Gnassingbé qui tient beaucoup à son apparence n’a pas voulu afficher, au grand jour, une mine des mauvais jours. Il a été demandé à Robert Dussey, de le représenter. Même le ministre des Affaires étrangères n’ pas pu le voir pour recevoir « les consignes » de cette mission un peu spéciale. Il est parti à l’improviste. Quelques jours avant le sommet, démentant un confrère qui a évoqué l’évacuation, du président, le directeur de la communication avait prévenu qu’il « se rendrait en Afrique du Sud », puisque le président le lui a dit au téléphone deux jours avant. Mais son état ne le permettant pas, Faure Gnassingbé n’a pas quitté Lomé. Il continue tout de même, malgré son état, de faire quelques consultations pour composer son gouvernement alors que l’équipe sortante ne gère que les affaires courantes.


3- Est-il à Lomé ? Oui, à l’heure actuelle, le président togolais est en son domicile de Lomé II où il se repose. Il reçoit quelques visites. Il a pu s’entretenir avec son Premier ministre sortant sans pouvoir, jusque-là, recevoir l’entrant, Komi Selom Klassou avec qui il s’est entretenu quelques fois au téléphone. Il a aussi reçu certains proches collaborateurs comme Gilbert Bawara et s’est longuement, hier lundi soir, entretenu avec Ingrid Awadé. Cette dernière n’ayant pas eu de nouvelles du président, a commencé par s’inquiéter. Depuis l’élection présidentielle, Faure Gnassingbé qui a été proclamé vainqueur par une Ceni (Commission électorale nationale indépendante) à ses bottes, ne s’est rendu au bureau que très rarement, souvent dans la nuit et pour de courtes durées. Il est donc chez lui au moment où nous mettons cet article en ligne et cherche le bon moment pour faire une apparition. « Sans doute le 27 juin, jour de son investiture« , espère l’une de ses sœurs avec qui nous avons pu nous entretenir. Une investiture sans cesse reporté à cause de l’état de santé du président togolais.



4- Qu’en disent les chancelleries ? Pas grand-chose. L’ambassadeur de France à Lomé s’est inquiété dans une note diplomatique de « la disparition du président » et a demandé une audience restée sans suite. A l’ambassade d’Allemagne, le sujet ne fait objet d’aucun écho particulier. « L’ambassadeur travaille plutôt sur la période postélectorale« , selon une source crédible. Les Américains auraient été les premiers à se rendre compte de la dégradation de l’état de santé de Faure Gnassingbé. Mais, certains que le président s’en remettra, les diplomates occidentaux accrédités au Togo ne veulent pas se mordre les ongles à spéculer sur son absence et sa succession. « C’est la troisième fois en dix ans que le président togolais a été sérieusement secoué par la maladie« , affirme une source proche de l’ambassade des Etats-Unis au Togo. Son état de santé ne fait donc pas encore jaser dans les chancelleries.



5- Quand pourra-t-il être vu ? Il est gêné par son propre silence et aurait souhaité faire une apparition publique. Il devrait attendre encore quelques jours pour aller mieux. Son investiture serait pour lui l’occasion rêvée mais au siège de son parti, Unir, on doute qu’elle se tienne le 27 juin comme prévu, alors que le président togolais y tient. Le 06 juin, jour de ses 49 ans, le président togolais qui traitait une malaria « résistant » s’est contenté d’un repas préparé par sa mère et a reçu quelques amis intimes. S’il repousse encore son investiture au-delà du 27 juin, les rumeurs les plus folles s’amplifieront et son service de communication, approximatif si ce n’est incohérent, aura du mal à faire face à une presse locale qui colporte allègrement les rumeurs.

Fils de l’ex dictateur Gnassingbé Eyadema auquel il a succédé, Faure Gnassingbé est plutôt un président qui affronte plusieurs maladies et ne respecte pas les consignes d’abstinence par rapport à l’alcool. « Il se passe rarement de quelques coupes de champagnes » au quotidien alors que le médecin lui a recommandé « des consommations occasionnelles d’alcool ». Réélu lors de la présidentielle du 25 avril dernier grâce à des fraudes massives et des irrégularités frappantes, Faure Gnassingbé a du mal à faire les réformes comme l’exigent l’APG, « Accord Politique Global» signé en août 2006.


Erratum : Dans notre précédent article consacré au même sujet, nous avons écrit que Faure Gnassingbé s’est rendu à Rome pour le sommet de la FAO. Après vérification, le président togolais n’a pas fait le déplacement de la capitale italienne. L’équipe de la télévision nationale dépêchée sur place a dû rebrousser chemin et Faure Gnassingbé a été représenté à ce sommet par le ministre de l’Agriculture, Ourokoura Agadazi. Nous nous excusons pour cette erreur.


MAX SAVI Carmel, Paris, France Edem ASSIGNON, Paris, France
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